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Route meurtrière : la série d’accidents fatals se poursuit

Il y a encore eu des morts suite à des accidents de la route. Une des victimes a été tuée par un véhicule de la police. Une autre a succombé à ses blessures après un délit de fuite. Retour sur ces terribles drames routiers qui plongent quatre autres familles dans une profonde tristesse.

Délit de fuite mortel à Trou-aux-Biches

 

Mahani, la mère de Tasleem Jahamal : «Mo perdi mo garson zour so laniverser»

 

Son tasbih (Ndlr : chapelet musulman) en main, Mahani a le regard vide dans le salon familial dépouillé de ses meubles. Il n’y a que des nattes de prière par terre. Cette dame de 57 ans est concentrée dans sa prière. «Mo abitie fer Duah (Ndlr : prière) mem toulezour. Mo bizin fer inpe plis aster pou Tasleem gagn enn bon sime ek enn bon plas. Monn perdi mo garson zour so laniverser. Bien dir sa», se lamente cette habitante de Trou-aux-Biches. Tasleem Jahamal s’est battu pour survivre, mais ses nombreuses blessures ont eu raison de lui après 23 jours d’hospitalisation.

 

Cet homme de 46 ans, s’était retrouvé à l’hôpital après avoir été victime d’un délit de fuite. «Mo zanfan inn bien soufer. Linn res dan koma mem depi so aksidan. Li sorti lamer sa zour-la. Li ti ena enn program ek so bann kamarad. Ti zour so laniverser sa. Ti fini fer nwar. Li ti pe marse ek so bisiklet. Pa ti ena zile lor li. Sofer loto-la inn trenn so bisiklet lor enn long distans. Linn fer aksidan divan laport mem. Mo zann lor premie letaz mo lakaz inn trouve kouma bisiklet-la ti pe kas dife lor koltar. Sa moman-la li pa ti kone ki Tasleem inn fer aksidan», s’indigne Mahani

 

Le soir du drame, une ambulance l’avait transporté à l’hôpital. C’est par le biais d’un proche que Mahani et les siens ont eu vent de l’accident. «Enn neve ti trouv Tasleem pe marse ek so bisiklet pou rant lakaz sa swar-la», souligne la quinquagénaire. Tasleem gagnait sa vie en collectionnant les petits boulots. Il était le fils aîné. Il vivait avec sa mère depuis sa séparation depuis 10 ans. Il n’avait pas d’enfant. «Tasleem mem ti pe okip mwa depi lamor mo misie», se lamente l’habitante de Trou-aux-Biches.

 

L’accident qui a coûté la vie à Tasleem Jahamal a eu lieu, vers 18h50, le 1er juin. Selon la police, le quadragénaire s’est fait renverser non loin de Mexico Store. Il était allongé du côté gauche de la route. Il était inconscient et saignait abondamment. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, il a été victime d’un délit de fuite. Julien Descombes, un employé d’hôtel de 37 ans, s’est constitué prisonnier le lendemain. Cet habitant de Cap-Malheureux a déclaré à la police qu’il est le conducteur impliqué dans ledit accident.

 

Une plainte provisoire a été déposée contre lui pour blessures et coups involontaires par imprudence et il a été libéré sous caution le 5 juin 23. La police a alors logé une charge provisoire d’«involuntary wounds and blows by imprudence» contre lui. Il a retrouvé la liberté sous caution trois jours plus tard. La CID de Trou-aux-Biches s’est saisie de l’affaire, le 13 juin. Cette unité a présenté l’habitant de Cap-Malheureux à nouveau devant la justice le 27 juin sous une charge provisoire d’«homicide involontaire par imprudence». Tasleem Jahamal est décédé trois jours plus tôt.

 

Julien Descombes s’est toutefois rétracté, le lendemain. Il a déclaré aux limiers de la CID de Trou-aux-Biches qu’il avait été approché par Eshwarsingh Runjeet, un policier de 22 ans, pour prendre la responsabilité de l’accident contre un paiement. Il avait, au préalable, expliqué aux enquêteurs qu’il était au volant d’une Mitsubishi immatriculée1867 AP 07. Ce jeune policier habitant Petit-Raffray s’est constitué prisonnier, le 29 juin, en présence de son avocat. Pressé de questions, cet élément du poste de police de Trou-aux-Biches a répondu qu’il n’était pas prêt à donner sa version.

 

Le constable Eshwarsingh Runjeet a, par la suite, passé la nuit au poste de police de Pamplemousses. Julien Descombes avait, au préalable procédé à un exercice d’identification. L’employé d’hôtel a formellement identifié le policier comme étant la personne même qui l’a approché pour prendre la responsabilité de l’accident ayant coûté la vie à Tasleem Jahamal. L’enquête policière se poursuit.

 


 

Son époux meurt sous les roues d’un véhicule  de la police à Casela

 

Yovana, l’épouse de Barlen Poullay Varden :«Mo anvi kone ki vitess sa van lapolis-la ti pe roule»

 

Wendy Poullay Varden, plus connu comme Barlen, a eu une mort atroce. Ce Maintenance Officer venait de terminer son service au parc animalier de Casela, et s’apprêtait à rentrer chez lui, lorsque l’impensable s’est produit. Il a été fauché par un véhicule de la police alors qu’il venait de prendre la route sur sa motocyclette. Les faits se sont produits dans la soirée du 24 juin. C’est par le biais d’un collègue que les proches de cet habitant de Bambous ont appris la terrible nouvelle.

 

«Enn koleg inn dir nou ki Barlen inn fer aksidan. Mo ti panse pa grav. Nou finn al lopital Candos apre. Kan monn ariv laba ki monn realize ki so leta pa ti bon. Li ti dan ICU. Plizier dokter ek infirmie ti pe okip li. Mo ti abasourdi net sa ler-la. Enn dokter inn vinn koz ek mwa apre. Mo ti fini doute zafer pa bon. Mo belmer so ser ti ansam ek mwa. Zis apre dokter-la dir mwa mo misie inn desede. So tansion ti ba. So lamor res enn sok terib pou nou», explique Yovana, l’épouse du défunt.

 

Le couple est marié depuis 14 ans, mais n’avait pas d’enfant. Le rapport d’autopsie indique que cet homme de 42 ans a succombé à un «shock following multiple injuries». Yovana et les siens attendent la fin des rites funéraires pour s’enquérir davantage sur les circonstances du drame. «So helmet inn kas an de. So portab inn kraze. Enn kote soulie inn perdi. So motosiklet inn kraz net divan Mo anvi kone ki vitess sa van lapolis-la ti pe roule», précise la veuve de Wendy Poullay Varden.

 

La jeune femme souligne que son époux portait toujours un gilet réfléchissant lorsqu’il prenait la route. Le quadragénaire a été fauché par un véhicule de la District Supporting Unit. Le policier roulait en direction de Rivière-Noire. Ce dernier explique que le motocycliste a surgi, brusquement, sur la route principale. Ce constable souligne qu’il n’a pas pu éviter le pire. Les vigiles du Casela Park se sont rendus sur les lieux du drame après avoir entendu un grand bruit.

 

«Motosiklet Barlen inn voltize kinz met divan», souligne Yovana. Wendy Poullay Varden travaillait au Casela Park depuis 6 ans. Son épouse le décrit comme un «hard worker» qui aimait son travail. Il vivait dans la simplicité, dit-elle. «Li ti travay pou group Medine mem avan. Linn touzour roul dousman. Li ti per pou roul dan Port-Louis. Zame mo ti pou panse pou perdi mo misie koumsa. Li ti dernie garson dan so fami. So lamor enn gran lapert pou nou tou», se lamente Yovana.

 


 

Un motocycliste habitant Grand-Baie meurt après avoir heurté un camion

 

La famille de Sanjay Gour : «Pa kone kinn ariv li»

 

Ils sont dans le flou. Ils veulent comprendre les circonstances du drame. Subiraj Gour, plus connu comme Sanjay, a succombé à ses blessures après un tragique accident de la route survenu, le 26 juin. Cet habitant de Grand-Baie se rendait sur son lieu de travail, à moto lorsqu’il a heurté un camion en panne. Le drame a eu lieu le long du chemin Forbach, à Cottage. Sa famille a appris la triste nouvelle par l’intermédiaire de la police. Un policier avait téléphoné à son fils Hans. A-t-il vu le camion à temps ? Est-ce que la route était bien éclairée, se demandent sans cesse les proches de Sanjay.

 

«Pa kone kinn ariv li», s’indigne sa fille aînée et sa bru. Subiraj Gour travaillait comme Dumper Operator dans la région de Flacq. «Li ti fek rant travay dan enn konpani laba. Lontan li fer sa travay-la», souligne sa fille. Tous les membres de la famille ont le moral «mari down» depuis ce terrible drame. «Mo boper ti enn hard worker. Li ti anvi pass plis letan an fami sa bann dernie letan-la. Li ti ousi anvi okip so ti zanfan ki ena de an edmi», explique sa bru. Le rapport d’autopsie indique que Subiraj Gour a rendu l’âme suite à un «shock following multiple injuries».

 

Le jour fatidique, la police a retrouvé sa motocyclette sur l’asphalte du côté droit de la route. Selon les premiers éléments de l’enquête, le camion était garé sur la route en raison d’une panne. Il y avait un réflecteur triangulaire à l’arrière et à l’avant. Le quinquagénaire avait de multiples blessures et saignait à la tête. Le personnel du Samu a constaté son décès à son arrivée sur place. Le camion accidenté était conduit par un homme de 59 ans, habitant Poudre d’Or Hamlet. Il a dû fournir une caution de Rs 16 000 et signer une reconnaissance de dettes de Rs 75 000 avant de retrouver la liberté. Sa prochaine comparution en cour aura lieu ce vendredi 7 juillet. L’enquête policière se poursuit.

 


 

Nos routes font trois autres victimes

 

La route était trempée et glissante en raison de la pluie. L’endroit où la collision mortelle s’est produite n’était pas éclairé. Ce sont là les raisons qui pourraient expliquer l’accident qui a coûté la vie à Vikram Barrah (4e photo). Ce serveur de 38 ans, plus connu comme Vicky ou encore Yousouf, depuis sa conversion à l’islam, est mort en début de soirée, le 24 juin. Les faits se sont produits, sur l’autoroute à Terre-Rouge. La police s’est rendue sur place vers 17h50. La collision mortelle a eu lieu non loin de la station-service Indian Oil.

 

Sur place, la police a retrouvé un homme inconscient sur le dos sur la voie rapide à côté d’un scooter de la marque Suzuki. Il y avait également un camion de remorquage de la marque Isuzu stationné sur la voie rapide vers Calebasses. Il était conduit par un homme de 45 ans, habitant Crève-Cœur. L’identité du motocycliste a été connue peu après. Il s’agit d’un habitant de Petite-Julie qui travaille à l’hôtel Lux, à Grand-Gaube. Le décès de ce dernier est constaté à l’arrivée du personnel du Samu. Le rapport d’autopsie indique qu’il est mort suite à «shock due to multiple injuries».

 

Le quadragénaire a expliqué à la police qu’il roulait en direction du Nord lorsque le motocycliste aurait d’abord heurté l’arrière de son camion avant de déraper et finir à l’avant de son véhicule. Son alcotest s’est révélé négatif. L’habitant de Crève-Cœur a, toutefois, passé la nuit dans une cellule au poste de police de Terre-Rouge. Il fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire. Vikram Barrah vivait seul dans une maison de la NHDC. Ses funérailles ont eu lieu, selon les rites musulmans, le lendemain.

 

L'accident de Clemance Gibou remonte, par ailleurs, au 17 juin dernier. En début de soirée, ce jour-là, la police de Goodlands l'a retrouvée allongée sur le ventre, sur l'asphalte, sur la route principale de Madame Azor. Elle portait des blessures à la tête et sur tout le corps, et saignait abondamment. Sollicité, le Samu s'est rendu sur place et a conduit cette habitante de la localité âgée de 59 ans à l'hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam pour des soins.

 

D'après l'enquête policière, deux motos seraient impliquées dans cet accident. Le premier motocyliste, un habitant de Goodlands âgé de 20 ans, a été soumis à un alcootest qui s'est avéré négatif. Quant au second - un habitant de Cottage âgé de 30 ans -, il a été testé positif à l'alcootest, avec 105 milligrammes d'alcool dans le sang. Ce dernier a ainsi été placé en détention policière.

 

Après avoir obtenu les premiers soins, Clemance Gibou a été admise au département des soins intensifs. Le 24 juin dernier, son entourage a signé son Discharge Against Medical Advice pour qu'elle puisse s'envoler pour l'ile de la Réunion pour des traitements plus poussés. Les enquêteurs devaient apprendre de son frère, ce jeudi 29 juin, que la quinquagénaire avait rendu l'âme dans un hôpital de l'île Soeur. Il est prévu que sa dépouille soit rapatriée en France pour les funérailles.

 

Enfin, Claire Joseph Richard a, pour sa part, succombé à ses blessures au département des soins intensifs de l'hôpital sir Seewoosagur Ramgoolam ce vendredi 30 juin. L'accident de cet habitant de Riche-Terre de 51 ans, survenu aux abords de la route principale de Terre-Rouge, remonte au 20 juin dernier. Ce jour-là, il était le passager en croupe d'une moto conduite par son ami lorsqu'une fourgonnette est entrée en collision avec leur deux-roues. Légèrement blessé, le motocycliste avait été admis en salle dans un état stable. Claire Joseph Richard a, cependant, eu moins de chance. Ayant subi de graves blessures, il était sous respiration artificielle depuis son hospitalisation mais a rendu l'âme au bout de dix jours. Une autopsie a attribué son décès à des cranio cerebral injuries.

 

Les enquêteurs ont tenté de visionner les images des caméras Safe City afin de déterminer les circonstances de l'accident mais n'ont été en mesure de voir la collision. Une accusation provisoire d'homicide involontaire a été logée contre le motocycliste et le conducteur de la fourgonnette impliquée. L'enquête suit son cours.

 

Textes :Jean Marie Gangaram & Elodie Dalloo