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Arrêté pour le meurtre de sa compagne au Congo, puis relâché pour faits non-établis - Wesley Coosnapa : «Tout s'est écroulé d'un coup dans ma vie»

La vie du quadragénaire a pris une tournure cauchemardesque après le décès tragique de sa compagne (ci-contre).

En septembre dernier, il a beaucoup fait parler de lui car il était soupçonné du meurtre de sa compagne Jessica Mascareigne à Kinshasa, au Congo. Libéré au bout de cinq semaines pour faits non-établis, Wesley Coosnapa a tout perdu du jour au lendemain : son travail, ses économies et peut-être même sa maison dans un futur proche. Pour la première fois, il revient sur cette nuit fatidique qui a chamboulé sa vie à jamais.

Il a fini par être libéré. Mais avant, il a dû passer cinq semaines en détention préventive à la prison de Makala, à Kinshasa, au Congo. Le 18 septembre 2021, le Mauricien Wesley Coosnapa avait été arrêté par la police congolaise après que le corps sans vie de sa compagne Jessica Mascareigne a été retrouvé en bas de l’immeuble Empire, dans la commune de Gombe. Le couple y était établi depuis un an. Wesley Coosnapa était soupçonné de l’avoir tuée en la poussant du balcon de leur appartement, situé au cinquième étage, mais le Parquet a fini par classer l’affaire sans suite pour faits non-établis.

 

«Ils m’ont accusé à tort. C’est pour cela que le procureur m’a relâché. Il n’a pas donné suite à cela car il n’y avait aucune preuve de toute la théorie avancée par la police. J’espère juste pouvoir me retrouver à présent», lâche le jeune homme, plein d’espoir. Mais c’est loin d’être gagné d’avance. Bien qu’il ait été innocenté, il est encore prisonnier de la réputation que lui a faite la presse internationale. Résultat : il n’a pas seulement perdu l’amour de sa vie mais aussi son travail et toutes ses économies.

 

Durant les jours ayant suivi le décès de Jessica Mascareigne – une jeune femme de 31 ans originaire de Vacoas –, toutes sortes d’hypothèses ont été avancées par la police congolaise ainsi que par les médias étrangers. Le groupe de presse congolais pepelenews.com avait fait état, dans un article, du témoignage de l’agent de sécurité des lieux, qui leur aurait indiqué qu’une dispute avait éclaté entre la victime et son compagnon dans leur appartement le soir du drame. Ce même groupe de presse avait avancé que Wesley Coosnapa aurait, par la suite, assené plusieurs coups de poing à sa compagne et l’aurait poignardée, avant de la jeter du cinquième étage de l’immeuble.

 

Le site congoactu.net indiquait, par ailleurs, que le couple était séparé depuis près d’une semaine lorsque le drame s’est produit et que Wesley Coosnapa serait passé aux aveux après son arrestation. «J’ai été transféré à l’OPG, qui est la Centrale de la Police pour les enquêtes, et j’ai raconté au capitaine ce qui s’était produit mais lui voulait me coller un homicide sur le dos. Tout s’est écroulé d’un coup dans ma vie.»

 

Rentré à Maurice en novembre 2021, Wesley Coosnapa, que nous avons rencontré à son domicile, revient pour la première fois sur «ce qui s’est réellement passé» le jour où sa vie a basculé. «J’avais fêté mes 40 ans le 14 septembre et le 18, je venais de franchir une nouvelle étape dans la compagnie où je travaillais. Nous étions en train de célébrer, Jessica et moi, et avions passé une soirée romantique», se remémore-t-il. Contrairement à ce qui certains groupes de presse ont avancé, «je n’avais pas passé la soirée dans un bar. Je n’avais pas quitté la maison ce jour-là». Il était dans le salon, en train de fumer une cigarette tout en écoutant de la musique, quand sa compagne est allée se coucher, dit-il. «Au bout de quelques minutes, j’ai reçu un coup de fil. Il s’agissait du responsable du bâtiment, qui m’appelait pour me dire que ma compagne était tombée du cinquième étage. J’ai couru pour aller la voir dans la chambre mais la porte était fermée de l’intérieur. Je me suis rendu dans la chambre d’à côté, j’ai accédé au balcon, et je l’ai vue étalée sur le sol, recouverte de sang», raconte-t-il, ne contenant plus ses larmes.

 

Arrêté par la police le même soir, il n’a pas été en mesure de voir sa compagne une dernière fois. Il a passé cinq semaines en détention préventive, alors que, dit-il, «la mort a été attribuée à une commotion cérébrale et une hémorragie du foie, provoquée par sa chute. Il n’y avait aucune mention de trace de couteau dans le rapport de police, contrairement à ce qu’avaient indiqué les médias. De plus, de là où elle est tombée, il y avait une seule issue et la porte était fermée de l’intérieur. Je n’aurais jamais pu y avoir accès. D’ailleurs, c’est la police scientifique qui s’est chargée de l’ouvrir et elle n’y a décelé aucune trace de sang alors qu’on m’accusait de l’avoir poignardée».

 

Aucune preuve

 

Au bout de six auditions, le Procureur a établi qu’il n’y avait aucune preuve de ce que la police avait avancé. «Je n’avais jamais levé la main sur ma compagne. Comment a-t-on pu croire que j’aurais pu la pousser du cinquième étage ?» s’insurge-t-il. Toutefois, il s’interroge encore sur les circonstances ayant conduit à ce drame. «J’ai du mal à croire qu’il s’agisse d’un suicide. Elle ne travaillait pas, je gagnais suffisamment pour nous deux. Je lui offrais tout ce dont elle avait besoin. Elle n’a jamais donné l’impression d’aller mal. Il s’agit forcément d’un accident.»

 

Ces cinq semaines en détention à la prison de Makala, à Kinshasa, ont également été une expérience traumatisante. «Je dormais à peine, je passais mon temps à réfléchir. J’étais coupé du monde extérieur et je venais de perdre mon amie, ma confidente. Ce n’est que deux semaines avant d’être libéré qu’on m’a autorisé à prendre contact avec ma famille.» Entre-temps, il était uniquement en contact avec son homme de loi, qu’il voyait une fois par semaine, et un intermédiaire que lui avait envoyé son employeur. «C’était compliqué à gérer. Je n’avais aucune visite, aucun contact avec les membres de ma famille. Même en prison, je devais constamment être aux aguets. Je risquais à tout moment de me faire dérober mes affaires. D’autres détenus m’ont même menacé de mort à cause de l’argent.» Il a dû dormir à même le sol, raconte-t-il, dans la crasse, entouré de rats.

 

Sa remise en liberté a été, pour lui, un véritable soulagement. Mais il était loin de se douter de tous les soucis qui l’attendaient en retrouvant le monde extérieur. «En l’espace de quelques semaines, j’ai tout perdu. À cause de tout ce que la presse a raconté sur moi, j’ai été contraint de donner ma démission et de rentrer à Maurice, sans un sou en poche. J’ai perdu mon travail, mes économies, mais par-dessus tout, j’ai perdu la femme de ma vie. Nous étions heureux ensemble. Nous pensions rentrer à Maurice en janvier, cette année, pour nous marier civilement et repartir au Congo pour que je puisse poursuivre ma carrière. Malheureusement, les choses ont pris une autre tournure», se désole-t-il. Ce qui s’est produit a également beaucoup affecté sa famille à Maurice. Son père, qui était déjà très malade, a quitté ce monde en février, dépassé par les injustices dont il a été victime.

 

Contraint de donner sa démission bien qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui, Wesley Coosnapa tente par tous les moyens de trouver du travail aujourd’hui. «Avec tout ce qui a été écrit, tout devient compliqué. Je suis un professionnel dans l’approvisionnement, je suis devenu directeur commercial sur le plan international mais tout s’est écroulé d’un seul coup. Je risque même de perdre ma maison bientôt», s’inquiète-t-il. «J’avais trouvé un petit boulot mais ça n’allait pas et j’ai dû démissionner. Je suis toujours à la recherche d’un travail, j’essaie de redémarrer ma vie. J’ai été calomnié sur le plan international et cela a porté atteinte à mon image. La mort de Jessica est encore traumatisante pour moi. Se reconstruire après cela est vraiment compliqué. Je dois trouver du travail à présent pour pouvoir me stabiliser. J’ai essayé de me tourner vers d’autres compagnies mais cela n’a pas abouti. J’espère pouvoir me remettre sur pied au plus vite.»

 

Il tient en tout cas à remercier toute sa famille pour le soutien qu’elle lui a apporté durant ces moments difficiles.