Il a fait les beaux jours du Sunrise et de la sélection mauricienne. Aujourd’hui, il s’est reconverti en formateur en mettant sur pied une académie en Afrique du Sud. Outre son vécu, l’ex-footballeur parle du retour des clubs historiques.
Que fait Jean-Marc Ithier dans la vie loin de Maurice ?
J’opère dans le secteur touristique, et suis engagé dans le football à Cape Town. Cela fait trois ans que j’ai lancé le Jean-Marc Ithier Football Club and Academy dans un pays où j’ai terminé ma carrière de footballeur.
Pourquoi avoir lancé une telle académie de football en Afrique du Sud ?
C’était mon rêve de travailler avec les jeunes, car je n’en ai jamais eu l’occasion, surtout en ce qui concerne le développement. J’ai vu aussi, qu’ici, ils ne se concentrent pas trop sur le développent des jeunes et j’ai pensé que je pourrais faire la différence en partageant mon expérience et redonner ainsi au football tout ce que j’ai appris.
Comment ça fonctionne
et ça touche qui ?
Ça se passe très bien en ce moment, et on a progressé énormément pendant ces trois dernières années. On touche toutes les régions de Cape Town et aussi
tous ceux qui sont intéressés et passionnés par le foot.
Est-ce que le but recherché a déjà été atteint ?
Définitivement, on est sur la bonne voie, car on a même surpassé les objectifs pour les cinq premières années.
Quel sont les projets ?
Il y a plusieurs projets, mais on se concentre sur deux types de progrès : l’individu ou l’athlète lui-même et l’équipe. Si tout se passe bien, on va exporter notre premier joueur sur L’Europe, en mars de l’année prochaine, et il y a plusieurs jeunes qui sont très prometteurs aussi. En ce qui concerne nos équipes, on essaie de pousser l’équipe première vers l’élite et on travaille en ce moment avec une équipe de quatrième division pour essayer de monter en division 3.
Est-ce que vous avez des projets pour Maurice ?
J’ai tout le temps eu Maurice en tête quand je travaille sur des projets de foot. Je veux établir des échanges avec les écoles de foot à Maurice et peut-être recevoir les jeunes talents de l’ile. En juillet de cette année, il y avait les deux frères Ferré qui sont passés près d’un mois chez nous, et je pense qu’ils en sont sortis grandis.
Je veux me servir de mon école de football comme plate-forme pour les jeunes Mauriciens qui veulent devenir pros, car on est en contact avec la France par Désiré Periatambee et la Belgique à travers Willy Vincent. Je veux aussi organiser des tournois de foot entre Cape Town et Maurice.
Est-ce que l’académie peut accueillir des jeunes Mauriciens ?
C’est notre but, à long terme, mais pour le moment on essaie de voir les possibilités d’hébergements et d'études pour les jeunes qui sont intéressés.
Pourquoi ne pas lancer une telle structure à Maurice à l’intention des Mauriciens et des Rodriguais ?
Les premières bases sont déjà en place pour aller dans cette direction pour Maurice et Rodrigues.
Peut-on dire, qu’à travers cette académie, vous être en train de redonner au foot ce que le foot vous a donné dans la vie?
C’est le but, car je veux partager ce que j’ai reçu de mon parcours en foot.
Est-ce que vous suivez l’actualité footballistique de Maurice?
Oui, un peu, à travers l’internet et Facebook. Mais je pense qu’on aurait pu faire mieux en termes de marketing.
Y a-t-il un footballeur mauricien qui vous a tapé dans l’œil ?
Excusez-moi, mais je n’ai pas suivi au point de mentionner quelqu’un.
Comment voyez-vous l’évolution de cette discipline à Maurice?
Je ne sais pas trop comment ça se passe dans l’île, mais je pense il faut avoir un plan sur au moins cinq ans, et une structure en place. Ça c’est le point de départ si on veut faire bouger le foot dans l’île.
Quelles sont les choses à revoir ou à améliorer ?
Je ne sais pas ce que les autorités responsables planifient, mais, tout commence en haut et ça s’infiltre en bas après. Le management est crucial.
On annonce le retour des clubs historiques, tel le Sunrise, dans les compétitions nationales, est-ce une bonne chose selon vous?
Je pense que oui, mais là aussi il faut avoir un plan d’action comme je viens de mentionner.
Croyez-vous que si on était resté à l’ancienne formule, le Sunrise ou un club mauricien aurait pu remporter la Ligue des Champions africaine ?
Là je vais vous citer une phrase d’un grand bonhomme d’ici qui est Nelson Mandela: «Everything seems impossible until it is done.» Donc je pense que oui, car à l’époque du Sunrise, on faisait trembler les grandes équipes comme Zamalek et Nkana Red Devils qui avaient déjà remporté cette compétition. La réponse à votre question est oui, on aurait pu remporter la Ligue des Champions version africaine.
De terreur à entraîneur
Reconversion. Jean-Marc Ithier a fait trembler bien des défenseurs à l’époque où il était footballeur. Ce robuste attaquant fit parler de lui sous les couleurs du Sunrise, après un passage au sein de la Police, et son association avec l’autre terreur des surfaces qu’était Ashley Mocudé, alias Mr But, faisait voir de toutes les couleurs aux équipes locales et africaines.
Jean-Marc Ithier, né à Rodrigues, a évolué avec le Sunrise pendant onze ans, où il a été sacré champion de Maurice en 8 occasions. En 1999, il rejoint le FC Santos en Afrique du Sud où il remporte des trophées. Il raccroche ses crampons en 2006 pour devenir assistant entraîneur de Santos et puis du Boebie Solomons. Une expérience de courte durée avant qu’il décide de se mettre à son propre compte.
C’est ainsi que l’ex -star du football mauricien lance le Jean-Marc Ithier Soccer Academy en 2010 pour donner la chance aux jeunes de goûter à une carrière de professionnel. Plusieurs tranches d’âge sont touchées et l’académie opère dans un cadre très structuré (comprenant assurance médicale, kits d’entraînement, entre-autres) avec des sessions d’entraînement qui se déroule au Pinelands High School. Depuis sa création, l’académie a remporté plusieurs compétitions. Un rapport personnalisé de chaque joueur est effectué deux fois l'an.
Pour de plus amples informations sur le Jean Marc Ithier Soccer Academy cliquer sur (http://www.ithier-soccer.com/)
Expérience vécue
Au service des Mauriciens. Deux de nos compatriotes ont pu intégrer le Jean-Marc Ithier Football Club and Academy. Il s’agit de Mel et Jason Ferré, deux grands espoirs du football mauricien. Les Ferré ont remporté la médaille d’or lors du tournoi de la CJSOI avec la selection de U 17, sans oublier que le jeune Jason a été élu meilleur footballeur lors du tournoi MCB cette année.
Ils ont eu l’occasion de passer quelques semaines au sein de cette académie en août dernier. « C’est après le tournoi de la CJSOI que nous sommes rendus en Afrique du Sud grâce à nos parents. Le stage s’est très bien passé, car on a vécu une expérience unique et formidable. L’entraînement n’est pas le même qu’à Maurice. Là- bas c’est plus dur, d’autant qu’il faisait très froid à Cape Town. On est heureux d’avoir pu côtoyer des joueurs d’un autre niveau. Nous avons eu trois sessions d’entraînement par semaine avec des matchs les samedis. Tout se déroule dans le professionnalisme. Je pense qu’un passage, dans un telle structure, va aider les jeunes à réussir à faire une bonne carrière de footballeur», raconte l’aîné des Ferré, Mel.
Lui et son frère espèrent pouvoir faire le déplacement l’année prochaine pour un autre stage. Ils comptent sur leurs parents qui ont financé ce stage. « J’ai des proches qui vivent en Afrique du Sud et m’ont présenté à Jean- Marc Ithier. Ce dernier a été enthousiasmé pour accueillir mes deux fils, qui veulent réussir en football. On a eu de bons feed-back auprès de Jean-Marc Ithier sur la prestation de Mel et Jason », ajoute Mel Sr, le père des jeunots qui fréquentent le Lycée Labourdonnais.
Les frères Ferré ont montré la voie. D’autres jeunes peuvent suivre leur pas. Il faudrait un budget avoisinant Rs 70 000/75 00 pour qu’un jeune puisse suivre ce stage en terre sud-africaine.