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COP 27 : pour le meilleur et pour des actions

«Plusieurs ONG et activistes scandaient dès le premier jour :  "pay out the loss and damage” face aux journalistes présents à la COP27. Les promesses faites lors des précédentes COP doivent être tenues», nous raconte la journaliste Asha Sumputh.

«Je suis rentrée de cette COP27 avec un sentiment mitigé...» C'est ce que nous confie Asha Sumputh, journaliste franco-mauricienne, qui nous parle de cette expérience...

Entre attentes et espoir, les yeux du monde étaient, pendant une quinzaine de jours, tournés vers la COP27. Et après de longues négociations qui ont duré plus longtemps et qui ont débouché sur un débordement sur le calendrier prévu, la réunion plénière de clôture du sommet a permis de trouver un accord de dernière minute ce dimanche 20 novembre.

 

Les pays et chefs d’État présents lors de la nouvelle édition de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat ont pu ainsi trouver, à la dernière minute, un accord final par consensus, que ce soit sur la réduction des émissions ou l’aide aux pays vulnérables, même si comme à chaque édition, la COP27 laisse un goût d’inachevé et de déceptions.

 

Asha Sumputh, journaliste franco-mauricienne née à Quatre-Bornes et qui est également productrice des émissions Business Africa et Initiative Africa, diffusées en Europe et en Afrique dans plus de 35 pays et sur une quarantaine de chaînes de télévision, a eu l’occasion d’assister au rassemblement international le plus important en matière de changements climatiques. Elle partage avec nous l’expérience qu’elle a vécue. «Depuis trois décennies, les différents rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont restés au fond des tiroirs des États et décideurs politiques sans réussir à se frayer leur chemin vers le haut de la pile. La pandémie a réussi là où les États ont échoué, à inverser la donne, en tirant la sonnette d’alarme, et ainsi faire resurgir tous ces rapports qui avaient pris de la poussière au fond des tiroirs. Certains chefs d’États, pour la première fois, ont même fait leur mea-culpa, à l’image du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui s’est tenu fin 2020 à Marseille, en déclarant : “Nous le savions mais avions continué notre quête du PIB et des profits”, au détriment du climat. Les COP se sont succédé et sont devenues une plateforme de communication ou propagande pour les États et institutions voulant se faire voir comme des acteurs engagés, voire des bons élèves», explique notre compatriote qui porte également la casquette de fondatrice & directrice de la rédaction du média digital panafricain bilingue africa-on-air.com.

 

Pour elle, la COP27 pourrait devenir la COP de l’engagement. «Pour la première fois, les institutions politiques, publiques et privées ainsi que d’autres décideurs admettent leurs erreurs et s’appuient sur ces fameux rapports du GIEC qui prouvaient déjà depuis plus de 30 ans que la planète se réchauffe. Aujourd’hui, ces mêmes institutions déclarent qu’elles ne peuvent plus continuer à construire leurs économies uniquement sur cette quête du PIB sans prendre en compte les critères ESG – Environnementaux, Sociaux et Gouvernance. COP ou pas CAP», poursuit la journaliste. Elle précise que «la COP27 représente, pour de nombreuses personnes, la dernière meilleure chance au monde de prendre finalement conscience et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C – désormais plus atteignable, selon le GIEC – et de traduire les engagements de Paris en actions et ainsi contribuer à construire un avenir durable pour tous.»

 

Pour Asha Sumputh, les enjeux du sommet étaient nombreux : «La décarbonation des économies est un impératif et devrait être une priorité pour les entreprises et les gouvernements – si le monde veut lutter contre le changement climatique et répondre efficacement à travers des ambitions fortes et des actions concrètes. Il n’existe pas de solution unique pour tous ou de miracle mais il faut bien comprendre le rôle que joue la décarbonation pour atteindre un niveau “net zéro” d’ici 2050.»

 

La question de Loss & Damage était aussi à l'agenda, souligne la Mauricienne. «Les pays du Sud exigent des compensations face à leur faible émission au niveau mondial, totalement injuste selon eux par rapport aux pertes et dommages encaissés par leurs économies à cause des catastrophes naturelles et autres événements liés au réchauffement climatique… Plusieurs ONG et activistes scandaient dès le premier jour "pay out the loss and damage” face aux journalistes présents à la COP27. Les promesses faites lors des précédentes COP doivent être tenues. On pouvait sentir la frustration, voire la colère des participants des pays du Sud sur la nécessité pour les pays développés de respecter leur engagement de 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique», dit-elle, avant d’ajouter qu’une autre priorité est la transparence, tout en évoquant «le rôle de la société civile, des entreprises, des organisations internationales et des médias, et ceux qui observent les débats pour apporter de la transparence ainsi que des perspectives plus larges, pour permettre une compréhension des enjeux et des solutions potentielles. Et enfin, dans le même registre, je parlerais de l’éducation, pas seulement dans les écoles et les universités, mais aussi au sein des entreprises et organisations pour que le sujet du climat devienne une partie intégrante de nos vies».

 

Faisant le bilan de cette expérience, la journaliste se dit partagée : «Je suis rentrée de cette COP27 avec un sentiment mitigé. D’une part, tous ces activistes qui militent et qui agissent pour le climat et la planète m’ont donné de l’espoir que notre monde est entre de bonnes mains. Et d’autre part, tous ces jeunes qui sont instrumentalisés de COP en COP, par ceux qui sont au pouvoir, et qui étaient invités à cette COP pour “dialoguer”, "serrer les mains" et faire des "photos" avec les chefs d’États et autres… Alors que les faits sont là… Pour reprendre les propos d’un jeune Tanzanien que j’ai interviewé… “le temps des dialogues est derrière, maintenant il faut agir, arrêtez d’instrumentaliser les jeunes avec vos blablas, nous voulons de l’action et de la justice…" »

 

En faisant référence à l’actualité, Asha Sumputh ne peut pas ne pas parler du Mondial. «La Coupe du monde de football se tient au Qatar, un événement qui fait polémique sur plusieurs plans, notamment écologiques, avec des stades climatisés à ciel ouvert. Et nous savons déjà que la prochaine COP va se dérouler juste à côté aux Émirats arabes unis, où les températures en novembre peuvent grimper jusqu’à 38°C et où il existe une forme d’esclavage moderne des travailleurs migrants pour satisfaire les projets, parfois mégalomanes, de quelques émirs. Nous retrouverons sans doute les ouvriers pakistanais, indiens, bengalis, chinois ou philippins rémunérés au lance-pierre et travaillant dans des conditions extrêmes. Et justement, le Pakistan, qui émet moins d’1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est devenu une victime de l’injustice climatique avec des inondations dévastatrices qui ont submergé plus d’un tiers du pays», conclut-elle une semaine après la clôture de la 27e édition de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat... entre attentes et espoir.