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Soupçons d’overdose après le décès suspect de trois jeunes : bouleversants témoignages des mamans des victimes

Riven Chinnapen, 20 ans, et Keshna Beefa, 22 ans, ont été retrouvés sans vie dans une maison abandonnée, à Sainte-Croix. Ces deux habitants d’Amaury sont morts suite à un acute pulmonary oedema. Quelques jours plus tôt, Romano Mungree, 23 ans, a connu le même triste sort chez lui, à Trou-d’Eau-Douce. La police soupçonne des overdoses. Les enquêteurs attendent les résultats des analyses pour être fixés à ce sujet. Dévastées, les mères de ces jeunes racontent leur souffrance. Toutes refusent de croire que la mort de leur enfant respectif est liée à la prise de la drogue de synthèse.

Rupa, la mère de Riven : «Mo garson zame pann gagn problem ladrog»

 

Elle est perdue dans ses pensées, dans sa terrible douleur. Rupa, 40 ans, vit la pire des souffrances depuis qu’elle a perdu son fils aîné. Le cadavre de Riven Chinnapen, âgé de 20 ans et habitant Morcellement Beau-Climat, à Amaury, a été retrouvé dans une maison abandonnée à Sainte-Croix, le dimanche 23 août. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un acute pulmonary oedema. Tout laisse croire qu’il s’agit d’un cas d’overdose causé par la consommation d’une drogue de synthèse. La police attend les résultats des analyses envoyées au Forensic Science Laboratory pour être fixée à ce sujet.

 

Riven n’était pas seul ce jour-là. Keshna Beefa, 22 ans et habitant la même localité, a aussi été retrouvé mort dans cette maison abandonnée. La cause du décès est aussi un acute pulmonary oedema. La mort tragique de ces deux jeunes choque et chagrine terriblement leur entourage. Comme en témoignent Rupa et les siens. «Mo garson pann gagn problem ladrog zame», martèle cette mère qui «kas legim» pour gagner sa vie. Son époux Viden, 49 ans et maçon de son état, est également anéanti de chagrin. «Li difisil pou aksepte seki finn ariv nou. Nou leker inn manke arete kan nou finn aprann ki linn mor par overdoz. Riven pa ti droge», ajoute Rupa. Le jeune homme était l’aîné de sa famille. Il a une petite sœur de 14 ans.

 

Le samedi 22 août, Riven est sorti vers 15h30. «Il est parti en disant qu’il allait voir des amis», se souvient sa mère. Ne le voyant pas rentrer pour dîner, sa famille a tenté de le joindre sur son portable mais «li pann pran so bann call ditou». Ce n’était pas dans ses habitudes, précise Rupa, de découcher. «Nou tou ti dan enn leta langwas. Nou pann dormi ditou sa swar-la.»
Le lendemain, la famille a eu l’immense choc d’apprendre que le corps sans vie de Riven avait été retrouvé dans une maison abandonnée à Ste-Croix. Le choc a été encore plus grand pour la famille de Riven lorsqu’elle a appris, après l’autopsie, qu’il est décédé d’une overdose. «Se sokan terib pou nou sa», confie Rajamba, la grand-mère du jeune homme. Riven collectionnait les petits boulots pour gagner sa vie après avoir mis fin à ses études après la Form II. Comme beaucoup de jeunes de son âge, Riven buvait une bière occasionnellement et fumait également des cigarettes, selon les siens, mais «li pa ti drog li», répète Rupa. Pamela, une tante de la victime, est aussi dans tous ses états : «Nou leker fermal kan nou trouv dimounn partaz foto Riven et sa lot garson-la kan zot ti fini mor, lor Facebook.»

 

Rupa lance un appel : «Mo invit bann zenn pran lexamp lor lamor mo garson ek sa lot garson-la. Pa rant dan piez ladrog. Mo garson fini mor, dimounn gagn pou kokin so port-mone. Nou pa kone komie kas ti ena ek li sa zour-la. Nou fami bien trist. Zame nou ti pou panse ki nou, paran, nou ti pou organiz lamor nou zanfan. Bien dir pou nou fami sa.»

 


Amantee, la mère de Keshna : «Li sagrinan monn perdi mo garson koumsa»

 

Il avait plein de projets et toute la vie devant lui pour les réaliser. Keshna Beefa, 22 ans, détenteur d’un HSC, devait bientôt prendre de l’emploi dans la compagnie d’un proche, spécialisée en landscaping. Il avait aussi «mark so randevou» à la Traffic Branch de la police récemment pour passer son permis de conduire. Mais tout ça est tombé à l’eau.

 

La police a retrouvé le cadavre de cet habitant d’Amaury dans une maison abandonnée, à Sainte-Croix. La dépouille de son ami Riven Chinnapen a aussi été retrouvé sur place. Ils ont tous deux succombé à un acute pulmonary oedema, après qu’ils auraient consommé une drogue de synthèse. Mais la mère de Keshna a du mal à y croire. «Nou tou soke zordi. Mo garson pa ti droge. Li sagrinan monn perdi li koumsa», lâche Amantee, 48 ans, les yeux remplis de larmes. Perdre son fils unique lui est insoutenable, ce fils «doux et respectueux», ce «bon zanfan bien trankil», son complice de toujours. «Mo leker desire», lâche cette maman.

 

Il était 16h30, le samedi 22 août, lorsque son fils est sorti. «Enn kamarad ti vinn kriye li. Li dir mwa li vini-la. Nou ti pas la zourne ansam. Nou ti sipoze al Rivière-des-Galets dimans pou fet Ganesh Chaturti. Mo pa kone selma si garson ki ti vinn kriye li la se sa lot garson kinn mor-la», raconte cette fonctionnaire avec douleur.

 

Ne le voyant pas rentrer ce soir-là, elle a téléphoné à son fils à plusieurs reprises mais «li pann pran ditou». Le lendemain matin, elle s’est rendue à la police pour signaler la disparition de son fils. Elle venait à peine de rentrer chez elle lorsqu’elle a appris la terrible nouvelle. «Mo frer inn gagn enn call. Papa mo garson osi inn vini lerla. Nou fami net dan sok. Zot tou kone Keshna ti enn bon garson. Li ti zis bwar enn ti la bier ek fim enn sigaret dan bann fet.»

 

Plusieurs questions rongent cette dernière depuis ce terrible drame. «Je l’aurais aidé à s’en sortir si je savais qu’il avait des problèmes avec la drogue. Il n'y avait rien remarqué d’anormal dans son attitude. Mon fils n’avait pas d’amis ici car nous venons d’emménager. Avant, on était à Flacq. On a déménagé après mon divorce.»

 

Amantee dit ne pas connaître «lot garson-la ditou mais on m’a dit qu’il venait de sortir de prison». Riven Chinnapen vient effectivement de purger neuf mois de prison pour une affaire de vol. Il est sorti le 6 août. Sa famille n’a pas souhaité se prononcer à ce sujet.

 

Keshna n’avait pas son portable sur lui, ni la clé de la voiture de sa mère, lorsque la police a retrouvé son cadavre. Ses proches comptent se rendre à la Cyber Crime Unit prochainement pour porter plainte contre ceux qui ont partagé les photos des dépouilles des deux jeunes hommes. «Eski zot ti pou kontan si ti ariv zot enn zafer parey ? Mo mari afekte par bann komenter ki bann dimounn inn fer lor Facebook. Mo dimann mwa osi si bann trafikan ladrog zot konsians kler apre sa 2 lamor-la», s’insurge Amantee.

 


Josianne Mungree : «Nou anvi kone kinn koz so lamor vremem»

 

Elle est anéantie. Mais elle est aussi dans le flou. Josianne Mungree, 55 ans et habitant Trou-d’Eau-Douce, veut connaître la cause exacte du décès de son fils Romano, 23 ans. Elle l’a retrouvé mort dans son lit en allant le réveiller, le 16 août. Sa dépouille a ensuite été transportée à la morgue de l’hôpital de Candos pour autopsie. Celle-ci a conclu a un acute pulmonary oedema provoqué par une overdose. Des résultats d’analyses sont attendus pour savoir ce qui a provoqué cela.

 

La veille, le jeune homme était rentré chez lui ivre et est allé au lit tout de suite. Josianne explique que son fils revenait d’un pique-nique avec des amis. «Zot ti al lamer Flic-en-Flac. Linn rant lakaz 19h30. So bann kamarad kinn bizin sarye li ek met li dan so lili. Dan la nwit, mo pann tann nanye bizar. Li ti deza fre kan monn al lev li. Monn telefonn la polis lerla», explique-t-elle. Aujourd’hui, elle veut savoir ce qui a tué son enfant : «Nou anvi kone kinn koz so lamor vremem parski li pa ti droge. Li zis kontan bwar whisky ek enn la bwason energizan. Selma nou pa kone ki li ti fer dan nou ledo.»

 

Romano a mis fin à ses études après la Form III. Il a ensuite suivi des cours de plomberie pour finalement faire de la maçonnerie. Il a une sœur cadette. Ces derniers temps, se souvient sa mère, il parlait souvent de la mort. Il avait aussi des problèmes de santé depuis quelque temps. «Il nous disait qu’il s’essoufflait rapidement. Mon époux Christian est également décédé dans son sommeil, il y a 12 ans, d’un arrêt cardiaque.»

 

Le soir fatidique, Romano n’avait pas vomi après sa folle journée de beuverie, contrairement à ses habitudes. «Seki nou finn aprann, seki zot inn bwar de lit whisky dan sa piknik-la. Li pann vomi ditou sa swar-la. Ti ena boukou likid dan so poumon, se seki bann-la inn dir nou apre lotopsi. Se pou sa nou anvi kone kouma linn mor», martèle Josianne, le cœur rempli de regrets et de tristesse.

 


 

Ally Lazer : «Je suis vraiment inquiet»

 

Le président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice lance un véritable cri du cœur. Ally Lazer confirme qu’il y a effectivement une nouvelle cargaison de drogue de synthèse qui serait rentré au pays par voie maritime : «Je suis vraiment inquiet. Selon mes informations, cette nouvelle cargaison de drogue de synthèse est très violente et mortelle. L’abus de drogue est extrêmement dangereux. Il est important que les parents encadrent bien leurs enfants. Il faut leur parler. Ceux qui sont devenus accros ou qui sont morts ont tous été piégés par des amis.»

 


 

Danny Philippe : «Nous sommes passés de cinq overdoses par an à cinq par semaine»

 

Les chiffres sont très inquiétants, dit-il. Danny Philippe, coordinateur de l’ONG LEAD, explique que le pays sera davantage affecté par la consommation des drogues de synthèse si les autorités ne prennent pas les taureaux par les cornes : «20 ans de cela, le pays comptait cinq décès par an liés à la drogue. Nous sommes passés de cinq overdoses par an à cinq par semaine. La consommation des drogues de synthèse est très populaire car elles sont disponibles à un bon prix. Nous ignorons les composants. Quelqu’un peut ne rien avoir alors qu’un autre peut mourir, dépendant de leur constitution.»