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Kailash Sookun tué dans un accident | Sa mère, effondrée : «Je perds mon fils deux mois après mon époux»  

La victime faisait partie du Wolves Moto Club.

Sa vie n’est plus que souffrance depuis la mort de son fils aîné dans un terrible accident de la route. En mars, c’est son époux qui s’en est allé à l’issue d’une longue maladie. Narainee Sookun nous livre un émouvant témoignage…

La vie de cette mère s’est écroulée depuis qu’elle a perdu son enfant. La douleur est tellement profonde que les mots lui manquent pour l’exprimer, pour dire à quel point la mort de son fils la bouleverse. D’autant que cet immense chagrin se greffe sur un autre qui l’a jetée à terre après le décès de son époux, il y a deux mois seulement. 

 

«Quand un policier m’a appris l’atroce nouvelle, je me suis mise à hurler. Je me remettais à peine de la perte de mon mari que l’on m’apprenait que je perdais mon enfant», confie Narainee Sookun, 60 ans, les larmes aux yeux. Son fils Deewakar Sookun, plus connu comme Kailash, 39 ans, a péri dans un tragique accident de la route, le samedi 6 mai. La moto qu’il conduisait – une Yamaha R15 dont il venait de faire l’acquisition – a été violemment heurtée par un 4x4 à la rue Labourdonnais, à Rose-Hill. Le 4x4 a alors dérapé pour finir dans la cour d’un habitant de la localité après avoir défoncé une muraille en béton. Kailash, lui, est mort sur le coup.

 

Depuis, Narainee se retrouve seule à la maison – son autre fils de 36 ans vit à l’étranger – avec une souffrance extrême à gérer. Quand nous la rencontrons, un silence pesant règne dans son humble demeure à Quatre-Bornes, malgré la visite incessante des membres de sa famille et des amis qui tentent à leur manière de la consoler et de combler le vide qui prend toute la place dans sa vie. Et dire qu’il y a à peine deux mois, elle était encore entourée de son fils et son époux. Mais en mars, ce dernier a rendu l’âme après avoir lutté contre la maladie pendant un an et il y a une semaine, c’est son fils qui est parti dans des circonstances horribles. Depuis, sa vie est devenue un vrai cauchemar au quotidien. Narainee ne vit plus, dit-elle, elle survit. 

 

«Mon fils ne méritait pas de mourir de cette façon. Je me sens impuissante. En tant que mère, je veux lui rendre justice mais je ne sais plus quoi faire», lâche-t-elle, désemparée. Elle nous raconte que Kailash gagnait sa vie comme guide touristique chez Mautourco et passait pas mal de temps avec ses amis du Wolves Moto Club. Malgré cela, il était toujours très présent pour sa mère. 

 

Le jour du drame, comme il devait se rendre au travail seulement dans l’après-midi, Kailash en a profité pour aider sa mère avec les courses. «Un peu avant la tragédie, j’avais été au marché qui se trouve au bout de la rue. Il m’y avait rejointe à moto pour récupérer mes sacs à provisions et les avait déposés à la maison. Quand je suis rentrée, il était déjà sorti. Il ne m’avait pas dit où il allait», raconte Narainee.C’est la dernière fois que mère et fils se sont parlés. Plus tard, Narainee a appris que Kailash se rendait chez le mécanicien au moment de l’accident, vers 11h25. 

 

C’est bien après l’accident qu’elle a su ce qui était arrivé à son fils. «La nouvelle circulait déjà dans les médias et sur les réseaux sociaux alors que je n’étais même pas encore au courant, déplore Narainee. Je ne l’ai su que vers 14 heures. Les policiers avaient récupéré le téléphone portable de mon fils et avaient contacté tous ses amis. Aucun d’eux ne souhaitait prendre la responsabilité de m’annoncer cette nouvelle. Lorsqu’un policier m’a finalement eue au téléphone, il a longtemps hésité à me le dire mais n’a pas eu le choix car j’étais seule à la maison.»  

 

À cet instant, Narainee a senti son monde s’écrouler littéralement une deuxième fois. Le poids de ces pertes successives était trop lourd à porter pour cette dame qui souffre par ailleurs de diabète et d’hypertension. Son autre fils n’étant pas au pays, elle a dû contacter d’autres proches pour qu’ils la conduisent à la morgue afin d’entamer les démarches pour les obsèques.

 

«J’ai tout perdu»

 

Ceux-ci ont eu lieu le dimanche 7 mai. «Beaucoup de gens sont venus présenter leurs sympathies à notre famille. Cela m’a permis de constater à quel point Kailash était apprécié», raconte Narainee. Malheureusement, son jeune frère n’a pas pu rentrer au pays pour assister aux funérailles. Les membres du Wolves Moto Club, ainsi que d’autres clubs de moto, ont, eux, organisé un défilé afin de lui rendre un dernier hommage. Le trentenaire, un divorcé, laisse aussi derrière lui trois enfants en bas âge, qu’il n’aura pas eu l’occasion de revoir avant sa mort. Lors d’un voyage du couple en Ukraine, son épouse, originaire de ce pays, se serait enfuie avec leurs fils. Il avait consigné une deposition en ce sens au Central Criminal Investigation Department (CCID). Kailash avait aussi raconté son histoire dans les colonnes de l’express en revenant tristement sur sa dernière conversation téléphonique avec ses enfants : «Je leur ai dit de ne pas oublier que je les aimais plus que tout.» L’enquête sur cette affaire n’a jamais abouti.

 

Celle sur son accident, elle, se poursuit. Le conducteur du 4x4, un Quatrebornais de 54 ans, a été arrêté et son alcotest s’est révélé négatif. Une charge provisoire d’homicide involontaire a été logée contre lui avant qu’il n’obtienne la liberté sous caution. D’après la police, l’accident s’est produit parce que Kailash ne se serait pas arrêté avant de déboucher à la rue Labourdonnais. Une thèse que Narainee accepte avec difficulté. «Il est facile de lui faire porter le chapeau maintenant qu’il n’est plus là. Mon fils était très prudent et n’avait jamais eu d’accident avant. Le conducteur du 4x4 roulait-il très vite, comme le disent certains témoins ? À cause de cet accident, j’ai tout perdu, je vais me battre pour savoir la vérité sur cet accident.»

 

Elle réfléchit toujours sur la marche à suivre. «Mo nepli kone ki mo bizin fer pou rann mo garson zistis. An tan ki enn mama, li mo devwar fer tou pou ki so lam repoz an pe. Personn pa kapav imazinn mo soufrans», dit-elle. Outrée que l’autre chauffeur ait obtenu la libération sous caution, elle a fait une déposition à la police pour faire part de ses questionnements sur cet accident qui a coûté la vie à son fils. 

 

De son côté, le service de presse de la police indique que la charge provisoire d’homicide involontaire et la libération sous caution du conducteur font partie des procédures. «Les déclarations de toutes les personnes ayant été témoins de cet accident sont recevables. Tous ceux souhaitant apporter des éléments à cette enquête peuvent contacter la police. Ce n’est que lorsque le dossier aura été compilé que la Cour rendra son verdict et prononcera la sentence du conducteur.» 

 

Narainee, elle, ne veut qu’une chose : connaître la vérité. Une vérité qui, espère-t-elle, lui permettra de faire son deuil et permettra à son fils de reposer en paix.

 


 

Douleur et incompréhension pour ses amis motards

 

Le départ soudain de Kailash laisse un grand vide au sein du Wolves Moto Club, qu’il avait rejoint récemment. «Il était jovial, très ouvert ; sa bonne humeur était contagieuse. Il était très impliqué dans le bénévolat. Sa disparition laisse un grand vide pour tous ses frères motards. Il ne se passe pas un jour sans que nous ne parlions de lui, que nous nous demandions comment cela a pu arriver. Il était discipliné et attentif au guidon. Il ne roulait pas comme un fou», indique Hans, l’un des membres du groupe. Il précise que Kailash avait aussi fait partie du Mauritius Bikers Squad, qui a d’ailleurs changé son nom en celui d’Alpha Squad après le décès du trentenaire. Un acte symboliquement fort vu que ce nom avait été imaginé par la victime.