Entre ciel et terre, il vit ses deux passions. Ce pilote de ligne représentera bientôt Maurice lors d’une compétition de car drift à Dubaï. Rencontre…
Très jeune, il s’y voyait déjà. Il savait que sa place était dans le cockpit d’un avion. Dans cette petite cabine derrière une porte fermée aux regards et tapissé d’écrans, d’indicateurs et d’innombrables boutons. Et dans ce minuscule bocal vitré et hautement technologique, des hommes (un commandant et deux autres) tiennent entre leurs mains la vie de nombreux voyageurs. Depuis toujours ou presque, Emmanuel d’Hotman savait donc ce qu’allait être sa vie. Et aujourd’hui, après qu’il a choisi de changer son rêve en réalité, après des études en Afrique du Sud, puis une première expérience de travail en Algérie, Emmanuel d’Hotman, 32 ans, est pilote de ligne, comme il l’a toujours voulu.
Désormais, il porte plusieurs casques, pour ne pas dire plusieurs casquettes. Et son emploi du temps consiste à… piloter ! Tout le temps. Qu’il soit au boulot ou dans ses moments libres. Car ce pilote d’Air Mauritius – il y travaille depuis 2007 – et ancien rallyeman est également un fou du volant. Il est le premier champion local du Red Bull Car Park Drift (Mauritius) – la première édition organisée par Red Bull avec le soutien de Robert Chung, consultant mauricien de sport automobile – qui lui attribue désormais la tâche d’aller représenter Maurice aux Red Bull Car Park Drift Series 2014 qui se tiendront en décembre, à Dubaï. «Je suis très heureux à l’idée d’aller représenter notre île dans un concours d’une telle envergure», confie Emmanuel qui, depuis qu’il a découvert le Car Drift, a donné une nouvelle dimension à sa passion pour les voitures.
Si le rallye automobile a, pendant longtemps, rythmé sa vie, un accident l’a fait réfléchir. Et une fois qu’il a goûté au drift, il n’a jamais pu s’arrêter, allant jusqu’à se perfectionner pour être à niveau. Car le drift, littéralement glissade en français, est une discipline dans laquelle le pilote contrôle le véhicule pendant qu’il glisse d’un côté vers l’autre sur une piste de course. «Une performance est jugée selon la vitesse, l’angle d’attaque, la méthode et le style, plutôt que sur la rapidité», explique le grand passionné qu’il est et qui n’hésite pas à toujours donner vie à ses envies.
Oiseau du ciel
C’est comme ça qu’il se laisse guider dans la vie, en écoutant toujours son cœur. Et ses parents Emmanuel et Céline, ses frères et sœurs (ils sont cinq : deux garçons et trois filles), et son épouse Aurélie (il est papa de deux petits : Ophélie, 3 ans et demi, et Yoan, onze mois), sont les premiers témoins de son engagement total dans tout ce qu’il fait, sur terre ou dans le ciel.
Quand il est aux commandes de ces gros oiseaux du ciel, la tête dans les nuages, Emmanuel, qui parle de son métier avec beaucoup d’amour, a fait de la rigueur son maître mot. Sa réalité, c’est donc les cartes météo du jour, les points de route aérienne, les terrains de dégagement prévus tout le long de la route, la force des vents ainsi qu’une quantité d’informations techniques sur l’état de l’avion, les températures, l’altitude à laquelle voler, entre autres procédures.
Souvent, entre deux aéroports, celui qui est rentré il y a quelques jours de l’Australie et qui est en stand-by en attendant d’être «déclenché» pour un autre vol, a, au fil du temps, su trouver un équilibre entre son métier, sa famille et sa dévotion pour le Car Drift qu’il cultive sur la piste du parking du stade Anjalay aussi souvent qu’il le peut, sans compter le temps qu’il passe à bichonner sa voiture, une Toyota GT86. Maintenant, il s’agit, pour lui, de tout faire pour être à la hauteur à Dubaï : «Je vais continuer à m’entraîner car le niveau sera très élevé lors de la rencontre internationale.»
Mais lors de la compétition locale, qui s’est tenue il y a deux semaines à Maurice – premier pays de la région à avoir été intégré au calendrier de cette compétition – en présence du Libanais Abdo Feghali, triple champion du rallye du Liban et ex-recordman du monde du plus long drift, Emmanuel a pu faire rugir son moteur et faire crier ses pneus dans les glissades latérales, entre autres figures, pour pouvoir se glisser tout en haut du podium. Une grande distinction pour le fou du volant qu’il est !