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Prochaines législatives : l’homme avec qui il faudra compter ?

Bruneau Laurette parviendra-t-il à fédérer plus largement autour de lui ? Certains/es se posent la question.

Que fera Bruneau Laurette pour les élections générales à venir ? Lui seul le sait pour l’instant. Mais ses ambitions réitérées laissent la place à de nombreuses spéculations. 

Pense-t-il avoir toutes les cartes en main ? 115 jours en prison, ça donne le temps d’imaginer de multiples scénarios. De réfléchir sur sa vie. Sur ses ambitions. Sur son avenir. Et Bruneau Laurette a donné un aperçu de sa vision lors de différentes entrevues accordées aux médias depuis sa remise en liberté conditionnelle, cette semaine. L’activiste social, qui s’est fait connaître du grand public pour son engagement suite au naufrage du navire Wakashio l’a dit : il sera candidat aux prochaines élections générales. Ses adversaires ? Pravind Jugnauth (et son gouvernement) et le système «mafieux». Lui ? Le «Cyborg», le challenger est prêt à tout pour son pays et les Mauriciens/nes. Les observateurs estiment, eux, que Bruneau Laurette sera un atout pour l’opposition traditionnelle s’il la rejoint. S’il fait cavalier seul ou se joint à un ou des parti/s de l’opposition extra-parlementaire, il divisera les votes.

 

«Fédérateur, rassembleur». Si pour l’instant, il n’a donné aucune indication sur ses intentions, d’un point de vue pragmatique (il se voit en alliance ou pas, membre d’un parti…), reste que sa détermination renouvelée a de quoi bousculer (une petite bousculade ou un séisme ?) l’échiquier politique. Certains observateurs estiment que le choix de stratégie de Bruneau Laurette pourrait jouer contre ses intentions : «S’il se présente seul, sans alliance avec les partis traditionnels, il peut diviser les votes de l’opposition, ce qui fera le jeu du gouvernement ; c’est ce qu’on dit sans cesse en ce moment. Je ne sais pas si c’est une réalité. Je pense que Bruneau Laurette est un OVNI et sa capacité à fédérer et rassembler va au-delà de ce que les observateurs prévoient», estime un de ses proches. Bruno Raya, un de ses fidèles, abonde dans ce sens : «On entend son nom partout (…) Bruneau Laurette est un fédérateur, un grand rassembleur. Et il est sincère.» Pour l’artiste, c’est l’activiste qui «sauvera le pays».

 

On their terms. «Le cas Laurette» est déjà dans les conversations des partis de l’opposition traditionnelle. Il s’agit de peser le pour et le contre d’une demande d’adhésion (peu probable selon un de ses proches) ou de coalition. De trouver les bons mots pour ne pas givrer les discussions, alors qu’elles n’en sont qu’à leurs prémisses. Tout en s’assurant que l’activiste n’ait pas l’impression, pour autant, d’être essentiel à une stratégie politique avec pour horizon les prochaines législatives. Sur les ondes de Radio Plus, Arvin Boolell dira : «A star is born (…) Le temps dira s’il est une étoile montante ou une étoile filante.» Le MMM, le PTr ou le PMSD n’ont, cette semaine, pas fermé la porte à Bruneau Laurette : «Nous en discuterons si la question de l’intégration de Bruneau Laurette se pose. Nous ne sommes pas bloqués», a indiqué Reza Uteem du MMM. Mais l’opposition parlementaire le clame : s’il vient ce sera on their terms. Pour Aurélien Oudin, membre du PMSD, cela semble normal car l’activiste est un «jeune en politique».

 

De leader à leader ? Le membre de l’équipe bleue parle très favorablement de Bruneau Laurette : «Je vois qu’il a du courage et qu’il est un prisonnier politique. Logiquement, il n’aurait pas gardé cette drogue dans le coffre de sa voiture alors qu’il se savait surveillé.» Il évoque un homme qui arrive à «mobiliser», qui est «out of the box»… Mais selon Aurélion Oudin, il doit faire ses preuves, il doit s’inscrire dans la durée : «Il a fait des promesses, qu’il nous montre qu’il est capable de les tenir.» Mais aussi dans la réflexion, dans la transparence, dans la vision, dans la «façon de faire les choses». Aurélien Oudin croit lui en la «méritocratie» : «Il y a des jeunes avec beaucoup plus d’expérience que lui dans les partis, il ne faut pas l’oublier.» Être un politicien, ce n'est pas uniquement faire des dons, rassembler des gens, explique-t-il : «Il a beaucoup d’atouts. Grâce à eux, il ira loin. Mais il lui reste beaucoup à apprendre. Ce qu’il a fait jusque-là ne fait pas de lui un vétéran en politique. En même temps, il a fait ce que certains vétérans n’ont pas réussi à faire…»

Et même si Bruneau Laurette a fondé Linion Sitwayin, il ne pourra pas discuter de leader à leader avec les grands chefs des partis traditionnels ; c’est ce que supposent certains de leurs membres. Mahend Gungapersand du PTr estime que, pour l’instant, Bruneau Laurette est un citoyen qui s’engage en politique. Point. Inutile de l’insérer dans toutes les équations : «C’est tant mieux. L’espace démocratique s’élargit. C’est bien que des citoyens aient envie de prendre une responsabilité politique. Il a ses qualités, il a ses mérites. Nous lui souhaitons bon courage.» Reste que «li ena case lakour, tou depann seki pou arive».

Dans tous les cas, il envisage, plutôt, une adhésion de Bruneau Laurette à un parti existant – pour faire le poids – plutôt qu’un one-man-show. Lequel ? Il ne saurait dire : «C’est à lui de dire ce qu’il souhaite. Quel parti mainstream répondra le plus à son aspiration ? Lequel des leaders existants aimerait-il représenter ?» Mais il évoque, également, la possibilité d’une coalition : «Tout dépend des visions, politiques, démocratiques, des uns et des autres ; est-ce qu’elles peuvent se rejoindre ? À la base de tout, il y a la négociation». De toute façon, estime un proche de Bruneau Laurette, ce dernier «ne se contentera pas de peu». Il n’est pas homme à le faire : «Si jamais il devait négocier avec les partis traditionnels existants, je ne crois pas une seconde qu’il en deviendrait un membre…tout simplement. C’est mal le connaître que d’envisager cela.»

 

On his terms. Notre interlocuteur estime que Bruneau Laurette ne fera pas de concessions : «Il ne fait pas de la politique de salon.» Qu’importe sa décision, «il restera fidèle à lui-même et à ses principes» : «Je rêve de le voir se présenter seul aux élections avec une équipe qui fonctionne ; qu’elle regroupe des partis de l’opposition extra-parlementaire ou qu’elle se forme dans les mois qui viennent. Même s’il ne gagne pas, il aura, au moins, amorcé le changement.» Mais il le dit, sa vision est utopique : «On ne sait jamais.» Surtout que Bruneau Laurette a été clair. Son objectif est de faire partir ce gouvernement. Et il prévoit que si l’alliance PTr-PMSD-MMM se fait, le trio voudra de Bruneau Laurette on board. Si celle-ci ne voit pas le jour, les alliances subsidiaires feront de même. Même si ces partis ne l’avouent pas pour l’instant. Selon lui, c’est le political game. Car une chose est certaine : Bruneau Laurette motivera les électeurs : «L’opposition ne l’a pas encore compris, ou alors n’ose pas se l’avouer ; Bruneau drive. Le fait qu’il ait réuni le montant de sa caution à travers des dons en est la preuve. Il faudra, donc, compter avec lui.»

 

Est-ce suffisant ? «Bruneau Laurette seul ne fera pas la différence. Il lui faut une alliance», affirme Aurélien Oudin. Mais être en alliance demande énormément de compromis et de pouvoir travailler en équipe. De se conformer au système afin de pouvoir être élu : «Est-ce que Laurette est capable de ça ? Ou fera-t-il uniquement de la figuration lors d’une élection ? Est-ce qu’il a vraiment quelque chose à apporter à la politique locale ? Est-ce qu’il est assez "national" pour prétendre à être autre chose qu’un activiste? Il n’a pas mobilisé autant de monde avec son parti. Ne devrait-il pas se contenter de faire ce qu’il fait de mieux : dénoncer, combattre ? Oui, il a du soutien. Et ceux qui le soutiennent se font entendre ; mais que pense la masse silencieuse ? Est-elle derrière lui ? Je n’ai pas les réponses à ces questions, mais il faut les poser», s’interroge un observateur qui ne se sent pas team Laurette.

 

Une réalité impossible à nier. En un jugement défavorable pour Bruneau Laurette, tous les scénarios possibles, imaginés ou rêvés, peuvent s’étaler comme des châteaux de cartes, poursuit notre interlocuteur : «Il n’est libre que sous des conditions très strictes. C’est la réalité. Est-ce que quelqu’un, un leader ou autre, voudra construire toute une stratégie politique sur un homme dont le futur est incertain ? Qu’on le veuille ou non, même s’il est présumé innocent, on a trouvé de la drogue chez lui et en grande quantité. Il ne faut pas en faire un martyr au risque de se fourvoyer.» Un martyr ? Quand même pas, estiment des membres de la team Laurette. Mais un sauveur, une alternative, une lueur d’espoir : «Si vraiment nous aimons notre pays, nous avons besoin de nous mobiliser avec Bruneau Laurette pour le sauver», dit Bruno Raya. Pour les proches de l’activiste, il n’y a aucun doute : il sortira de toute cette affaire sans aucune condamnation. Il serait victime d’un «planting» avec pour but de le faire taire/de le ralentir et la justice le reconnaîtra. Mais notre interlocuteur persiste et signe : «L’avenir est incertain pour lui ; il ne peut pas le nier. Il trainera toujours cette aura de doute. Arrivera-t-il à convaincre malgré une victoire ? En politique, tout est possible, c’est ce qu’on dit, non ? Bruneau Laurette est-il capable de créer la surprise ? A-t-il, malgré tout, des ambitions encore plus grandes qu’il est imaginable dans ce pays (une envie d’être Premier ministre ?) et les moyens d’y arriver ? C’est aussi l’avenir qui nous le dira.»

 

Rire orange. Poser la question sur le retour en politique de Bruneau Laurette à certains membres du MSM, c’est recueillir des éclats de rire et des «mo pa pou perdi letan koz lor trafikan» : «Media pe fer li vinn enn ero. Li enn koki vid, li ziss konn fer alegasion. Sa ki pou vinn challenge Pravind Jugnauth ? Lepep konn fer la diferans ant palab ek vre travay», lancera, néanmoins, l’un d’eux.