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Compensation salariale : les Mauriciens entre soulagement, déception et revendications

Une compensation salariale bienvenue mais insuffisante. Voilà l’état d’esprit de nombreux Mauriciens après l’annonce du montant qui sera payé à partir de janvier 2023. Les citoyens de différents secteurs et de différentes réalités partagent ici leur opinion sur le sujet. 

Atmanand Ramasamy, retraité : «La vie est trop dure»

 

C’est peut être une bonne chose que les travailleurs touchent Rs 1 000 en plus mais le gouvernement doit aussi revoir la pension de vieillesse au plus vite car nous sommes vraiment en train de nous débattre avec la vie qui est devenue chère. Vous allez au supermarché acheter deux-trois choses et ça fait plus de Rs 1 000, vous allez chez un dentiste extraire une dent, ça vous coûte Rs 1 000 minimum. En plus, nous les pensionnés, on doit payer les visites chez le médecin et les médicaments dont les prix sont exorbitants. L’argent que nous touchons ne suffit pas. Le gouvernement avait promis d’augmenter la pension de vieillesse. Où en est cette promesse ?

 

Béatrice Marisson, employée de l’hôtellerie : «C’est loin d’être suffisant»

 

Je suis serveuse dans un hôtel et maman de cinq enfants. Mon époux est maçon et travaille quand il a du boulot. Notre vie est très compliquée. Je touche Rs 16 000 comme salaire de base et pour cinq enfants c’est loin d’être suffisant. Quand j’ai tiré l’argent de la location, des factures, de ce que les petits ont besoin pour l’école, souvent il ne reste pas grand-chose pour acheter de quoi manger pour le mois. C’est très difficile et on a le sentiment de ne jamais s’en sortir. Alors, franchement ces Rs 1 000 ne sont pas assez quand on sait à quel point les prix des denrées alimentaires coûtent chers.  Au lieu de donner la même somme à tout le monde, le gouvernement aurait dû faire plus pour ceux au bas de l’échelle. Vous savez combien de fois je suis allée demander une aide sociale ou alors du matériel scolaire. Ils me disent que je n’y ai pas droit parce que mon salaire dépasse la limite. Pourtant, souvent, nous ne pouvons même pas nous acheter suffisamment à manger.

 

Nazeem Junggee, entrepreneur : «Un manque de planification»

 

Avant d’être entrepreneur, je suis un citoyen conscient qui ne peut ignorer l’effrayante perte du pouvoir d’achat. Il aurait fallu un montant supérieur à Rs 1 000. Cela étant dit, le gouvernement ne peut pas, tout en aidant les personnes qui ont désespérément besoin de Rs 1 000, mettre les petites entreprises en danger. Les PME sont toujours en mode reprise et avec l’augmentation des coûts du transport et de fabrication, il nous faut une solution globale et durable.

 

Si les entrepreneurs sont obligés de fermer leur entreprise, nous nous retrouverons avec de plus gros problèmes, avec beaucoup de gens (déjà au salaire minimum) qui perdront leur emploi. Malheureusement, à Maurice, les PME sont des laissées-pour-compte. Apparemment, il y aura une solution pour les PME mais je pense que cela aurait dû être fait en amont. Pour moi, c’est un manque de planification. Je crois qu’en ces temps économiques difficiles, nous avons cruellement besoin de dirigeants plutôt que de politiciens qui viennent avec des mesures électorales.

 

Christie Henry, mère de famille : «Une hausse d’environ Rs 3 000 dans mon budget»

 

Si je ne me trompe pas, ça doit bien être la première fois que nous touchons cette somme. Néanmoins, cela reste en dessous des estimations si nous considérons le coût de la vie. Nous savons tous que les prix de tous les produits ont flambé. J’ai une hausse d’environ Rs 3 000 dans mon budget courses. Je suis maman de deux enfants et il faut compter les uniformes, le matériel scolaire, les chaussures, le transport et j’en passe, qui coûtent tous plus cher.

 

C’est vrai qu’on peut aussi compter sur l’allocation de Rs 1 000 mais encore une fois, ça ne nous soulage pas plus que ça. Je crois que la compensation salariale ne vaut pas plus que celles des années précédentes. On demande aux contribuables de se serrer la ceinture mais les salaires des dirigeants continuent à grimper, sachant que Maurice fait partie des pays où les politiciens sont les mieux payés.

 

Jessyca Joyekurun, employée du secteur privé : «Tous les Mauriciens souffrent»

 

Je ne sais pas trop quoi en penser. D’un côté, je trouve que c’est mieux que rien et de l’autre, avec Rs 1 000 aujourd’hui, on ne va pas bien loin. Il n’y a qu’à aller faire un tour au supermarché pour le constater. Donc, pour moi, la compensation salariale est une démarche mi-figue, mi-raisin. Il y a le prix de l’essence cette année qui pèse vraiment lourd dans la balance. Quand on sait qu’un plein d’essence a doublé de prix, ça fait mal au cœur. Donc, quand on le regarde dans ce sens, la compensation n’apporte pas vraiment de soulagement. J’espère d’ailleurs que le gouvernement viendra avec une baisse du prix du carburant bientôt !

 

Nilesh Gopaul, fonctionnaire : «Apporter un certain soulagement»

 

Comme tout Mauricien, je constate, avec peine, cette flambée des prix, surtout au niveau des produits alimentaires. Après la crise sanitaire, sans compter les effets de la guerre, le coût de la vie a presque doublé et il n’y a pas de doute que ça affecte tous les Mauriciens. Certaines familles, aujourd’hui, doivent lutter très fort pour pouvoir joindre les deux bouts et manger à leur faim. Donc, compte tenu des circonstances, cette compensation peut soulager ces familles. Il est vrai que pour d’autres, il peut s’agir d’une quantité négligeable mais il n’empêche que Rs 1 000, ça peut apporter un certain soulagement qui reste au final bienvenu.

 

Stéphane Racine, Self-Employed : «Aucun impact direct sur nous»

 

Mon épouse et moi gérons notre propre business spécialisé dans la fabrication de gâteaux locaux. Donc, nous n’allons pas toucher cette compensation salariale. Ça n’aura aucun impact direct sur nous et notre foyer, même si, comme tous les Mauriciens, nous subissons de plein fouet la cherté de la vie. Cependant, nous espérons que cela va nous aider indirectement en nous permettant d’agrandir notre clientèle qui pourra revoir son budget à la hausse chaque fin de mois. Ces derniers temps, tout le monde évite les dépenses inutiles parce que tout coûte cher. Au niveau du business, ça a forcément une répercussion. Du coup, maintenant, on espère que ça va créer un certain boost.

 

Samuel Carriapen, travailleur social : «Ça va aider, oui, mais à quel point ?»

 

En tant que travailleur social, je vois tous les jours comment le coût de la vie devient de plus en plus difficile à soutenir, surtout pour les plus démunis. Sur le terrain, le travail est compliqué parce que les gens donnent moins car ils ont moins à dépenser à cause de leur budget serré et les personnes en situation de pauvreté s’enfoncent, malgré eux, de plus en plus dans la pauvreté. 

 

Il n’y a pas de doute que Rs 1 000 en plus chaque fin de mois, ça va aider, oui, mais à quel point ? Les augmentations de prix ne laissent pas beaucoup de marge. Pour certaines familles, cette somme ne va pas les sortir de la misère dans laquelle elles se trouvent. Au niveau de notre association, Monad Charity, on essaie d’aider les gens à trouver du boulot et à créer leur petite entreprise. Alors oui pour les Rs 1 000 supplémentaires mais il ne faut pas compter uniquement là-dessus.

 

Ce qu’ils en disent

 

Le gouvernement : Selon Renganaden Padayachy, ils ont fait de gros efforts, leur maximum même, pour la population et il espère que les Mauriciens s’en rendent compte. Le coût de cette compensation s’élève à Rs 5 milliards, ce qui n’aura pas, selon lui, d’incidence sur l’inflation qu’il situe entre 5 et 6 % en 2023. Le ministre a également annoncé que les entreprises en difficulté pourront demander de l’aide à travers le Resilience Fund, sans aucun remboursement à faire.

 

Les syndicalistes : Pour eux, il n’y a pas de doute. Les Mauriciens sont restés sur leur faim. Si pour Ashok Subron, les travailleurs n’ont pas réellement été compensés, Atma Shanto a dit accepter cette compensation sous protestation, en affirmant que la classe syndicale se mobilisera dans les jours à venir pour des actions futures. Reeaz Chuttoo a, lui, lancé un appel au ministre pour revoir le montant proposé pour les travailleurs qui touchent le salaire minimum.

 

Le patronat : Business Mauritius avait proposé une somme de Rs 600 comme compensation salariale. Selon cet organisme, les entreprises devront débourser Rs 4,2 milliards pour pouvoir payer cette compensation aux travailleurs. Pour Kevin Ramkaloan, le Chief Executive Officer, une augmentation de la productivité devra suivre.

 

CSG Income Allowance : Prolongement et bonus

 

Deux annonces supplémentaires ont été faites par le ministre des Finances. D’abord, que le salaire minimum passera à Rs 13 075 dès janvier 2023 et ensuite que la CSG Income Allowance de Rs 1 000 sera maintenue jusqu’à juin au moins. À savoir qu’exceptionnellement pour le mois de décembre, cette allocation sera doublée. C’est-à-dire que les employés du public comme du privé qui y sont éligibles percevront Rs 2 000. La Mauritius Revenue Authority (MRA) a fait savoir que le paiement se fera à partir de la semaine prochaine. En ce qu’il s’agit de la pension de vieillesse qui ne subira, pour l’heure, aucune hausse, Renganaden Padayachy a affirmé que celle-ci sera étudiée dans le prochain Budget.