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Résidence Anoska dit non aux préjugés

Ricarl Pierre-Louis (extrême gauche) et les autres membres des forces vives d’Anoska ne veulent pas que les habitants de l’endroit soient stigmatisés.

Les récents événements qui stigmatisent leur quartier ne les laissent pas indifférents. Mais ils tiennent à rappeler qu’il n’y a pas que des cas d’abus sexuels sur les enfants ou d’autres faits divers effroyables à Résidence Anoska. Il y a aussi et surtout des habitants qui veulent être valorisés. Ils comptent sur le plan d’action du bureau de l’Ombudsperson for Children pour s’en sortir et mettre fin, une fois pour toutes, aux préjugés dont ils sont victimes au quotidien.

Quand on pense à Cité Anoska, on ne peut s’empêcher de penser à tous les drames qui s’y sont déroulés. On pense à la petite Eléana Gentil, 11 ans, agressée sexuellement et assassinée en 2015 ; à l’agression sexuelle de deux sœurs mineures par deux adultes ; et à celle d’une adolescente de 15 ans par deux cousins, entre autres. Ou encore à cette bagarre sanglante qui a fait plusieurs blessés dans une famille le 16 août (voir plus bas). On pense aussi à tous les fléaux qui gangrènent ce quartier : la misère – il figure sur la liste des poches de pauvreté de l’île –, la drogue, l’alcoolisme, la promiscuité, les grossesses précoces… Certes, il y a des choses moches qui s’y passent. Mais ce n’est pas tout. Loin de là. Et ça, les habitants de cette localité de 16e Mille, à Forest-Side, tiennent à le souligner, à l’affirmer, à le crier même. 

 

Oui, ceux qui résident à Cité Anoska n’en peuvent plus d’être stigmatisés et militent sans relâche pour qu’on les reconnaisse à leur vraie valeur. Ricarl Pierre-Louis, 64 ans, doyen et porte-parole des forces vives et d’autres travailleurs sociaux de cette localité, fait une mise au point : «Pena zis move nouvel dan nou landrwa. Ena bon kitsoz osi dan Anoska me li domaz zame pa tann dimounn koz sa selma», souligne celui qui vit à Cité Anoska depuis sa création, soit depuis le 19 février 1999. Les autres habitants et lui se sont établis là après avoir été forcés de quitter le village de La Pipe. Joseph Agathe, autre membre des forces vives, est du même avis : «Mo trwaziem tifi ena enn Master. Ena zanfan isi kinn vinn dokter. Ena osi avoka me sa zame dimounn pou koze. Zis kan ariv kitsoz ki pa bon ki dimounn pou koze. Nou anvi plis valorizasion.»

 

Plan d'action

 

Le quotidien de Ricarl, Joseph et des autres pourrait bien prendre une autre tournure avec le plan d’action proposé par le bureau de l’Ombudsperson for Children (voir hors-texte). Car, s’il concerne avant tout les enfants, ce plan s’étend aussi à tous ceux qui habitent la région car la participation de tous est demandée. Son but est de renforcer le filet de sécurité pour protéger les enfants de la résidence de toutes les formes d'abus grâce au partenariat dynamique entre les membres de la communauté et les professionnels de l'enfance. Il est né suite à un forum organisé par le bureau de l’Ombudsperson, les 12 et 13 août, et qui a vu la participation des habitants, de plusieurs ONG et de la directrice de la CDU.

 

Pacaline Labiche, une participante, apprécie le travail effectué par Rita Venkatasawmy et les officiers de son bureau. «Nou finn sorti grandi de sa forum-la», dit la jeune femme. Anderson Azie, autre participant et travailleur social a, pour sa part, beaucoup appris sur les droits des enfants. «Il y a beaucoup de lois qui protègent les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans. Leur protection est très importante», souligne-t-il. Joseph Agathe acquiesce : «Un enfant est un cadeau de Dieu. Il ne faut pas le maltraiter. Le plus gros travail doit maintenant se faire avec les parents. Être parent, ce n’est pas seulement travailler pour acheter de la nourriture et d'autres nécessités pour la famille.»

 

Les forces vives de Cité Anoska veulent surtout mettre fin aux préjugés dont les habitants de cette localité font l’objet. «Regar dimounn sanze kan nou dir zot nou res Anoska. Nou bann madam gagn difikilte pou gagn travay. Bann lezot zanfan riy nou bann zanfan dan lekol. Nou tou ti bien dan La Pipe avan. Kan nou finn sanz landrwa, nou kondision lavi osi inn sanze», précise Ricarl Pierre-Louis. Le plan d’action proposé par le bureau de l’Ombudsperson vise ainsi une approche basée sur le respect de la dignité humaine car «il fait bon vivre à Cité Anoska», martèle Anderson Azie, même si l’actualité tend à faire croire le contraire.

 


 

Rita Venkatasawmy : «Les habitants seront les acteurs du changement»

 

Le plan d’action proposé par le bureau de l’Ombudsperson est le fruit d’un travail assidu sur le terrain. «Chaque enfant a droit à un environnement sain. Vivre dans un environnement approprié a définitivement un impact positif sur le mental et la vie d’un enfant. Nous allons donc faire de notre mieux pour leur permettre d’avoir un environnement sain. Les habitants seront les acteurs du changement», explique Rita Venkatasawmy. Son bureau prévoit ainsi une série d’activités pour cette prise de conscience basée sur une «approche holistique». Le plan d’action propose aussi une série d’activités centrée sur l’intérêt supérieur des enfants. «Nous avons le devoir de leur proposer des activités pour pouvoir vivre mieux. Ils le méritent. Nous ne sommes pas un service provider mais nous allons faire de notre mieux pour renforcer la capacité humaine», souligne l’Ombudsperson for Children. Ce n’est pas tout, ajoute Rita Venkatasawmy : «Li importan osi ki bann zanfan-la konn zistwar zot landrwa. Sa plan-la li enn koumansman sa. Ena lezot zafer ankor ki pou vini. Nou pou fer vizit dan bann fami pou konn bann trans laz bann zanfan. Nou anvi osi kone si zot bann drwa la sante pe respekte. Mo bann lekip pou desann laba pou gagn bann done. Pou ena enn dokiman apre baze lor enn rapor lor la fors ek febles bann abitan-la.»