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Militer sans relâche…

Pooba Essoo et Catherine Prosper se sont engagées dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Elles sont de celles qui ne lésinent pas sur les moyens pour combattre les féminicides mais surtout la violence conjugale ! Elles se sont engagées dans cette lutte parce que, pour elles, c’est un devoir civique et qu’aucune femme ne mérite ce genre de traitement. À cœur ouvert, deux d’entre elles nous disent ce qu’elles pensent qui doit être fait pour avoir des résultats concrets.

La fréquence des violences faites aux femmes ne diminue guère en dépit des nombreuses campagnes de prévention et de sensibilisation menées depuis des années. Les violences sur la gent féminine sont d’ailleurs considérées comme des maux majeurs en matière de violation des droits humains. De plus, selon le Conseil de l’Europe, les violences conjugales sont parmi les premières causes de mortalité des femmes entre 19 et 44 ans de par le monde. Une réalité qui révolte tous ceux qui s’engagent à lutter contre ce mal qui ronge notre société. Et qui veulent que les choses changent enfin. Pooba Essoo et Catherine Prosper, deux engagées, nous parlent des mesures qui, selon elles, peuvent être prises concrètement pour faire reculer ce fléau.

 

«Une mesure-phare qui pourrait peut-être sauver des vies est l’introduction d’un système de bracelet électronique. Que le port de bracelet soit appliqué pour les hommes violents qui ont un profil psychologique où les conduites agressives sont exécutées froidement dans le but de blesser l’autre», propose Pooba Essoo. Car pour elle, les agresseurs ne respectent pas la loi et ils n’ont peur de rien et finissent bien souvent par mettre leurs menaces à exécution.

 

Donc ainsi, sur décision de la cour, le potentiel agresseur et la victime seront équipés d’un dispositif qui donne l’alerte dès qu’une distance prédéfinie est franchie par le premier nommé. Ce bracelet pourrait aussi contribuer à réduire la peur et l’angoisse dans lesquelles vivent ces femmes qui sont constamment sous la menace d’être blessées ou tuées par leur conjoint. «Les risques qu’encourent ces femmes sont souvent sous-estimés ou ignorés par la police.»

 

Selon Pooba Essoo, outre une mesure immédiate, il faut aller en profondeur pour trouver la source du problème pour qu’il y ait un changement dans la situation et dans la mentalité. «Il n’y a pas de moyen unique ou de mesure unique pour contrer la violence conjugale. Car la violence contre les femmes vient d’une discrimination fondée sur le sexe et l’inégalité entre hommes et femmes. Par contre, il existe des mesures diverses qui doivent être prises à différents niveaux au sein des différentes institutions directement concernées  pour l’application du Protection from Domestic Violence Act.»

 

Celle qui est engagée dans la lutte contre la violence domestique depuis 40 ans montre aussi du doigt la mise en pratique de la loi : «Notre travail sur le terrain avec les victimes a démontré qu’il y a des lacunes à différents niveaux quand il s’agit de l’application de la loi en vigueur. Il existe un grand écart entre ce que prédit la loi et ce qui est mis en pratique. D’où la nécessité de la création d’un mécanisme interinstitutionnel qui aura pour but principal d’évaluer l’impact de la loi et l’impact des mesures prises, qu’elles soient positives et négatives, afin de pouvoir apporter les changements nécessaires pour que cette loi soit appliquée efficacement dans l’intérêt des victimes.»

 

Catherine Prosper, la fondatrice de Linion Fam et la porte-parole de la Platform Stop Violans Kont Fam, abonde dans le même sens. «Nous avons des lois qui sont bel et bien là mais c’est la cour qui échoue dans sa tâche à les mettre en pratique comme il se doit. Nous avons des mesures comme le Gender-Based Violence Protection Order ou le Breach of Protection Order, notamment, mais celles-ci ne sont pas appliquées correctement.»

 

Pour Catherine Prosper, il est inutile de parler de durcissement des lois quand celles qui existent ne sont pas mises en pratique comme il se doit. La porte-parole de la Platform Stop Violans Kont Fam a d’autres propositions qui peuvent être appliquées immédiatement : «On peut créer une Domestic Violence Court mais aussi une Police Unit en charge de tous les cas de violence domestique. Car c’est avec ce genre d’institutions que nous pourrons mettre en place des protocoles de prise en charge et d’encadrement des victimes et des agresseurs.» La jeune femme souligne aussi que la plateforme souhaite que le High-Powered Committee leur offre l’opportunité de présenter leur état des lieux et de collaborer avec lui. «Il est temps que les femmes et celles qui ont été des victimes puissent être représentées dans les comités qui sont majoritairement menés par des hommes.»

 

Issues de deux générations différentes mais motivées par la même cause, Catherine Prosper et Pooba Essoo reconnaissent que la lutte sera encore longue mais qu’il faut militer sans relâche.