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Shazia et Adiilah Oozeerally dénoncées comme les cerveaux d’un trafic de cocaïne - Leur soeur : «Mo sagrin ki zot pe viv enn zafer parey»

Shazia et Adiilah nient, pour l'heure, toute implication dans cette affaire.

Elles étaient, jusqu’ici, deux femmes sans histoires. Mais depuis le début de la semaine, Shazia Oozeerally-Jaffar, 33 ans, et Adiilah Oozeerally-Salaroo, 42 ans, ont commencé à beaucoup faire parler d’elles après avoir été dénoncées par Abdool Rahim Hussein comme étant les présumés cerveaux d’un réseau de trafic de cocaïne. Elles ont été appréhendées après la saisie d’environ 8 kilos de cette drogue. Une de leurs soeurs, partagée entre choc et interrogations, se confie. 

Dans la région de Plaine-Verte, ainsi que dans les faubourgs avoisinants, elles semblent être très populaires. Donc, après que les soeurs Shazia Oozeerally-Jaffar, 33 ans, et Adiilah Oozeerally-Salaroo, 42 ans, ont été appréhendées dans une affaire de trafic de cocaïne ce lundi 11 septembre, cela va sans dire que la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans le quartier où elles ont grandi. Depuis que les médias ont relayé l’information sur les réseaux, les commentaires haineux ne cessent de pleuvoir, les faux comptes visant à dire du mal d’elles n’arrêtent pas d’apparaître, démontrant qu’elles étaient, certes, appréciées par certains, mais aussi et surtout fortement méprisées par d’autres.

 

Néanmoins, tous semblent choqués et surpris de leur implication dans cette délicate affaire où elles ont été désignées comme les cerveaux présumés, car elles seraient issues d’un milieu plutôt modeste et n’auraient jamais eu le financement nécessaire pour faire l’acquisition de 8 kilos de cette drogue destinée surtout aux fêtards et aux riches. D’ailleurs, depuis que les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) leur ont passé les menottes, elles n’ont cessé de clamer leur innocence et ont retenu les services de Mes Anoop Goodary et Sanjeev Teeluckdharry pour assurer leur défense. Sont-elles victimes d’une machination, comme elles l’affirment ? Ou ont-elles bénéficié du soutien financier d’un caïd, comme présument d’autres ? La suite de l’enquête le déterminera certainement.

 

Shazia et Adiilah sont les cadettes d’une fratrie de cinq enfants. Elles ont deux soeurs plus âgées, issues de la première union de leur défunt père, et une autre, plus jeune, issue de la seconde. Depuis leur arrestation, les membres de leur entourage vivent un véritable cauchemar car ils n’auraient jamais imaginé que leur nom serait, un jour, associé à une telle affaire. Pour cause, dans leur quartier, tous se souviennent que leur père Shariff était un haut gradé de la force policière. Il est décédé en 2003, à peine deux semaines après avoir été promu assistant surintendant de police (ASP), laisse entendre une proche. L’une de leurs soeurs, que nous avons sollicitée, ne cache pas son agacement. «Tou dimoun pe dir ASP so bann tifi sa», se désole-t-elle, tout en affirmant : «Mon père a toujours été quelqu’un de bien, d’intègre, qui a toujours bien fait son travail et était contre les histoires de drogue. Mo papa ti touzour anvi ki nou arive dan lavi, li ti pe pous nou dan ledikasion, me li malere si toutfwa zot pann konn swiv enn bon sime ek pe sali so nom.»

 

Les limiers de la MCIT se sont intéressés aux soeurs Oozeerally suite aux dénonciations d’Abdool Rahim Mohammed Hussein, qui est très connu des services de police (voir hors-texte). Dans l’après-midi du lundi 11 septembre, ce Portlouisien de 38 ans s’est rendu aux Casernes centrales et a insisté pour parler à un haut gradé d’une «affaire sérieuse». Il a ainsi déclaré détenir des informations sur le fonctionnement d’un réseau de drogue, dont il ferait lui-même partie, et pouvoir donner les noms des personnes impliquées, soit ses complices. Abdool Rahim a déclaré vouloir balancer ses acolytes, car ils auraient refusé de lui remettre sa part du butin comme préalablement convenu après qu’il les aurait aidés à dissimuler une partie de la drogue.

 

Ce faisant, il a également tenté de négocier le statut de star witness dans cette affaire lorsqu’il fera face à son procès. Bien que les enquêteurs, plutôt sceptiques au début, ne lui ont donné aucune garantie à ce stade, Abdool Rahim les a conduits aux endroits où la cocaïne avait été dissimulée : près de la plage de Poste-la-Fayette, où un premier colis de cette drogue a été déterré, et dans les parages de Ferney, où d’autres colis ont été découverts. Au total, environ 8 kilos de drogue s’élevant à plus de Rs 100 M ont été saisis.

 

Allégations

 

Avec ces colis de drogue comme preuve de sa crédibilité, les enquêteurs de la MCIT ont invité le trentenaire  à leur fournir plus d’informations sur ce réseau de drogue. C’est ainsi qu’il a d’abord conduit les enquêteurs jusqu’à son complice présumé Haider Rattan, un habitant de Vallée-des-Prêtres de 38 ans. En voyant débarquer la police, ce dernier, pris de panique, a aussitôt remis aux enquêteurs le colis qui se trouvait en sa possession et qui renfermait 500 grammes de cocaïne. Il leur a déclaré qu’il ne faisait qu’agir comme «Store Keeper» pour les soeurs Oozeerally, qui seraient les véritables cerveaux du réseau ; une information confirmée par le dénonciateur Abdool Rahim. Les limiers de la MCIT ont, par la suite, procédé à l’arrestation de Shazia et Adiilah, domiciliées à Plaine-Verte et Pailles respectivement. Après une fouille de leur domicile, Rs 50 000 ont été récupérées chez la première, tandis qu’une somme de Rs 900 000 a été saisie chez la seconde. La voiture de Shazia a également été saisie.

 

Conduites aux Casernes centrales, les deux soeurs ont été informées des allégations faites contre elles et ont dû s’expliquer sur la provenance de l’argent saisi chez elles. Elles ont d’abord réfuté toute implication dans le trafic et avancé être les victimes d’un coup monté. Puis, la première, qui exerce le métier de Make-up Artist, a expliqué que les Rs 50 000 proviendraient des activités de son salon d’esthétique et la seconde, une coiffeuse, a déclaré que les Rs 900 000 appartiendraient à son époux. D’ailleurs, dès le lendemain, l’époux d’Adiilah a rencontré les enquêteurs pour consigner un statement. Il a affirmé travailler comme courtier et que l’argent saisi chez eux proviendrait de la vente de voitures ; des faits qui auraient été confirmés grâce à des documents relatifs aux récentes transactions de son entreprise. Néanmoins, à ce stade, les enquêteurs continuent de prendre chaque déclaration avec des pincettes.

 

«Mauvaises fréquentations»

 

Depuis l’arrestation de Shazia et Adiilah, notre interlocutrice n’arrive plus à fermer l’oeil. En tentant de rassembler toutes les pièces du puzzle, elle se remémore que l’une de ses connaissances s’interrogeait sur les «mauvaises fréquentations» de Shazia, l’ayant aperçue, quelques jours plus tôt, en compagnie d’Abdool Rahim. Bien qu’elle ne blâme ni ne dédouane ses soeurs vu que, dit-elle, «mo pa konn nanye dan sa bann zafer ladrog-la», elle avoue s’inquiéter non seulement de leur sort mais aussi de celui de leurs enfants car Shazia et Adiilah ont chacune deux filles. «Mo pa kapav dir si zot inplike dan sa trafik-la, me mo kone ki zot inn touzour bien tret zot bann zanfan ek zot ti bann mama exampler. Mo sagrin ki zot pe viv enn zafer parey.» Elle dit compter sur les forces de l’ordre pour faire la lumière dans cette affaire et situer les responsabilités au plus vite.

 

Le mardi 12 septembre, les quatre suspects ont comparu devant le tribunal pour leur mise en accusation provisoire avant d’être reconduits en cellule. Pour l’heure, Haider Rattan et les soeurs Oozeerally font l’objet d’une inculpation de trafic de drogue. Cependant, la charge retenue contre Shazia et Adiilah pourrait changer à tout moment vu que rien ne les accuse encore directement. Quant à Abdool Rahim, une accusation provisoire de conspiracy a été retenue contre lui. L’enquête étant toujours au stade préliminaire, ce dernier n’a encore aucune garantie que le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) lui accordera l’immunité lors de son procès. Pour l’heure, les limiers de la MCIT passent à la loupe les relevés téléphoniques des protagonistes et comptent s’intéresser aux fréquentations des deux femmes vu que celles-ci n’auraient pas le financement nécessaire pour l’importation d’une aussi grande quantité de cocaïne. L’interrogatoire formel des quatre suspects devrait débuter incessamment.

 


 

Abdool Rahim Hussein, le collectionneur de frasques

 

 

À chaque fois que son nom est cité, tous se remémorent en particulier de l’affaire Bet365 et du Yerrigadoo Gate ; l’affaire qui l’a rendu «populaire». Cela remonte à 2017. Abdool Rahim Hussein avait alors approché un groupe de presse pour dénoncer un scandale dans lequel était impliqué l’Attorney General d’alors, Ravi Yerrigadoo. Il avait avancé avoir effectué des déplacements à l’étranger pour aider Ravi Yerrigadoo à ouvrir des comptes bancaires en Suisse et que celui-ci devait, en contrepartie, l’aider à recouvrer ses soi-disant gains de Bet 365. Il l’avait accusé de faire partie d’un réseau de blanchiment d’argent, avant de se rétracter par la suite. Cependant, des damning documents relatifs à l’affaire n’avaient pu dédouaner Ravi Yerrigadoo, qui avait dû démissionner de son poste.

 

Dans un autre registre, Abdool Rahim Hussein a aussi un lourd casier judiciaire. En 2019, la Française Emmeline Gautheron a porté plainte contre lui à Paris, puis aux Casernes centrales, pour viol, menaces, chantage et escroquerie. Elle a avancé lui avoir remis environ Rs 1, 6 M. Après elle, une autre femme a accusé Abdool Rahim Hussein de faits similaires remontant à 2016, avançant que le trentenaire l’aurait menacée sur Facebook tout en se faisant passer pour une autre personne. Abdool Rahim Hussein est aussi accusé d’avoir escroqué un policier d’une somme de Rs 500 000 en 2014. Avant cela, il aurait également soutiré une somme similaire à sa compagne d’alors. Sans compter qu’il fait également l’objet d’une accusation d’agression sur un enseignant.