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L’esprit de confiance à rétablir

Veut-on affronter une épreuve ? Remporter une victoire ? Réussir un projet ou développer un pays ? Et alors, quelle est la condition la plus déterminante...

Veut-on affronter une épreuve ? Remporter une victoire ? Réussir un projet ou développer un pays ? Et alors, quelle est la condition la plus déterminante de la réussite ? Tous les grands hommes de ce monde vous répondront : “C’est l’état d’esprit, celui de la confiance, de l’ambition de gagner et de battre la concurrence; au-delà des conditions financières et matérielles. Cette confiance, à en croire les résultats d’une étude menée par les consultants de PriceWaterhouse Coopers auprès des 100 plus grosses entreprises du pays, est devenue une denrée plutôt rare.

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Il y a vingt ans, qu’est-ce que l’Inde pouvait enseigner aux autres pays en matière de politique économique et de psychologie industrielle ? Sclérosées, étouffées par une classe politique dont la vision se limitait à la survie économique et au repli sur soi, les entreprises, dénuées de toute confiance et de motivation, ne produisaient que pour le marché intérieur réduit à un pouvoir d’achat pas plus gros que celui d’un petit pays développé, compte tenu du niveau de vie très faible.

Cependant, après une génération qui a connu une croissance exceptionnelle grâce à une politique économique fondée sur la dynamisation du secteur productif et l’encouragement à l’esprit d’entreprise, l’Inde est en passe de devenir une véritable force économique. Mumbai, Chenai et tant d’autres agglomérations sont déjà, en l’espace de quelques années, des vraies cyberîles courtisées par les entreprises des pays les plus puissants, des États-Unis à la Grande-Bretagne, attirées par la qualité de la main-d’oeuvre indienne à bon marché et le savoir-faire des entreprises indiennes, alors que, des milliers de kilomètres plus loin, à Silicon Valley, sur la côte ouest des États-Unis, jadis chasse gardée de l’élite américaine, les entreprises hi-tech emploient plus de 200,000 Indiens, dont beaucoup ont été formés par les 5 “Indian Institute of Technology”. Mais à Chenai, Bangalore et Mumbai, les entreprises américaines et britanniques, les unes plus prestigieuses que les autres, continuent à faire la queue afin de procéder à l’”outsourcing” d’une partie de leurs productions vers les entreprises indiennes nouvelle vague.

Mais de quoi sont faites les entreprises indiennes pour faire courir les HSBC et les Motorola ? Écoutons le futur Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, le fils de Lee Kwan Yew, le dernier parmi les plus curieux à s’enquérir de l’expérience indienne : “Les entreprises indiennes, ses dirigeants, ses ouvriers, de même que ses politiques, débordent tous d’énergie et de vitalité. J’ai ressenti chez tous les dirigeants beaucoup de confiance, une profonde confiance que tous, ils peuvent réaliser encore plus. Et sur ce plan-là, les Singapouriens peuvent définitivement apprendre des Indiens”. Et du coup, M. Lee expédiera bientôt son ministre de l’Industrie, George Yeo, en Inde, afin “d’accélérer,” dit-il, “les accords de coopération entre les deux pays”. Il y a vingt ans, pourtant, Singapour snobait l’Inde et préférait plutôt signer des accords de coopération avec les États-Unis et Taïwan.

Le contraste est saisissant. Alors que les dirigeants des entreprises indiennes débordent d’énergie et de confiance, que dit le rapport de PriceWaterhouse-Coopers ? Les entreprises les plus importantes de notre pays sont, hélas, loin d’être satisfaites, ce qui est une indication que nous ne sommes pas prêts à émuler les Indiens. Il y a là de quoi s’inquiéter pour notre avenir économique. Les entreprises sondées sont pourtant les 100 plus grosses du pays, réalisant un chiffre d’affaires cumulé de Rs 130 milliards, soit presque autant que le Produit National Brut du pays, toutes choses restant égales. Cependant, elles affirment, dans leur grosse majorité, que la politique fiscale et de l’investissement du pays est insuffisante, que l’environnement administratif et légal est peu encourageant à la bonne gestion quotidienne de leurs affaires et que la main-d’oeuvre de bonne qualité est trop rare. Tout cela augure qu’il n’y aura pas de bonnes dispositions pour notre croissance. Quand la confiance est absente, peut-on s’attendre à ce que les chefs d’entreprises aient la volonté d’investir et, partant, de créer des emplois ?

La politique économique de nos gouvernants doit sans doute être montrée du doigt. De même que l’attitude de la classe politique et des syndicalistes face au processus du développement économique. Si l’Inde a beaucoup changé, peut-on dire autant de notre pays ? Depuis que la population de Maurice a acquis le droit de vote, on croit toujours qu’il faut associer le gouvernement du jour aux “capitalistes” pour faire gagner quelques voix de plus à l’Opposition, comme si être entrepreneur ou industriel, c’est desservir l’intérêt du peuple. En Inde, c’est un langage qu’on a jeté depuis longtemps aux oubliettes. C’est l’Inde, comme une vraie nation, qui avance inexorablement vers le progrès.

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