• Championnats du monde de para-athlétisme de Kobe : objectifs médailles et qualification paralympique
  • Realme 12 pro + : du très bon, mais pas si puissant
  • Hypertension : l’urgence de faire baisser la pression !
  • Chute fatale à Choisy, Baie-du-Cap : un maçon meurt au fond d’une fosse après une soirée bien arrosée
  • Vivre avec le lupus - Mélanie Regnaud : ma maladie invisible, mon fardeau
  • États-Unis : alerte tornades en séries !
  • Your safety first : les chauffeurs de taxi formés à l’autodéfense
  • Post-meeting du 1er Mai : le PM relance les débats sur la Drug Court
  • Nouveau sélectionneur national pour le Club M : Guillaume Moullec peut-il faire mieux ?
  • La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume - Les «zakos» reprennent d’assaut les salles de cinéma

Meeting de l’Alliance Morisien à Vacoas - Jocelyn Chan Low, observateur politique : «Pravind Jugnauth ne pouvait pas présenter son programme»

Il voulait mettre K.-O ses adversaires politiques. Pravind Jugnauth a-t-il réussi son pari ? La question divise, que ce soit chez les observateurs politiques, les citoyens engagés et la population. Pour beaucoup, la foule présente au meeting du MSM le 1er mai à Vacoas était une belle démonstration tout comme celle de l’alliance de l’opposition à Port-Louis. 

Dans cette bataille de foule légendaire, le MSM affirme avoir réuni une «foule historique et monstre». Faisant le bilan de cette mobilisation, le ministre Joe Lesjongard, qui a tenu une conférence de presse au lendemain de la fête du Travail, s’est vanté du «succès extraordinaire» de leur meeting alors que, selon lui, l’alliance de l’opposition a échoué à rassembler ses partisans. «Tout le monde a travaillé d’arrache-pied sur le terrain pour faire de ce meeting un succès et le public a répondu à notre appel en montrant qu’ils sont là quand on a besoin d’eux. Ça nous encourage à travailler encore plus pour la population.»

 

Pour Joe Lesjongard, le meeting du Parti Travailliste et du MMM n’est pas comparable au leur. «C’était un meeting régional et non national. Le mood à Port-Louis était bien fade.  Il n’y a aucune comparaison possible entre les deux. Une chose est sûre, les militants sont en train de quitter le MMM parce qu’ils ne sont pas contents de cette alliance.» Concernant le programme présenté par l’alliance de l’opposition, le président du MSM estime que les Mauriciens «ne sont pas bêtes pour écouter ce que disent ces deux leaders». Pour Maneesh Gobin, secrétaire du parti, Pravind Jugnauth est un vrai rassembleur. «Quand vous regardez la foule du 1er Mai, c’est clair que les travailleurs sont derrière Pravind Jugnauth tout comme les pensionnaires.»

 

Accueilli par des partisans en liesse lors de ce meeting, le leader du MSM a évoqué les nombreuses réalisations de son gouvernement qui «partage le gâteau national» dans un pays où règnent la justice sociale, la paix et le respect. «Vous soutenez un gouvernement qui a de la vision, qui est sérieux, qui est discipliné, qui travaille et qui a un bilan. Nous avons toujours eu un langage de vérité. Oui, il y a des problèmes, mais les gens voient bien que nous mettons tous nos efforts pour régler les problèmes.»

 

Le Premier ministre n’a pas manqué de critiquer en long et en large ses opposants, s’attaquant frontalement au leader des Rouges dont la vie a été sauvée, a affirmé Pravind Jugnauth, par son gouvernement. Rappelant l’affaire des coffres-forts, il a aussi promis des preuves contre l’ancien Premier ministre dont le comportement envers les femmes est, selon lui, loin d’être irréprochable. Il s’en est aussi pris à Shakeel Mohamed qu’il a traité de «pire poison qui existe au sein de l’opposition». Faisant état d’un politicien qui aurait un compte bancaire à l’étranger et d’autres hommes politiques qui cacheraient des biens, il a soutenu qu’un gouvernement travailliste transformerait le pays en une «industrie de la corruption». Pravind Jugnauth s’en est aussi violemment pris à Sherry Singh. «J’ai entendu qu’il fabrique des vidéos contre mon épouse et mes enfants. Alor ou kone Maharaja ena kont Dubayy. Atann, mo pou eklat li.»

 

Si pour de nombreuses personnes, le langage tenu par Pravind Jugnauth est loin d’être celui que devrait avoir un Premier ministre et qu’il n’a finalement rien annoncé d’important au meeting, pour Jocelyn Chan Low, il est difficile de comparer les discours. «Avant de faire une observation politique, il est important de bien prendre en considération l’aspect institutionnel. Le PM est au pouvoir. L’opposition peut l’attaquer et présenter ses mesures pour quand il sera au pouvoir, mais pas lui. Il ne peut pas venir maintenant et dire qu’il va faire ceci ou cela, sinon on va lui demander pourquoi il doit attendre pour mettre ses mesures en pratique alors que le pouvoir est entre ses mains.»

 

Aujourd’hui, estime l’observateur politique, le gouvernement de Pravind Jugnauth a une jambe solide et une autre à la traîne. «Le gouvernement MSM peut compter sur les mesures sociales qu’il a prises jusqu’à présent. Les allocations, le salaire minimum, l’augmentation de la pension de vieillesse et autres. C’est sa jambe solide. Par contre, l’autre jambe est un peu cabossée avec les nombreuses allégations et scandales. L’opposition, pour sa part, n’avait pas d’autre choix que de donner des choses dans cette direction.»

 

S’il estime que l’alliance de l’opposition a réussi sa mobilisation, selon Jocelyn Chan Low, celui de l’Alliance Morisien n’est pas en reste non plus. «L’évaluation des foules est quelque chose de difficile. On peut facilement truquer les photos avec des effets d’optique. Il faut vraiment être sur place pour pouvoir émettre un jugement. D’abord, il faut comprendre les enjeux, l’aspect institutionnel et savoir comment estimer la foule. L’opposition se devait de mobiliser après la cassure. Ils ont eu une bonne foule et aujourd’hui, ils sont requinqués. Il faut aussi évaluer le contenu. L’opposition peut critiquer le gouvernement, mais Pravind Jugnauth ne peut prendre pour référence que les actions de l’ancien gouvernement.» Le leader du MSM, poursuit notre interlocuteur, est condamné à dévoiler son programme après, car il a un Budget à présenter bientôt.

 

La réplique de Sherry Singh

 

Face aux attaques «en dessous de la ceinture» du PM, Sherry Singh a tenu à mettre les points sur les i. Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au lendemain du 1er Mai, l’ancien CEO de Mauritius Telecom lancé une mise en garde à Pravind Jugnauth : «S’il continue, ce sera lui qui ne pourra plus faire face à la population.» Se défendant des accusations formulées contre lui selon lesquelles il possède des comptes bancaires à Dubaï et qu'il est l’instigateur des vidéos ciblant la famille du PM, il a invité ce dernier à répondre à trois questions : «Qui est ce prête-nom qui gardait ton argent en Angleterre ? Quel business négociait ce prête-nom pour ton compte, en particulier durant le Covid ? Ce prête-nom t’a-t-il aidé pour l’achat d’un appartement pour ta fille en Angleterre ?» Pour Sherry Singh, une chose est sûre : «Les carottes sont cuites pour Pravind Jugnauth.» L’opposition, dit-il, a su attirer une grande foule et «ce n’est que le sommet de l’iceberg».

 

Linite Militan - Steeve Obeegadoo : «Il y a une cassure totale entre les Bérengistes et les militants»

 

Ils ont tenu à une fois de plus faire le bilan du rassemblement du 1er mai. Lors d’une conférence de presse animée hier, samedi 4 mai, les dirigeants de Linite Militan ont tenu à exprimer leur satisfaction par rapport au soutien de leurs partisans comme l’a souligné Tania Diolle. «Nous sommes très satisfaits de la contribution de Linite Militan à ce grand rassemblement. Le déplacement en grand nombre des activistes et des sympathisants démontre que le gouvernement est sur la bonne voie.»

 

Pour Steeve Obeegadoo, le 1er mai a permis une mobilisation des travailleurs mauriciens au-delà de leurs partisans. «Nous avons eu à Vacoas une foule représentative de la nation mauricienne. Selon nos renseignements, nous avions plus d’un tiers de la foule qui était des femmes ce qui est sans précédent.» Pour lui, l’électorat traditionnel du MMM est aujourd’hui profondément bouleversé par cette nouvelle alliance PTr-MMM. «Il y a une cassure totale entre les Bérengistes et les militants qui réfléchissent et qui regardent le bilan du gouvernement et qui nous soutiennent. Nous avons un bilan solide.»

 

«Impressionnant», «époustouflant», «retentissant». Alan Ganoo n’a pas manqué de qualificatifs pour qualifier le meeting du 1er mai. En ce qu’il s’agit des mesures «farfelues» qui ont été «faites à la va-vite» annoncées par l’annonce de l’opposition, il estime que c’est fait dans le but «d’épater la galerie».