• Consommation : les petits business en mal… d’œufs
  • Women Entrepreneur Awards 2024 : le défi de Kirti Sheonarain
  • Jeux olympiques & paralympiques : la France dans les starting-blocks
  • Il a joué dans «Indiana Jones», «The Walking Dead», «Fiasco» et «La Recrue» : les vacances mauriciennes de l’acteur Ethann Isidore
  • Deadpool & Wolverine : les super-héros Marvel s’amusent
  • Il a été jugé coupable du meurtre de Vanessa Lagesse après 23 ans : débats chargés d’émotion autour de la sentence de Bernard Maigrot
  • Jeux olympiques 2024 : nos athlètes en mode conquérant
  • Elle crée une cagnotte en ligne et a recours à l’expertise étrangère pour soigner son enfant gravement malade - Isabel Alves : «Je vais défoncer toutes les portes pour sauver mon fils»
  • La Mauricienne Kamla Beechouk, 62 ans, tuée chez elle à La Réunion - Sa meilleure amie Françoise Virama : «Elle était tout pour moi»
  • Adrien Duval nommé Speaker : analyses autour d’une «stratégie digne d'un jeu d'échec»

Une nouvelle drogue violente met La Réunion en état d’alerte maximale : l’inquiétude gagne du terrain à Maurice

Padma Utchanah, Ally Lazer et Kunal Naïk ne cachent pas leurs appréhensions face à cette nouvelle drogue mortelle qui fait des ravages à l’île Soeur.

Elle est dite mortelle et suscite beaucoup d’appréhensions à La Réunion depuis juin 2023. Malgré un état d’alerte maximale concernant cette drogue de synthèse hyper dangereuse, elle a malheureusement déjà fait trois victimes là-bas. Et à Maurice, ceux qui sont sur le terrain disent craindre que ce produit fatal ne débarque et fasse des ravages. D’autant que les autorités concernées ne semblent pas être en train d’agir pour empêcher cela.

500 fois plus puissante que l’héroïne ! C’est ainsi que l’Agence régionale de santé de l’île Sœur qualifie cette nouvelle drogue de synthèse qui n’a, pour l’instant, pas encore été identifiée, mais qui a déjà fait trois morts alors que six autres usagers sont en réanimation. Les autorités à La Réunion se sont mobilisées après la multiplication d’overdoses liées à cette nouvelle substance et invitent la population de l’île à la plus grande vigilance, surtout les consommateurs de cigarettes, car, selon les informations collectées, il se pourrait qu’elle soit cachée dans des cigarettes ou autres produits.

 

«Nous avons été alertés de cas d’intoxications graves avec ce qui est probablement des drogues de synthèses. Ces intoxications ont mené à plusieurs décès et à des hospitalisations. Nous alertons les consommateurs de l’usage de ce type de substances qui sont non maîtrisées», a déclaré Nicolas Thévenet, directeur adjoint de la veille sanitaire à l’Agence régionale de Santé dans les colonnes de Zinfos 974, avant d’ajouter : «Les symptômes sont vus très rapidement après la prise du produit, dans les secondes ou les minutes qui suivent. Cette drogue provoque des asphyxies qui amènent à l’incapacité de respirer et qui demandent la prise en charge immédiate et urgente des personnes.»

 

De l’île de La Réunion à l’île Maurice, il n’y a qu’un pas et quand on connaît la somme de trafic qu’il y a sur cet axe, la question est : combien de temps avant que cette drogue fasse son apparition – si ce n’est pas déjà le cas – et des ravages chez nous ? C’est en tout cas ce que se demandent ceux qui travaillent dans le domaine de la lutte contre la toxicomanie et  d’autres activistes sociaux et politiques. D’autant que, malgré la sonnette d’alarme tirée par les autorités de l’île Sœur, ils ressentent comme de l’indifférence de la part des autorités mauriciennes face à ce danger imminent, comme l’exprime Padma Utchanah, présidente du Ralliement Citoyen pour la Patrie : «L’île Sœur est en alerte maximale, car depuis le mois de juin, une nouvelle drogue de synthèse mortelle a fait son apparition. L'île de Réunion compte déjà trois décès et six hospitalisations graves. Ce poison a déjà fait des dégâts et sa dangerosité est telle qu'elle peut provoquer des overdoses presque instantanées. C'est juste une question de secondes ! Alors qu'en est-il à Maurice ? Alors que le trafic de drogue bat son plein à Maurice, on sait que le circuit maritime est une vraie passoire. Le transit aéroportuaire entre Réunion-Maurice est comme un jeu d'enfant pour les trafiquants de ces deux îles.»

 

Elle montre du doigt la responsabilité des autorités mauriciennes : «Je présume que les autorités françaises qui travaillent en étroite collaboration avec Maurice ont dû alerter le gouvernement mauricien depuis le mois de juin de ce nouveau poison sur le marché. Et pourtant, on n’entend rien. Est-ce que les trafiquants sont devenus sages et préfèrent ne pas toucher à ces opiacés ou est-ce que, tout simplement, le gouvernement mauricien nous cache délibérément des cas ? Ne me dites surtout pas que depuis le mois de juin, le gouvernement mauricien n'est pas au courant ? Est-ce que ces drogues de synthèse pullulent déjà dans notre pays ? Combien de cas, liés à cet opiacé, l'hôpital a rapporté au ministère de la Santé ? Quelles sont les mesures prises par les autorités mauriciennes pour faire barrage à cette nouvelle drogue 500 fois plus mortelle que l’héroïne ? J'attends des réponses du gouvernement, du ministre de la Santé, des différentes unités de police et du CP. La population mauricienne attend une réponse ferme et pas de discours démagogiques.»

 

Plus de 100 000 morts

 

Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux, ne cache pas, non plus, son inquiétude face à la situation préoccupante à l’île Soeur concernant cette nouvelle drogue, mais aussi face à l’inaction des autorités d’ici. Pour lui, qui est en contact avec ses confrères de La Réunion, le gouvernement aurait déjà dû venir de l’avant avec une stratégie de prévention nationale. «Ceux avec qui je suis en contact à La Réunion ne cessent de me dire qu’il faut que nous avertissions et sensibilisions nos jeunes à ce sujet. Mais je sais que nous ne pourrons pas attendre les autorités. Car elles ont tendance à réagir tardivement. Par exemple, c’est tout récemment qu’elles ont découvert le papier blanc, appelé aussi simik konfeti, qui vient sous la forme de feuilles de papier. Donc, imaginez-vous, depuis le temps, combien de papiers sont entrés dans le pays ? Tout comme quand, il y a cinq ans de cela, je tirais la sonnette d’alarme concernant la drogue de synthèse, un fonctionnaire avait dit que j’inventais. Une semaine après, on a arrêté un étudiant de l’université avec une grande quantité de drogue de synthèse.»

 

Il faut des actions, insiste le travailleur social : «Il nous faut une stratégie de prévention et non des grands dialogues et surtout, cesser cette stratégie de apre lamor la tizann. Car nous devons aussi nous dire que notre proximité avec La Réunion et le fait que nous soyons une passoire pour la drogue ne nous préservera pas pour longtemps. La Réunion, qui n’a pas de gros problème de drogue de synthèse, se retrouve face à une drogue violente et décide de faire le maximum pour sensibiliser au mieux sa population et d’agir. Mais pas nous, à qui les Nations Unies décernent depuis 20 ans la médaille d’or pour la consommation de l’héroïne alors que ce n’est pas produit chez nous, et qui avons aussi maintenant la médaille d’or s’agissant de la consommation de drogue synthétique. Donc qu’attendons-nous pour réagir face à ce danger qui nous guette ?»

 

Kunal Naïk, psychologue-addictologue, a, lui aussi, des appréhensions concernant cette nouvelle drogue de synthèse très dangereuse. «Quand je vois ce qui se passe à La Réunion et les informations qui circulent et qui, surtout, mentionnent que cette drogue est 500 fois plus puissante que l’héroïne, c’est très inquiétant pour Maurice. Car cela démontre que c’est un opiacé qui a été synthétisé. Et selon moi, c’est un dérivé ou quelque chose de similaire au Fentanyl qui a causé énormément de dégâts dans le monde, surtout en Amérique avec plus de 100 000 morts. Donc, comme les drogues circulent entre les îles, il se peut que le produit soit déjà là ou qu’il arrivera bientôt à Maurice. Et quand ce sera le cas, on verra mourir un grand nombre de personnes. Car la consommation d’opiacés à Maurice est énorme comparativement à La Réunion. Ici, nous avons environ 10 000 consommateurs d’opiacés, alors que là-bas, il y en a 200 personnes et l’île compte déjà trois victimes. Donc, j’appréhende car je sais que nous ne sommes pas équipés comme il se doit pour aider les personnes, comme, par exemple, avec la distribution de Nanoxone. Quoiqu’il en soit, cette drogue telle qu’elle est décrite, fera beaucoup de victimes si elle arrive ici.»

 

Que feront les autorités pour la contrer ? Quelle stratégie adopteront-elles ? Quelles sont les mesures préventives qui seront enclenchées ? Autant de questions qui demeurent sans réponse. D’ailleurs, nous avons essayé, en vain, de joindre le National Drug Secretariat à ce sujet. Celui-ci n’a émis aucun communiqué non plus pour dire sa position sur la question. Et  au niveau du ministère de la Santé, on nous confirme qu’aucune information n’a été communiquée au sujet de cette nouvelle drogue très dangereuse.