Prithiviraj Luchoo, 52 ans, n’aurait pas supporté sa mise à la retraite anticipée des Casinos de Maurice. C’est ce que soutient sa famille. Dix jours plus tôt, c’est Aldo Dussoye, 51 ans, qui est décédé dans des circonstances similaires.
La demeure des Luchoo à Terminus Road, Triolet, ressemble à un lieu de pèlerinage en ce mercredi
19 août. Ce jour-là, le convoi mortuaire de Prithiviraj,
52 ans, a quitté son domicile pour se rendre au crématorium de sa localité à 10 heures. Toute la journée, son épouse Roopa, 42 ans, sa fille Pooja, 23 ans, et son fils Pravesh, 21 ans, ont accueilli des gens venus leur témoigner
leurs sympathies.
La veille, en fin de matinée, Prithiviraj, qui travaillait comme waiter pour le compte des Casinos de Maurice, au Caudan, a rendu l’âme. Il a fait un malaise alors qu’il était parti à une pâtisserie de la localité à bicyclette. Son décès a été constaté quand il a été transporté à la Mediclinic du village. Le rapport d’autopsie indique qu’il est décédé suite à des complications cardiaques. Prithiviraj Luchoo avait été opéré en 2002 en raison de l’obstruction d’une artère. Il était également diabétique.
Complètement abattue, Roopa Luchoo n’arrive pas à prononcer un seul mot. Mais sa fille Pooja accepte de se confier : «Mon père n’a pu tenir le coup. Son moral était au plus bas depuis qu’il a appris qu’il allait être licencié». Elle explique que le comportement de Prithiviraj avait complètement changé : «Au départ, il ne nous a rien dit, pour ne pas nous inquiéter. Mais il avait perdu sa jovialité, était toujours pensif et paraissait stressé.»
Les Luchoo habitent en face du Maheswarnath Mandir à Triolet. Ces dernières semaines, Prithiviraj s’y rendait souvent. Lorsqu’on lui demandait s’il avait un problème, il répondait que tout allait bien. «Ce n’est que lorsque nous avons appris le décès soudain d’Aldo Dussoye qu’il a fini par nous dire qu’il allait être licencié lui aussi», raconte Pooja.
La veille de son décès, Prithiviraj s’était confié à une proche qui habite Triolet. Sa préoccupation principale était de trouver un autre travail, car il avait plein de projets, poursuit sa fille : «Comme la plupart des pères, il voulait terminer la construction de la maison. Il voulait aussi financer le voyage de mon frère en Italie. Celui-ci travaille dans l’hôtellerie. Il voulait s’établir en Europe où nous avons des proches.»
Après les traditionnelles prières entourant la période de deuil, Pooja et les siens comptent se renseigner pour savoir, entre autres, si Prithiviraj avait fait une demande de retraite anticipée. Dans la lettre de licenciement en question, il est écrit que seuls les employés âgés de plus de 50 ans sont concernés par le Mutually Agreed Scheme.
Selon les conditions de ce plan, le licencié a droit à 15 jours de salaire par année de service et son bonus de fin d’année est payé au prorata. Il se voit aussi rembourser ses accumulated leaves et est éligible à une allocation de retraite. La date limite pour remplir et signer le formulaire d’acceptation était le 14 août.
La Casinos Employees Union a tenu une assemblée générale spéciale le mercredi 12 août à ce sujet. La rencontre a débuté par une minute de silence à la mémoire d’Aldo Dussoye. Plusieurs décisions importantes ont, par la suite, été prises. Les syndicalistes réclament principalement la démission du General Manager des Casinos de Maurice et des membres du conseil d’administration de la State Investment Corporation (SIC). Le silence de ces derniers, après le décès d’Aldo Dussoye et de Prithiviraj Luchoo, est vivement condamné.