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Dans la tête des hommes

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Michaëlla Seblin, seblin@5plus.mu

C’est lui-même qui le dit à notre journaliste : il a giflé sa femme pour une histoire de repassage. Aveu de l’époux de la policière qui s’est suicidée la semaine dernière.

S’il appartient à la police d’enquêter sur les ecchymoses révélées par la contre-autopsie sur le corps de la jeune femme, il n’empêche que la déclaration du mari donne un aperçu des relations homme-femme au sein de son couple. On y apprend donc que l’épouse repasse les vêtements de son mari (rien de bien nouveau, un bon pourcentage de femmes le font, parfois par obligation, parfois sans contrainte), mais ayant mal fait son choix de vêtements (selon lui), elle a eu droit à une gifle. Pourquoi cède-t-on à la violence au bout de quatre mois de mariage pour une histoire qui finit ensuite par une tragédie ?

Ainsi, on a beau être policière, on a beau être témoin au poste de police des récits de femmes battues, on reçoit toujours des claques pour des vêtements mal repassés dans sa propre maison. Au-delà de ce cas, combien sont ces Mauriciennes prenant des gifles régulièrement et qui ne disent rien, habituées qu’elles sont à subir silencieusement la violence quotidienne devenue ordinaire. Comme elles ne meurent pas toutes (heureusement) découpées au grinder ou à coups de couteau, leurs histoires sont moins connues. La peur, la honte, la dépendance financière, le qu’en-dira-t-on ou tout simplement l’amour pour le mari cogneur les condamnent au silence.

Tout comme ces clichés qui faussent le débat : n’entend-on pas souvent des remarques du style «li kontan gagn bate» uniquement parce que celles violentées ne veulent pas forcément quitter leur foyer ? À notre humble avis, aucune victime «kontan gagn bate». Et ce n’est pas parce qu’elles n’arrivent pas à tenir tête à leurs bourreaux qu’elles sont à blâmer. La culpabilité doit changer de camp. Ce n’est pas seulement à la femme de prendre la place qui lui revient, mais c’est aussi aux hommes (heureusement qu’ils ne sont pas tous des brutes) de changer leur mentalité, leur comportement.

L’égalité homme-femme n’est pas une affaire de femme. Les féministes seules n’arriveront pas à faire reculer le machisme, obstacle à tant de belles destinées. Le combat contre un système patriarcal passe nécessairement par un engagement des hommes d’aujourd’hui et également de demain, à travers l’éducation des petits garçons (et aussi des petites filles) pour une future société égalitaire. À ce propos, nous pouvons nous inspirer de trois des 45 mesures prises par le gouvernement Ayrault, en France, pour une meilleure politique des droits des femmes : un programme pour l’égalité dans l’éducation, des modules ABCD de l’égalité lancés à l’école primaire – ce qui a malheureusement été mal compris à la suite des rumeurs faisant croire à un nouvel enseignement de la théorie du genre, alors que le but est de lutter contre les stéréotypes dès le plus jeune âge et d’avoir de nouveaux enseignants formés à l’égalité.

Car, c’est en sensibilisant très tôt sur la théorie de la parité qu’on apprendra aux petits garçons à respecter l’autre, indépendamment de son sexe. On leur apprendra également, dès leur plus jeune âge, le partage des tâches ménagères. Ils sauront alors que la vaisselle et le repassage, entre autres, ne sont pas exclusivement féminins.

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