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Le nouveau challenge de la Plateforme citoyenne

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Les principaux animateurs de la Plateforme qui milite contre la construction de centrales à charbon pour produire de l’électricité : Yannick Cornet, Alain Nayna, Fabiani Balisson, Zaheer Allam et Georges Brelu-Brelu.

Une centrale à charbon ? Encore une ? Il n’en fallait pas plus à ce mouvement pour se lancer dans une nouvelle bataille.

Lumière, on conteste ! Les acteurs de la Plateforme citoyenne (PC) ont appuyé sur l’interrupteur de la protestation. Et ils ont décidé de court-circuiter le projet de la compagnie Alteo, qui n’est pour l’instant qu’une proposition. Celle-ci envisage que l’ancienne usine sucrière Deep River Beau Champ devienne une centrale à charbon afin de produire de l’électricité à travers sa filiale Consolidated Energy Co. Limited (CEL). Une solution qui serait temporaire, selon l’entreprise, car elle s’insèrerait dans une «période transitoire» qui concerne les mois entre le moment où l’usine cessera toute activité et la fin du contrat de production d’électricité avec le CEB, prévue pour 2015. Néanmoins, même si pour l’instant rien n’a été finalisé, la PC a décidé de faire part de son mécontentement.

Ce collectif de citoyens, réunissant l’Action civique d’Albion Plage et le Mouvement civique de Pointe-aux-Sables, entre autres, s’est fait connaître lors de son premier combat (qui est toujours d’actualité) : faire reculer le projet de centrale à charbon de CT Power dont la construction est prévue à Pointe-aux-Caves, région située entre Albion et Pointe-aux-Sables. Aujourd’hui, c’est une autre bataille que ces personnes engagées s’apprêtent à livrer. D’ailleurs, en fin de semaine, elles ont fait parvenir, à travers les voix d’Alain Nayna et de Georges Brelu-Brelu, une correspondance au ministère de l’Environnement afin de faire part de leur point de vue

sur la situation.

Les deux hommes estiment que, même si l’aspect temporaire du projet est mis en avant, la crainte que «la situation devienne permanente» est bien présente. De plus, ils demandent des précisions sur l’Environment Impact Assessment Licence remis à CEL en 1997. A-t-il été renouvelé suite aux derniers développements ? Et si ce n’est pas le cas, pourquoi une telle décision a-t-elle été prise ? Alain Nayna et Georges Brelu-Brelu ont également fait part de leur tristesse et de leur choc car ils évoluent depuis deux ans déjà dans la sphère anti-charbon : «Cela fait deux ans que nous militons contre la prolifération de ces centrales ainsi que le renouvellement des accords pour l’achat d’électricité entre les Independent Power Producers et le Central Electricity Board.»

Une première action qui en appelle d’autres. Et déjà hier, samedi 8 février, les deux hommes ainsi que Yannick Cornet, autre membre de la PC, étaient à Beau Champ afin de tâter le terrain : «Nous sommes là pour rencontrer les habitants, pour leur parler, pour savoir ce qu’ils pensent de ce changement.» Les premiers pas d’un combat qu’ils souhaitent ne pas avoir à mener : «Nous demandons aux autorités de ne pas leur donner d’autorisation.» Mais ils sont conscients de la réalité… 

Propos controversés

Depuis des années, ils s’élèvent pour dénoncer le côté polluant du charbon, tout en avançant que de nombreuses solutions vertes peuvent représenter une alternative durable, écologique et économique. De plus, Yannick Cornet, ainsi que les autres membres de la PC, se posent une question : «Le contrat avec le CEB se termine en août 2015. Il reste environ dix mois. Néanmoins, dans leur accord, il est bien stipulé qu’Alteo doit annoncer, deux ans avant la date butoir, qu’elle cessera de fournir de l’électricité afin qu’il n’y ait pas de possibilité de renouvellement de contrat.» Une façon de s’assurer qu’une mesure temporaire ne devienne pas permanente : «Nous voulons voir si cette notification a été faite. Et nous demandons à l’entreprise de la rendre publique.»

D’autre part, les commentaires de quelques personnes, sur les réseaux sociaux et certaines radios privées, ont fait réagir les membres de la PC. Certains faisant même renaître les propos controversés de Somduth Dulthumun, enterrés il y a plusieurs mois, concernant le charbon blanc et le charbon noir. Un manque de réactivité a été reproché à ces engagés (insinuant que leur absence de réaction était liée au fait qu’il s’agissait de «charbon blanc»). Fabiani Balisson, également membre de la PC, estime que ce nouvel épisode anti-charbon, qui s’écrit avec Alteo, prouve bien que le mouvement ne fait pas ce genre de distinction : «Nous travaillons sur un plan national. Nous sommes contre l’utilisation du charbon dans tous les cas. Au final, ces critiques nous servent à prouver que ces allégations sont complètement fausses.» Il n’est pas toujours facile, dit-il, d’être sur tous les fronts : «Nous sommes des bénévoles. Nous apprenons de nombreuses choses à travers les médias et c’est à partir de là que nous pouvons réagir.»

Yannick Cornet est du même avis : «Nous faisons une action sociale. Nous avons tous un job. Et nous donnons de nous-mêmes, en prenant du temps de celui que nous pourrions consacrer à nos familles, afin de mener un combat noble. Personne ne nous paye un salaire pour ce que nous faisons. On ne reçoit aucun financement et comptons sur la générosité des Mauriciens pour faire avancer cette cause.» Une cause à laquelle les membres de la PC croient : une île Maurice sans charbon et un gouvernement plus respectueux de l’environnement.

Déjà, l’organisme se mobilise pour sa nouvelle bataille. Au programme : rencontre sur le terrain, analyse des prochaines actions d’Alteo, demande afin que la compagnie rende tous les documents publics, entre autres. Par ailleurs, en plus des affaires logées en cour pour contester la centrale à charbon de CT Power, la PC envisage une nouvelle manifestation. «C’est ce que de nombreuses personnes nous demandent. Nous travaillons dessus», confie Fabiani Balisson. Mais aussi une rencontre avec Nicolas Hulot, le militant écologiste français qui sera à Maurice en mars : «Nous espérons pouvoir lui exposer nos griefs et obtenir son soutien.»

La contestation reprend. D’ailleurs, la lumière qui habite ceux qui mènent le combat ne s’était jamais éteinte…

Un «Say No To Coal» en photos

Un beau mouvement. Celui qui a eu lieu le lundi 3 février pour dire «non» au charbon. Ce qu’il fallait faire ? Fabriquer une pancarte avec un message anti-charbon, la placer devant son portail et allumer une petite lumière (bougie ou autre) de 19 heures à 19h30. Au final, environ 179 photos ont été partagées sur le réseau social Facebook. Elles sont venues de différentes régions de l’île (Pointe-aux-Sables, Albion, Roches-Noires, Terre-Rouge, Mahébourg, Riambel ou encore Dagotière, pour ne citer que des exemples) et même de l’étranger (France, Turquie et Australie, entre autres). Depuis, les organisateurs de cette initiative, menée principalement par Jeff Lingaya, et les participants parlent d’organiser une autre activité. L’idée d’une manifestation n’est pas à écarter.

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