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Thaipoosam Cavadee : Le Shree Mariammen Tirrukkovil, à l’heure des célébrations

Selven Colanthay, le président du kovil entouré d’Armoogum Ramsamy et de Sheik Maudarbocus.

Son histoire a commencé en 1930 et pourtant, le Shree Mariammen Tirrukkovil célébrera le Thaipoosam Cavadee pour la première fois le samedi 8 février. À une semaine du grand jour, les préparatifs battent leur plein.

Ils attendent ce moment depuis longtemps. Des années même. Pour la première fois, plusieurs familles tamoules habitant le quartier de La Mairée, à Eau-Coulée, s’apprêtent à vivre un Thaipoosam Cavadee fort en émotion. Cette célébration religieuse, qui aura lieu le 8 février, est l’un des rendez-vous majeurs du calendrier tamoul.

 

À moins d’une semaine du grand jour, les préparatifs vont bon train au Shree Mariammen Tirrukkovil. Le jeudi 30 janvier, le coup d’envoi de ces célébrations a été donné très tôt le matin, avec le lever du drapeau, le kodi, qui signifie le début du jeûne. Depuis, tous les soirs, des séances de prière y ont lieu pour préparer les dévots qui porteront le cavadee.

 

Si ce moment est si spécial pour ces familles, c’est parce que, pour la toute première fois, elles procéderont au Thaipoosam Cavadee, qui met à l’honneur le dieu Muruga, dans leur kovil, un temple flambant neuf qui a été construit il y a tout juste trois mois. Pourtant, l’histoire du Shree Mariammen Tirrukkovil remonte à bien plus longtemps que ça.

 

Assise dans son salon, Mardaye Sunnassee, 109 ans, dont la maison se trouve juste à l’arrière du kovil, ne cache pas sa joie. C’est en 1930, raconte-t-elle, qu’elle a déposé, au pied d’un arbre se trouvant dans sa cour, la statuette d’une divinité. «Avant, nous étions pauvres et avions très peu de moyens. Mo ti met enn Ammen anba enn pie lila. C’était le lieu où nous allions nous recueillir pour prier.»

 

Au fil des années, la famille a commencé à s’agrandir. Mardaye, qu’on appelle affectueusement Amaye, et sa famille ont alors monté un petit temple en tôle en plaçant Ammen, aussi connu comme Durga, mais aussi Muruga et d’autres divinités. Armoogum Ramsamy, petit-fils de la centenaire, se rappelle encore du temple lorsque celui-ci n’était encore qu’une petite bicoque en tôle.

 

La structure est restée ainsi pendant des années, accueillant non seulement leur grande famille mais aussi plusieurs habitants de la région qui ont toujours rêvé de pouvoir construire un jour leur kovil. C’est ainsi qu’il y a quelques mois, ce désir a finalement pris forme.

 

Selven Colanthay, le président et l’un des arrière petits-enfants de Mardaye, est particulièrement fier du chemin parcouru pour en arriver là. C’est, dit-il, une grande réalisation qui remplit de joie tous ceux qui fréquentent ce temple dont la construction a pris deux ans. «Tout le monde a contribué d’une manière ou d’une autre à construire ce temple. Il n’est pas très grand mais il est très beau et porte derrière lui une belle histoire.»

 

Une grâce

 

Célébrer le Thaipoosam Cavadee et honorer le dieu Muruga dans ce nouveau temple est pour Armoogum Ramsamy une grâce, une bénédiction qu’il honore. «Muruga représente beaucoup pour nous, particulièrement pour ma famille et moi. Pendant longtemps, avec ma femme, nous n’avions pas d’enfants. Nous l’avions prié tous les jours et il nous a permis d’avoir deux fils. Nous lui devons tout notre amour et notre dévotion.»

 

Comme pour la construction du Shree Mariammen Tirrukkovil, la solidarité est une nouvelle fois à l’ordre du jour lorsqu’il s’agit de préparer le Thaipoosam Cavadee. Tout le monde, souligne Selven Colanthay, apporte sa contribution. Le jour précédent le début du carême, plusieurs d’entre eux se sont réunis au temple pour le préparer et le décorer. «C’est une grande organisation et pour nous, ce sera un baptême du feu. Tout le monde participe. Certains s’occupent de la décoration, du repas, de la sonorisation ou encore de la lumière. C’est un travail d’équipe.»

 

Pour Sheik Maudarbocus, petit-fils de la centenaire, ce moment sera invraisemblablement exceptionnel. C’est avec une grande émotion qu’il s’apprête à vivre ce moment. «Le Thaipoosam Cavadee est un moment important pour la communauté car il s’agit de la première célébration de l’année. Pour nous, ce moment sera d’autant plus extraordinaire car nous allons le célébrer pour la première fois dans notre kovil. C’est une chance énorme.»

 

Samedi prochain, poursuit-il, les dévots se réveilleront avant l’aube pour se rendre au temple afin d’assister à une première séance de prière. Ensuite, ils prendront la direction d’une rivière un peu plus loin, où ils procéderont aux rituels d’usage.

 

Par la suite, c’est en procession, avec leur cavadee sur le dos, qu’ils reprendront le chemin du kovil. Selven Colanthay sera celui qui mènera la procession et portera sur ses épaules le kol cavadee qui représente celui du temple. «C’est un grand moment. Pendant dix jours, nous nous délaissons de tout ce qui est matériel et plaçons notre vie sous le signe du sacrifice. Nous nous consacrons à Muruga et faisons en sorte que notre vie soit la plus spirituelle possible.»

 

Mardaye Sunnassee, elle, ne pouvait pas rêver mieux. Elle est d’ailleurs tout émue d’assister à ce grand moment. Il y a 90 ans, elle avait posé la première pierre de ce kovil, un temple qui a réuni des familles, vu traverser des générations et des générations, et qui connaîtra certainement encore de belles années.

 


 

Il était une fois… Thaipoosam Cavadee 2020

 

Un guide qui, en cette période de jeûne, donne des explications sur le carême et le Thaipoosam Cavadee. C’est le cœur même du livre Thaipoosam Cavadee 2020. À l’initiative de Sri Govindarajen Payniandy Gurukal MSK, cet ouvrage sera lancé le mardi 4 février par le ministre des Finances Renganaden Padayachy.

 

«Ce livre a été écrit pour être un guide spirituel durant le Thaipoosam Cavadee. Thai signifie mi-janvier ou mi-février et poosam veut dire les étoiles ou astres de Muruga. Et pour les dévots, ferveur et sacrifices sont de rigueur pendant ces dix jours qui culmineront vers la célébration du Thaipoosam Cavadee», explique Sri Govindarajen Payniandy Gurukal.

 

«C’est un moment d’intenses émotions pour les dévots qui vivent là l’une des célébrations les plus importantes de leur calendrier. Je qualifie cette période de voyage initiatique de la foi où les dévots sont invités à se transformer pour le meilleur et leur spiritualité est en éveil. Le dieu Shiva et la déesse Parvati ont confié à leur fils Muruga la responsabilité de lutter contre l’injustice, l’égoïsme et l’avarice, entre autres. Il se munit de son vel (lance divine) pour combattre les démons. Cette fête symbolise avant tout le sacrifice de soi car les dévots prônent l’abstinence et renoncent au confort pendant dix jours.»