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Les proches du policier Chummun crient à la négligence médicale

Les funérailles du Dog Handler ont eu lieu le jour de la fête des Mères.

Un Police Dog Handler est mort dans des circonstances troublantes. Sa famille estime que le ministère de la Santé, qui a une autre version, a fauté en refusant d’envoyer Nitin Chummun en Inde pour se faire opérer. Récit.

Rati Chummun fait peine à voir. Son septième mois de grossesse se passait tant bien que mal jusqu’au 16 mai, quand tout bascule pour cette jeune femme de 31 ans. Son époux Nitin, un Police Dog Handler, se retrouve à l’hôpital après avoir fait un malaise alors qu’il était en service avec son chien Renaud. Onze jours plus tard, soit le samedi 27 mai, ce policier, âgé de 35 ans et habitant Triolet, est décédé. 

 

Ses funérailles ont eu lieu le lendemain, le jour de la fête des Mères. Rati et les siens peinent à se relever. Ces derniers sont animés par un sentiment de colère et de révolte. Ils accusent le ministère de la Santé d’avoir fauté. Le défunt avait des hémorragies à la tête. Le personnel soignant a d’abord envisagé de l’envoyer en Inde car l’intervention, qu’il devait subir, n’est pas pratiquée à Maurice. Mais le voyage a été annulé peu après. 

 

«Mon époux rentrait à la Special Mobile Forcede Vacoas avec Renaud vers 21h30 lorsqu’il a fait un malaise. Il revenait de l’aéroport car il avait des douleurs à la tête. Il avait d’abord informé ses collègues, puis avait téléphoné à un cousin. Il s’était arrêté à l’hôpital de Rose-Belle pour se faire examiner. Il m’avait dit qu’il avait des vertiges. Il avait perdu connaissance et avait vomi. On l’avait admis pour des examens», explique Rati. 

 

Le lendemain, la jeune femme apprend avec stupeur que son époux a été transféré à l’unité des soins intensifs. «Sur place, une in-charge nursenous a dit que son état était critique. Un médecin nous a fait comprendre peu après qu’on n’allait pas pouvoir le transférer à l’hôpital du Nord comme on le souhaitait à cause des risques que le voyage pouvait engendrer. Mon époux avait un grave problème avec une artère», souligne Rati.  

 

Selon Rati toujours, Nitin était déjà dans un coma : «C’était dans la matinée. Le médecin nous avait dit qu’il devait se faire opérer à l’étranger. En attendant, un médecin spécialisé en neurologie allait s’occuper de lui. Finalement, on l’avait transféré à l’hôpital du Nord dans l’après-midi pendant les heures de visites. Et c’est bien là le problème. On l’avait admis dans une salle normale, alors qu’il était au préalable aux soins intensifs. Nitin était toujours dans un état comateux.»

 

à un certain moment, Nitin avait toutefois ouvert les yeux pour converser avec un médecin, nous dit la jeune femme : «Ce dernier lui avait demandé son nom, où il habitait et où il travaillait pour le tester. Peu après, il a définitivement sombré dans le coma. Et c’est nous qui avons dû faire des démarches pour qu’il soit transféré à l’unité des soins intensifs. Ils lui avaient fait un scan, le vendredi 19 mai. Le médecin avait alors sollicité une rencontre avec nous.»

 

C’était vers 12h30. Le médecin leur a fait comprendre que Nitin devait se rendre à l’étranger pour se faire soigner. «Son état était très critique. Son cas nécessitait un overseas treatment. Un médecin nous avait également dit que l’hôpital avait envoyé son dossier médical au ministère pour la marche à suivre. On avait rempli les formalités pour son passeport le lendemain matin vers 9 heures et on l’a obtenu environ deux heures plus tard. On pensait qu’il allait prendre l’avion en direction de Chennai dans la soirée du lundi 22 mai. D’ailleurs, on avait passé une journée à la Overseas Treatment Unitdu ministère de la Santé à cet effet», précise Rati. 

 

Shalini, la sœur de Nitin, devait l’accompagner pour ce voyage. Rati et elle font face à un premier problème lorsqu’elles apprennent que le patient n’allait pas bénéficier d’une assistance financière. «Fami ti deza ena Rs 600 000. Ti mank Rs 300 000. Nou ti pou pey sa apre», souligne Shalini. Vers 15h50, les deux belles-sœurs apprennent avec stupeur que Nitin ne prendra pas l’avion ce soir-là car le ministère attendait toujours le costing concernant les frais de ce déplacement en Inde. Il fallait qu’elles reviennent le lendemain pour le visa. 

 

Le mardi 23 mai, les deux jeunes femmes font face au même scénario. «Zot dir nou bann demars touzour on process. Sa zour-la mem enn dokter dir nou li anvi zwenn nou a 19h. Pandan sa rankont lamem ki dokter la finn dir nou ki mo mari unfit for travelparski li ti sou respirasion artifisiel», confie Rati. C’est le choc. «Le ministère savait que son état de santé était critique et qu’il nécessitait des soins en urgence. Nous sommes d’avis que les procédures ont pris trop de temps. Il fallait l’envoyer en Inde lorsqu’il était toujours conscient. Pourquoi avoir attendu que son état se détériore pour prendre cette décision ?» s’insurge Rati. 

 

Nitin pousse son dernier soupir dans la soirée du 27 mai. «Sa mem pir kado pou enn mama sa. Monn perdi mo lame drwat. Toulezour mo larm koule», se lamente Sangeeta, la mère du policier. Rati est également marquée à vie. Le couple devait se rendre chez le gynécologue pour voir le sexe du bébé le 17 mai. Rati se retrouve désormais seule avec son fils de 5 ans et un deuxième bébé qui naîtra prochainement. 

 


 

Les explications du ministère de la Santé

 

Le ministère est catégorique : le policier Chummun n’a pu faire le déplacement vers l’Inde car il était sous respiration artificielle. Son état de santé pouvait s’aggraver. Il souffrait d’une «subarachnoid haemorrhage» et également d’une «intracerebral haemorrhage». Dans un communiqué, le ministère de la Santé précise qu’un medical board avait été mis sur pied le 17 mai et avait recommandé des soins à l’étranger. Le policier devait subir une «urgent digital subtraction angiography followed by coiling or clipping of the aneurysm». Un vol avait déjà été réservé le jeudi 25 mai en direction de Chennai. Il allait se faire opérer à l’hôpital Apollo. Sauf que le mardi 23 mai, le médecin traitant du policier demande au ministère de tout annuler car «he was not fit to travel by air and was on ventilator».