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L’hypocrisie créole

Comme des chiffonniers, ils se sont chamaillés sur la place publique. La sortie de l’évêque catholique contre l’État à Bel Air, dimanche dernier, a choqué nos gouvernants qui ont répliqué.

Cette attaque de front était préméditée par le chef religieux, car celui-ci répondait à l’attente de ces milliers de fidèles catholiques gonflés à bloc pour défendre une citadelle ébranlée par les conclusions des Law Lords britanniques du Privy Council dans leur jugement. Même s’ils n’ont pas toujours été les premiers bénéficiaires de ces fameuses places réservées dans les écoles confessionnelles, les créoles, considérés comme la lierre de l’Église, se sont mués en boucliers pour protéger leur évêque et, par ricochet, eux-mêmes. “Pas touche nous l’évêque” est l’actuel mot d’ordre des fidèles catholiques, comme nous le dit dans son interview le père Filip Fanchette (voir page 9).

Ce bloc, constitué émotionnellement par la force des événements, a été une serre dans laquelle on a vu fleurir, ces derniers jours des pseudo-associations menées par des dinosaures de la petite bourgeoisie créole qui n’ont jamais caché leur aversion pour la langue créole. Ceux-là mêmes qui voyaient d’un très mauvais oeil les paroles de l’Évangile annoncées en créole dans des paroisses comme Roche Bois et qui sont devenus, depuis peu, les plus ardents défenseurs de cette langue en réclamant, ô divine ironie, que le créole qu’ils honnissaient tant soit pris en compte pour la comptabilisation des points aux examens du CPE, au même titre que le seront les langues orientales.

En prenant fait et cause pour leur évêque, les fidèles de l’Église se justifient. Même s’il est connu qu’ils ont très peu d’atomes crochus avec celui qui devient, en des temps difficiles, leur idole. Mais les autres, ceux-là qui ont toujours bénéficié des faveurs au sein de cette Église, qu’est-ce qui les motive à monter au créneau ? Une lecture est plausible : ces messieurs/dames prennent conscience que les petits avantages que leur procurait jusqu’ici l’Église ont été remis en question par les Law Lords. Comment alors contourner cela et conserver un tant soit peu leurs petites entrées auprès des instances catholiques ? Ils brandissent le recrutement sur une base sociale et, surtout, la reconnaissance de la langue créole. Ce faisant, ils estiment pouvoir demeurer les heureux bénéficiaires d’une petite place pour leurs chérubins sur les bancs d’une école catholique. Au fond d’eux-mêmes, ceux qui glorifient le créole jusqu’à réclamer qu’on en fasse une des matières académiques, ne croient absolument pas que cette langue servira à leurs enfants dans la vie. Mais, faute d’arguments solides, ils s’accrochent à ce qui était pour eux, jusqu’à récemment, qu’une insignifiance. C’est de la pure hypocrisie et le père Filip Fanchette n’a pas tort quand il avance que l’évêché devrait permettre que le créole ait droit de cité dans ses églises avant que ses ouailles ne le réclament au niveau académique.

Pour sa part, même si l’envie d’adopter un ton similaire à celui de Mgr Piat ne lui manquait pas, Paul Bérenger, lors de sa conférence de presse mercredi dernier, flanqué de quatre éléments créoles - Maurice Allet, Sylvio Michel, Joe Lesjongard et Ivan Collendavelloo - a choisi de ne pas attaquer l’Église de front. Le PM ne pouvait, comme c’est à la mode, que tourner la page afin de ne pas brusquer davantage cette frange de l’électorat actuellement derrière l’évêque et généralement acquise à la cause du MMM. Paul Bérenger a même été consensuel, invitant l’Église à la table des négociations et priant presque pour que l’Évêché accepte la formule sociale pour son mode de recrutement en mettant la cerise sur le gâteau comme mot de la fin : le créole sera introduit comme projet-pilote au primaire. Comme quoi, l’hypocrisie des pseudo-associations créoles en faveur de la langue créole a gagné le bâtiment du Trésor.
jc.dedans@5plusltd.com

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