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Les confidences de Nalini Nobin

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Nalini est en soins à l’unité des grands brûlés de l’hôpital Victoria.

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Rajesh Nobin lors de son arrestation.

Encore un cas de violences allégué envers une femme alors qu’on observait la Journée internationale de la femme, hier. Admise à l’unité des grands brûlés de l’hôpital de Candos depuis le 5 mars, Nalini Nobin s’est confiée à 5-Plus dimanche par le biais d’un proche. Elle accuse son époux Rajesh d’avoir mis le feu à ses vêtements. Ce dernier a été inculpé de tentative de meurtre. Cependant, les deux filles du couple défendent leur père bec et ongles, arguant qu’il est victime d’un coup monté.

C’est une longue vie de souffrance à laquelle elle se prépare. Nalini Nobin, 41 ans, sait que les années à venir seront pénibles, très pénibles même, si jamais elle s’en sort. Car elle a été grièvement brûlée, au troisième degré, au visage et sur plusieurs parties du corps, et lutte pour sa survie à l’unité des grands brûlés de l’hôpital de Candos depuis le mercredi 5 mars. Bien que très mal en point, elle a bien voulu, par l’intermédiaire d’un proche, répondre aux questions de 5-Plus dimanche. La jeune femme, qui accuse son époux de l’avoir brûlée, hurle sa douleur : «Je veux que justice soit faite car je souffre trop.»

Portant de nombreux pansements à la tête et sur d’autres parties du corps, Nalini s’efforce de ne pas craquer en repensant aux circonstances qui l’ont menée sur ce lit d’hôpital. «Mon époux a tenté de me tuer parce que je lui ai demandé, une fois de plus, le divorce et la moitié de nos biens. Il n’a rien voulu entendre et m’a agressée par surprise. Je venais de rentrer du travail et j’étais dans la cuisine en train de préparer un paquet de nouilles instantanées lorsqu’il est venu vers moi avec, à la main, un journal en feu», raconte cette vendeuse dans un magasin réputé de la capitale, d’une voix nouée par l’émotion.

Rajesh Nobin, 48 ans et employé chez Mauritius Telecom, aurait d’abord menacé sa femme avec la torche improvisée avant d’asperger les vêtements de celle-ci avec de l’alcool et d’y mettre le feu. Quand Sila Devi Sonea, la mère de Nalini, qui gère un snack au rez-de-chaussée de la maison du couple, a entendu les cris de la jeune femme, elle s’est précipitée pour retrouver sa fille sous la douche portant de graves brûlures. «Get ki Rajesh inn fer mwa», lui aurait lancé Nalini qui a été, par la suite, transportée à l’hôpital par son mari où son état est toujours jugé critique.

L’époux a été arrêté le lendemain après s’être constitué prisonnier à la police en présence de son homme de loi, Me Zakir Mohamed. Rajesh Nobin fait cependant l’objet d’une charge provisoire de tentative d’assassinat et est actuellement en détention policière en attendant sa prochaine comparution en cour. Il nie toutefois les faits qui lui sont reprochés et avance qu’il est victime d’un complot ourdi par sa femme (voir hors-texte). Leurs deux filles affirment la même chose. Elles soutiennent que leur mère a voulu faire une tentative de suicide qui n’a pas abouti et qu’elle veut maintenant tout mettre sur le dos de leur père. «Mon père est innocent. D’ailleurs, au moment des faits, il se trouvait avec ma sœur à la boulangerie (voir hors-texte). Ma mère a inventé cette histoire d’agression. Elle demandait toujours à mon père de mettre les biens de la famille à son nom. Au cas contraire, elle l’accuserait de quelque chose», argue Nishta, 21 ans, l’aînée du couple, approuvée par sa cadette, âgée de 13 ans.

Vêtements calcinés

L’attitude de ses filles chagrine et révolte Nalini au plus haut point. Elle est persuadée que son époux a comploté avec celles-ci après son agression pour faire croire qu’elle aurait tenté de se suicider. «Linn bizin embet zot. Li finn tuzur soutir zot. Sak fwa mo koze, zot truv mwa pa bon akoz sa mem mo nepli en bon term ek mo gran tifi ki ena 21 an», avance Nalini qui a fait interdire l’accès de sa chambre à son mari et aux proches de celui-ci, y compris ses filles.

Sila Devi, la mère de Nalini, pense aussi que son gendre a convaincu ses filles de le couvrir en sus de se débarrasser des preuves pouvant l’incriminer : «Li finn netoy partou parski pa ti ena ni boutey lalkol ni papier zournal apre sa. Plastik pake minn la osi finn disparet. Il n’y avait que les vêtements calcinés de ma fille dans la salle de bains. Un voisin nous a dit qu’il avait aperçu Rajesh quittant son domicile ce soir-là avec un gros sac en plastique. C’est pour ça qu’après nous avoir quittées, ma fille et moi, devant l’hôpital sans nous aider dans les démarches d’admission, il est reparti précipitamment.» Des allégations que Nishta rejette catégoriquement : «Mon père n’est pas parti de l’hôpital pour aller faire le grand ménage, mais parce que je lui avais demandé de venir me récupérer à Port-Louis.»

La situation dans le couple Nobin n’était pas au beau fixe depuis quelque temps, à en croire les uns et les autres. Mais elle aurait complètement dégénéré ces derniers temps aux dires de Sila Devi : «Ils sont mariés depuis 25 ans. Les problèmes entre eux ont commencé lorsque Rajesh a demandé le divorce en premier. Ma fille a alors quitté son époux pendant deux mois pour trouver refuge chez moi. Son époux est venu la chercher fin janvier 2014, mais la situation n’a pas évolué. Au contraire, elle a empiré lorsque ma fille a, à son tour, réclamé le divorce. De plus, elle voulait avoir la moitié de leurs biens qu’elle prévoyait de donner par la suite à sa fille cadette. Son époux n’a rien voulu entendre.»

Vacances en famille

Mais malgré leurs difficultés, les Nobin ont mis leurs différends de côté pour partir en vacances en famille : «L’année dernière, mon père nous avait offert des vacances de rêve pendant un mois. Nous avions fait une croisière sur le navire Costa Magica. Nous avions fait escale en Italie et en Turquie ainsi qu’à Dubaï. Le lendemain de notre retour, nous avons repris l’avion en direction de Rodrigues, en famille, encore une fois. Nous avons également été à La Réunion. Mon père avait organisé tout cela dans l’espoir que ma mère revienne vers lui.» Selon elle, pendant les deux mois où sa mère avait quitté le domicile conjugal, son père était effondré. «Mon père n’arrêtait pas de pleurer quand ma mère l’a quitté. Il l’aime à en mourir. Il nous a fait comprendre qu’il était disposé à lui pardonner même s’il est en cellule à cause d’elle.»

Toujours aux dires de Nishta, sa mère vivait bien aux côtés de son père et avait tout ce qu’elle voulait : «Mon père n’a pas de problème de finance car il gagne bien sa vie.» En sus de son salaire d’employé de Mauritius Telecom, Rajesh, qui roule une BMW série 3 flambant neuve, est propriétaire d’un bâtiment commercial qui abrite cinq emplacements qu’il loue, selon sa fille.

En attendant que les enquêteurs démêlent le vrai du faux dans les accusations que les uns portent contre les autres dans cette affaire, Nalini continue à se battre pour s’en sortir. D’ailleurs, à en croire sa mère, elle irait un peu mieux : «So figir pa tro enfle zordi (ndlr : le vendredi 7 mars). Elle a commencé à boire de la soupe et un peu d’eau. Elle nous a dit qu’elle avait pu ouvrir les yeux et voir un peu de lumière. Elle arrive également à respirer normalement, mais sa voix est toujours nouée. Elle dort aussi très mal à cause de ses nombreuses brûlures.»

Sila Devi et les siens croient dur comme fer que Nalini va s’en sortir avec le temps car elle a toujours été une battante. Même si sa vie de grande brûlée s’annonce dure, très dure…

Me Zakir Mohamed : «Mon client nie les faits qui lui sont reprochés»

L’homme de loi de Rajesh Nobin souligne que ce dernier a un atout de taille qui joue en sa faveur : le témoignage de sa cadette qui abonde dans son sens. «Mon client nie les faits qui lui sont reprochés. Il est soutenu par sa fille de 13 ans, qui était en sa compagnie ce jour-là. Les deux revenaient de la boulangerie lorsqu’ils ont retrouvé la dame dans les escaliers, recouverte d’une couverture. Mon client et sa fille ont eu le choc de leur vie», dit-il. Me Zakir Mohamed avance que son client n’a jamais tenté d’assassiner sa femme : «Il dit ignorer les motifs de cette dernière. Il est également d’avis que quelqu’un lui monte la tête.»

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