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Stephan Steward Toussaint, 29 ans, tué pour «une affaire de moeurs» - Stephanie, sa compagne : «On le blâme injustement sans qu’il soit là pour se défendre»

Le suspect a comparu devant la BRC ce samedi 21 janvier.

La vie lui a été ôtée de manière violente et tragique. Ce vendredi 20 janvier, Stephan Steward Toussaint, un habitant de Cité EDC, Caroline, âgé de 29 ans, a poussé son dernier souffle après s'être vidé de son sang, quelques minutes après avoir été agressé au sabre par un habitant de sa localité. Ce dernier, qui a été appréhendé, avance avoir commis ce crime parce que la victime l'aurait agressé sexuellement ; des accusations que réfute l'entourage du jeune homme. Témoignages. 

Ils avaient tant de rêves et de projets pour l’avenir. En couple depuis quatre ans, Stephan Steward Toussaint, 29 ans, et sa compagne Stephanie Charlot, 31 ans, venaient tout juste d’emménager ensemble à Cité EDC, Caroline. Après en avoir discuté à maintes reprises, tous deux, séparés de leur précédent.e conjoint.e et parents de trois et deux enfants respectivement, voulaient une fois pour toutes officialiser leur union en se disant «oui». «Depi lontan li ti pe dir mwa nou marye sivil. Je lui avais toujours répondu qu’il faudrait que nous prenions notre temps, vu que nous avions tous les deux déjà été mariés.» Cette année, se sentant prête à franchir ce cap, Stéphanie avait fini par accepter sa proposition. «Je voulais que nous le fassions en juin, à l’occasion de mon anniversaire», lâche la jeune femme avec amertume car ce qui allait être l’un des plus heureux événements de sa vie ne se produira jamais.

 

Le vendredi 20 janvier, à la mi-journée, la jeune femme était assoupie dans sa chambre à coucher lorsqu’un proche est venu la réveiller soudainement. «Je pensais que Steward l’avait envoyé me taquiner, comme il le fait toujours, mais cet ami est venu me dire qu’il avait été agressé dans la rue.» Lorsqu’elle a couru vers l’extérieur, dit-elle, «mo pann mem resi trouv mo misie enn dernye fwa. Monn trouv li nek aswar, kan inn amenn li pou met li lor kanape». Sa triste et tragique fin, Steward la doit à Imteaz Deedar, un habitant de la localité, âgé de 40 ans, plus connu sous le nom de Touty, qui l’a agressé au sabre. Une autopsie a attribué sa mort à une «exsanguination following transection of left femoral artery».

 

Arrêté par la police de Rivière-Sèche, Imteaz Deedar est passé aux aveux. Soumis à un feu roulant de questions, il a déclaré aux enquêteurs s’en être pris au jeune homme, qui allait célébrer ses 30 ans le 25 mars, parce que celui-ci, ainsi que ses amis, l’auraient agressé sexuellement le 31 décembre dernier ; des accusations que les proches de la victime réfutent avec insistance. Après avoir passé la nuit en détention, le suspect a comparu devant la Bail & Remand Court (BRC) pour meurtre le samedi 21 janvier.

 

À Caroline, la mauvaise nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, entraînant tristesse, indignation et colère, plus spécialement dans l’entourage de la victime. «On le blâme injustement, sans qu’il soit là pour se défendre», déplore Stéphanie. Défendant son compagnon bec et ongles de ce dont l’accuse le suspect Imteaz Deedar, elle explique : «Sa zour ki li pe dir inn ariv sa-la, Steward ti ek mwa enn zourne. Il souffrait de maux de ventre tandis que ma fille avait contracté une infection. Nous nous étions rendus à l’hôpital de Flacq pour des soins et lorsque nous sommes rentrés, nous avons passé la soirée ensemble. Nous n’avons même pas pu célébrer le Nouvel An car tous deux étaient malades ; j’ai passé la soirée à m’occuper d’eux. Comment cet homme peut-il inventer une chose pareille ?» La jeune femme poursuit, révoltée : «Zot pe met fos sarz lor li, pe pwint ledwa lor li, alor ki zot pa mem kone kinn arive.»

 

Désirée Mulet, la tante de la victime, abonde dans le même sens : «Mon neveu vit avec sa compagne et a trois enfants ; comment peut-on penser qu’il ait été capable d’une telle chose ?» Bien qu’elle se dise convaincue qu’il n’a pas commis un tel acte, elle lâche : «Mem si mo neve ti fer enn kitsoz koumsa, nanye pa donn sa dimounn-la drwa pou vinn tir so lavi.» Selon elle, «linn perdi so lavi pou nanye». D’après Désirée Mulet, l’individu ayant ôté la vie de son neveu souffrirait de troubles mentaux. «Linn deza bat dimounn, sekestre zot ; mo ti temwin. D’autant qu’après avoir agressé mon neveu, il a lui-même déclaré qu’il ne ferait pas long feu en prison parce qu’il suit déjà un traitement à l’hôpital psychiatrique.» Ne cachant pas sa colère, elle lâche : «Nou pou gete ki pou ariv li apre. Nou espere ki lapolis fer so lanket bien, ki resi kone pou ki rezon inn ariv tousala olie met tas lor nou fami.»

 

Bouleversée, Annette, la mère de Steward, n’arrive pas à contenir ses larmes. Anéantie suite au décès de son benjamin, son «bras droit», elle lâche, en pleurs : «Tou problem mo ti ena mo ti pe kriye li, li ti pe vinn rezoud tou limem. Si li ti malad, mo ti pou aksepte, me dimounn inn pran li inn touye, inn tir so lavi lor sime. Je me suis démenée pour offrir le meilleur à mes enfants. Mon mari étant pêcheur, j’ai travaillé dans les champs de cannes, à l’usine et dans des plantations de légumes pour que mes enfants ne manquent de rien. Zordi, monn perdi mo zanfan, li pa fasil pou mwa an tan ki enn mama.» Elle ne tarit pas d’éloges sur son enfant parti tragiquement. «Li ti enn bon garson, kontan rann servis, li pa ti kontan kan fer dominer ar dimounn.» Même son de cloche du côté de Stephanie qui décrit son compagnon comme «enn dimounn mari korek, ki pa gagn problem ar personn. O kontrer, li pran par kan dimounn ena problem. Li ti ena so move kote me pou mwa, li ti enn zom parfe».

 

Comptant sur les autorités pour faire la lumière sur cette affaire «afin que se taisent les mauvaises langues», l’entourage de Steward Toussaint lance un appel à la police pour qu’elle «découvre les réelles raisons ayant conduit à son meurtre». L’enquête suit son cours.

 

Steward Toussaint a rejoint sa dernière demeure ce samedi 21 janvier, laissant derrière lui sa compagne, ses trois filles âgées entre 5 et 11 ans, et toute une famille inconsolable.

 

Texte : Elodie Dalloo et Stephanie Domingue