• À l'affiche des séries «Fiasco» et «La Recrue» : après «Indiana Jones», les nouvelles aventures d’Ethann Isidore
  • Enquête judiciaire au tribunal de Souillac - Reshmee, l’épouse de Pravin  Kanakiah : «Le sergent Keesoondoyal a dit des mensonges»
  • Darshinee Choolun et la consécration américaine
  • Arrêté pour un délit de drogue, un jeune de 30 ans retrouvé pendu au poste de police de Curepipe - Sharda, la mère de Shiva Candasawmy : «Mo garson ti tro kontan so lavi pou li swiside»
  • «Mon Petit Renne» («Baby Reindeer») sur Netflix : analyse d’une sombre d’histoire de harcèlement, et bien plus…
  • Brave MMA Fight Night : soirée explosive à Côte-d’Or
  • C’est parti pour le réalignement des forces !
  • Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux

Petroleum Hub à Albion : En attendant la vague… de contestations

La possibilité d’un mouvement civique est envisageable.

Elle se prépare, comme la marée qui monte. Tout doucement. Pour que les groupes écologiques et les forces vives se lancent à plein régime, ils veulent avoir le maximum d’informations.

Elle menace. Comme une haute vague, aperçue au loin. Un mur d’eau qui déferle avec force sur la plage et qui, on l’imagine, pourrait faire tourbillonner le sable chaud et pencher les branches des filaos. Pour l’instant, il n’y a qu’une vue approximative sur le projet de petroleum hubdans la région d’Albion – une raffinerie pétrolière sur l’eau et une zone de stockage sur la terre ferme –, annoncé lors du discours budgétaire du ministre des Finances Pravind Jugnauth. Ce que déplore le leader des Mauves qui trouve «honteux»que le Grand Argentier n’ait pas fourni de détails à ce sujet dans son Budget. «Kan check kompani la linn anrezistre enn semenn avan bidze. Nou pa le enn lot CT Power», a déclaré Paul Bérenger lors de sa conférence de presse d’hier, samedi 13 août. 

 

L’ambition du Grand argentier : faire de Maurice le premier marché de carburant à faible teneur en soufre de l’océan Indien. Néanmoins, cette mesure/proposition issue du Budget ne fait pas l’unanimité. Si certains se demandent pourquoi la région d’Albion est si convoitée (un relent de la centrale à charbon CT Powerdans l’air), d’autres s’inquiètent de l’impact écologique d’un tel hub.

 

Pour l’instant, la mobilisation se fait plutôt dans l’ombre… en attendant que ce projet prenne racines dans la réalité. Quelques réunions sont organisées auprès des habitants d’Albion par les forces vives locales. Mais, pour l’instant, il s’agit plus d’échanger des points de vue. Ceux qui se mobilisent – les écologistes, les membres des forces vives, les partis de gauche, les écoconscients, entre autres – patientent, sans faire trop de bruit, le temps que les informations se précisent.

 

Ce qu’ils savent pour l’instant c’est que, d’un côté, il y aurait Near Shore Resources Limited,un groupe de plusieurs sociétés, qui se proposerait de se lancer dans la construction d’une plateforme pétrolière, modulaire et mobile. Et, de l’autre, un consortium international privé – comprenant, entre autres, IndianOil Corporation Limited (IOCL), Mangalore Refinery and Petrochemicals Ltd (MRPL) et laState Trading Corporation (STC)qui gérerait la partie «au sec». Avec un lien entre les deux projets distincts : celui que l’un se serve de l’autre et vice versa.

 

Georges Brelu-Brelu de la Plateforme citoyenne (PC), mouvement créé dans le sillage du combat contre la création d’une centrale à charbon à Albion, est d’avis qu’il faut attendre encore un peu avant de lancer les hostilités (si besoin est) : «Nous sommes concernés par la situation. Nous sommes sur nos gardes. Mais avant de nous prononcer, nous devons obtenir plus d’informations. Nous avons écrit au Premier ministre en ce sens.»

 

Le hub, au final, ne pourrait comprendre que la zone de stockage et pas la plateforme en mer (ou le contraire), par exemple. Quand – et si ! – il faut se battre, il faut le faire, estime-t-il, avec toutes les armes en main. «Les données écrites, les rapports, entre autres, sont plus faciles à contester que des bribes d’informations comme ça. C’est plus facile de donner des conseils et de demander des changements quand il y a quelque chose de concret.» C’est la stratégie actuelle de la PC.

 

«Pas sans risque»

 

Néanmoins, il y a bien une inquiétude qu’il est difficile d’occulter, explique ce citoyen engagé : «Une plateforme sur la mer, ce n’est pas sans risque.»Le risque de pollution, bien sûr, est au centre de toutes les interrogations (même si les autorités affirment que tout sera fait dans les règles et pour le bénéfice de Maurice et de sa population) : «Et si un bateau s’échoue sur cette plateforme ?» Mais pas que : «Il y a aussi les dangers de la façon de faire. Mais pour l’instant, nous n’en savons pas plus. Donc, nous attendons.» Et puis, il y a bien ce brin d’espoir, aussi doux qu’une brise d’été : que le projet capote ! Et un épisode récent ne rend pas ce scénario impossible : «Ce n’était qu’une annonce, ces projets. Le gouvernement peut très bien tout cancel. AvecHeritage City, les papiers étaient signés, tout était ongoinget il a tout annulé. Alors, ce sera peut-être le cas ici», confie un contestataire de l’ombre.

 

S’il estime que le lagon d’Albion est un lieu intéressant (que l’eau y est assez profonde pour que les bateaux se rapprochent), il ne voit pas quel est l’intérêt d’une raffinerie en mer : «Un port où les bateaux peuvent accoster et où on peut stocker le carburant, comme cela se fait à Roche-Bois, sans contestation ; je peux comprendre même si je n’approuve pas. Pour le reste, j’ai du mal à en voir l’intérêt.»Stefan Gua de Rezistans ek Alternativ n’a, par contre, aucun mal, à ne pas comprendre la politique du gouvernement Lepep.

 

Depuis le discours budgétaire, ce parti de gauche a fait part de sa désapprobation concernant le Petroleum Hub : «Ce projet n’est pas compatible avec les engagements de Maurice sur le plan international concernant le changement climatique. Et encore moins avec un pays qui doit aller vers une post carbon economy.» Cette envie de hubest complètement obsolète, estime-t-il : «Le prix du pétrole a baissé et il ne remontera plus parce que, désormais, les énergies renouvelables prennent de plus en plus de place. Alors, c’est insensé de se lancer dans un tel projet.»

 

L’inquiétude de Georges Brelu-Brelu concernant les risques de pollution est aussi partagée par Stefan Gua : «Qu’importe la garantie que peuvent donner les autorités, il n’y a pas de risque zéro. Nous sommes une île, nous dépendons tellement de notre écosystème et nous allons le mettre en danger ? Nous avons vu comment le gouvernement a géré le naufrage du MV Benita.Et ce n’est pas l’exemple le plus rassurant !»Les plateformes pétrolières en mer sont toujours un danger pour la faune et la flore environnantes : «Les États-Unis ou la France, des pays qui sont plus préparés, ont eu du mal à faire face à une marée noire. Est-ce que ça vaut la peine de prendre un tel risque ?» Absolument pas, estime Yan Hookoomsing, militant écologique :«Mettre une raffinerie flottante sur une mer démontée comme celle d’Albion est incompréhensible.»

 

Désormais, l’heure est, pour la PC, à l’attente studieuse (on ne prend pas – encore ! – position, mais on bosse sur le sujet). Rezistans ek Alternativ œuvre sur la mobilisation des forces sociales «dès que le projet sera plus sérieux», confie Stefan Gua : «Nous en ferons un combat national s’il le faut. Les gens doivent comprendre que ce genre de projet affectera tout le monde.»À chacun son approche. Mais au final, c’est le même résultat qui est recherché : que les meilleurs intérêts des Mauriciens et que l’écosystème soient protégés. Pour que la menace s’efface, comme une vague immense qui perd de sa force en passant sur les brisants…

 


 

Dans l’histoire…

 

Le risque de pollution est l’inquiétude première de ceux qui ne sont pas tout excités à l’idée d’un Petroleum Hub(surtout la raffinerie sur l’océan) à Maurice. La peur de la marée noire est difficilement dissociable de ce genre de projet. Même pour les grands pays ! En 2010, par exemple, un incident a eu lieu sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon qui se trouve à 80 km de la Louisine (USA). Le bilan : environ 678 000 tonnes de pétrole ont été répandues, 11 personnes portées disparues, 17 blessés et les littoraux de la Louisiane, du Mississippi, de l’Alabama et de la Floride pollués. Quelques années plus tôt, en 2001, c’est la plateforme pétrolière P-36 qui fait des dégâts : 11 morts et plus de 300 000 litres de gazole déversés.