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Ces collèges qui entrent dans la cour des grands : histoires de lauréats

Après l’épreuve des examens et la longue attente, le suspense concernant les résultats du Higher School Certificate a pris fin ce mercredi 7 février. Il y a ceux qui sont contents et qui ont récolté les fruits de leurs efforts, ceux qui n’ont pas eu les résultats désirés et ceux qui se retrouvent tout en haut du classement dans le peloton des lauréats. Si certains établissements qui ont l’habitude de briller ont répété leur exploit habituel, d’autres se sont retrouvés dans la cour des grands cette année en décrochant leur premier lauréat. Zoom sur ces jeunes qui font la fierté de leurs établissements...

Il y a eu des pétarades, des applaudissements, des cris, des clameurs, de l’émotion et des larmes. Ce mercredi 7 février, fidèle à la tradition qui accompagne la proclamation des lauréats suivant les examens du HSC, des établissements scolaires de l’île ont vibré de bonheur quand la liste des boursiers a été dévoilée. Il y a ces collèges qui connaissent et vivent ce moment fort de fierté et cette ambiance très particulière année après année et il y a ces autres établissements qui ont vécu cela pour la première fois cette année.

 

Explosion de joie et satisfaction de se retrouver aux côtés de ces Star colleges qui ont l’habitude de faire parler d’eux à chaque proclamation des résultats du HSC... Telles sont les émotions qui ont fait battre les coeurs au Keats College (dans le sud de l’île) et dans les collèges Lorette de Saint-Pierre et de Mahébourg, ces établissements scolaires qui, pour la première fois, ont brillé sur la liste des lauréats. Cheshta Randhay, 19 ans, première lauréate (dans la filière scientifique) du collège Lorette de Saint-Pierre a, grâce à ses performances aux derniers examens du HSC, placé son collège sous le feu des projecteurs depuis le mercredi 7 février.

 

Malgré les jours qui se sont écoulés, la jeune femme arrive difficilement à redescendre de son petit nuage de bonheur après avoir vécu l’euphorie de son établissement scolaire, qui, comme une grande famille, a célébré dans une grande effervescence son classement comme lauréate. «Je suis vraiment honorée de pouvoir rendre fiers et heureux mes parents, toute ma famille et aussi mon collège», nous confie la jeune femme.

 

S’il y a bien une chose qui l’a marquée durant ses deux dernières années menant au HSC, c’est le soutien de ses proches, dit-elle : «J'avais le désir de devenir lauréate depuis que j'étais en Grade 7. Quand, plus jeune, je regardais à la télévision, dans les médias et sur les réseaux sociaux, la joie et le bonheur que suscitait la proclamation des lauréats, je me rêvais en lauréate. Mais je n'avais pas confiance en moi. Ma mère a toujours cru en moi. Elle me disait "to capav vinn lauréate toi". Elle m’a toujours suivie. Pour moi, la préparation pour le HSC, commence bien avant la Lower. C’est un travail de longue haleine.»

 

Soutien de la famille

 

Cheshta tient aussi à remercier son frère Sidhant : «Il a été d’un grand soutien pour moi. Il m’emmenait à mes leçons particulières et venait me récupérer après. Il a fait beaucoup de sacrifices pour moi et je lui suis très reconnaissante.» Dans les yeux de son père Anand Randhay, driver-salesman de profession, de la tendresse. Et dans sa voix, de l’émotion. Surtout lorsqu’il lui faut parler du beau cadeau que sa benjamine lui a fait. «On ressent un sentiment très fort. La réussite de Cheshta aux examens du HSC et son classement en tant que lauréate sont une grande fierté pour notre famille et pour le collège Lorette de Saint-Pierre. Il y a plusieurs facteurs dans la réussite de ma fille. Il y a d’abord tous les efforts qu’elle a déployés dans ses études, la contribution de son école, le travail de ses enseignants, et l’encadrement et le soutien de la famille. Tout cela a joué un rôle dans le succès de ma fille. Cheshta est une élève exemplaire et avec sa performance, elle entre définitivement dans l’histoire de son collège. Elle a toujours aimé les études et apprendre. Avec mon épouse Shradha Devi (elle travaille à l’Open University)  et ses deux frères Manish (32 ans) et Sidhant (26 ans), nous l’avons soutenue et épaulée», nous déclare Anand, tout content de voir le bonheur de sa fille.

 

D’un collège qui a brillé à un autre, le même enthousiasme. Surtout quand c’est la première fois que l’établissement rayonne dans le classement des lauréats. Au Keats College, à Chemin- Grenier, dans le sud de l’île, cette nouvelle fait planer un feel-good factor. Et dans la famille Jogiah, ce sentiment est bien évidemment encore plus palpable tant la performance de Siddhish, 20 ans (qui a décroché une bourse dans la catégorie HSC Pro), suscite admiration et fierté. «Je suis toujours en état de choc, car je ne m’attendais absolument pas à une telle nouvelle. Je savais qu’il allait bien travailler, qu’il allait être classé, mais qu’il soit classé lauréat, c’était complètement inattendu. Et ça touche aussi de savoir que son succès fait le bonheur de tout le village et de son collège», nous confie Kavita Jogiah, une habitante de Chemin-Grenier, enseignante de profession. Son époux Randhir, Tax Auditor à la MRA, et elle ont toujours su que leur fils estun bosseur. «Aujourd’hui, il vient démontrer que tout est possible, qu’on peut devenir lauréat peu importe le collège. Il m’a toujours dit qu’il voulait partir étudier l’informatique à l’étranger et moi, je lui disais que cela coûtait de l’argent, mais lui s’accrochait toujours à ses rêves. Sa bourse va beaucoup nous aider», ajoute Kavita, sous le regard de sa fille Deshna, étudiante en Lower VI au collège Royal de Curepipe (RCC).

 

Pour l’adolescente, la réussite de son frère signifie beaucoup. «Depuis ses résultats de la Form V, mon frère travaille d’arraché pied, car son rêve, c’est d’aller étudier à l’étranger. Je suis fière de voir qu’il a atteint son objectif.  Ce mercredi, je me trouvais à l’école et lors du dévoilement des noms des lauréats à la radio, j’étais focalisée sur les lauréats venant du RCC, puis, j’ai entendu le nom de mon frère et j’ai alors commencé à pleurer. Mon frère vient démontrer que quelqu’un peut devenir lauréat peu importe l’établissement scolaire qu’il fréquente. Il faut juste travailler pour atteindre ses objectifs», précise Deshna.

 

De son côté, le principal concerné, celui qui fait la fierté de tout son entourage, assimile toujours tout ce qui se passe dans sa vie depuis quelques jours. «Je ne m'attendais pas à devenir lauréat, mais c'était un objectif qui m'animait. C'est un travail qui a commencé depuis la Lower. Et pour moi, s’il y a bien quelque chose que je retiens de ces deux dernières années, c’est l’aide de tous mes profs et le soutien de ma famille», précise le jeune homme qui a déjà les yeux rivés sur ses futures études dans le domaine de l’informatique.

 

L'émotion est tout aussi vive chez les Lagaillarde de Bambous-Virieux. Depuis que Nolwenn, 19 ans, est devenue la première lauréate du collège Lorette de Mahébourg,  dans la catégoriec HSC Pro Scholarships, sa petite famille est aux anges. «Nous avons un seul enfant. Nolwenn est notre fille unique. Nous lui avons donné tout ce que nous pouvions et elle, elle a fait de son mieux. Aujourd’hui, elle récolte les fruits de son travail et je suis aussi très heureuse qu’elle puisse mettre en lumière son collège», nous confie Sophia.

 

Son époux Jimmy et elle sont des parents comblés. «Devenir lauréate n'était pas dans ses projets. Il y a eu des hauts et des bas durant son parcours au secondaire, mais elle n'a rien lâché», ajoute Sophia, la voix chargée d’émotion. Nolwenn, pour sa part, ne cache pas non plus avoir été très surprise. «Cette consécration comme lauréate vient chambouler mes projets. J’avais comme objectif de travailler et d’économiser pour ensuite payer mes études. Me voilà boursière, et je ne sais pas si je vais partir étudier cette année ou après... Je voulais vraiment faire l’expérience de travailler car je veux être indépendante», nous dit la jeune femme, de la conviction dans la voix. «Je n'arrive toujours pas à réaliser ce qui m'arrive. C'est comme s'il y avait une force, la main de Dieu, qui m'avait poussée vers les matières sociologie, français et CAPIT. Ce n'était pas du tout mon premier choix... Je me suis lancée et voilà où j'en suis aujourd'hui», conclut la jeune femme qui souhaite que d’autres filles de son établissement scolaire lui emboîtent le pas pour écrire d’autres jolies pages à la belle histoire du collège Lorette de Mahébourg qui, ce 7 février 2024 a eu sa première lauréate... et est entrée dans la cour des grands.

 

Des collèges en fête

 

Comme dans une famille, ils ont célébré la réussite d’un des leurs dans la joie et la bonne humeur. C’était la liesse ce mercredi 7 février dans les établissements scolaires qui ont produit pour la première fois un lauréat. Pour le recteur du collège Lorette de St-Pierre, Michael Appavoo, la réussite de Cheshta Randhay comme lauréate marque une étape très importante dans la vie du collège : «Cheshta is the first but not the last. Au collège, nous privilégions le développement intégral de l’enfant, que ce soit spirituel, académique ou physique, et Cheshta en est l’exemple même.»

 

Une grande euphorie habitait aussi cette semaine l'enceinte du collège Lorette de Mahébourg. «Le collège existe depuis bientôt 53 ans et pour la première fois, nous avons eu une lauréate. La performance de Nolwenn Lagaillarde vient démontrer que d’autres collèges, comme nous, ont la possibilité de faire partie de la cour des grands. Nos élèves ont aussi la capacité d’être parmi les meilleurs. C’est un bon signal pour la suite pour nos filles. Cette nouvelle a revigoré tout le monde, les élèves comme les enseignants, même au niveau de l’administration et parmi le personnel non-enseignant», nous confie Martine Cotte, rectrice de l’établissement de Mahébourg.

 

Le Keats College à travers son lauréat Siddish Jogiah a aussi été mis en lumière. «Pour notre petit collège perdu dans le Sud, avoir décroché un lauréat est un grand accomplissement. On est très contents. Siddish n’avait pas eu ses cinq credits dans l’établissement qu’il fréquentait avant et il est venu refaire sa Form V chez nous. Il a travaillé dur. Il a eu un nouveau départ, une deuxième chance et aujourd’hui, tout cela paye. Tout le collège est motivé à fond pour continuer sur cette lancée», nous déclare Tony Wong, recteur de l’établissement qui fait la fierté des habitants de tout un village du Sud. La petite Île Rodrigues a aussi brillé un peu plus cette année, car une des étudiantes du Rodrigues College, Kate Elodie Volbert, a été proclamée lauréate dans la catégorie Science.

 

C’est la deuxième fois que Rodrigues College se hisse au niveau national. «Pour nous, c’est de l’émerveillement. Kate est une jeune femme en qui nous croyons beaucoup. Durant son parcours, elle a eu à faire face à des difficultés, par exemple, elle a perdu son papa en plein examen du SC mais elle s’est accrochée. Nous sommes tous fiers d’elle», souligne Nan Rock Perrine, recteur du college qui a vibré à l’annonce de la bonne nouvelle...

 

Les établissements scolaires à l'honneur

 

Rodrigues College : 5
Royal College Curepipe : 8
Queen Elizabeth College : 8
Royal College Port-Louis : 8
Droopnath Ramphul : 2
St Esprit : 4
Maurice Curé : 5
SSS Forest Side Girls : 2
MGI Moka : 1
MGI Solferino :1
GMD ATCHIA :1
Loreto College Quatre-Bornes : 1
Loreto College St-Pierre : 1
Loreto College Mahébourg : 1
Keats College : 1

 

En chiffres...

 

Sur les 7 528 candidats scolaires de la République de Maurice, qui ont participé aux examens de Cambridge Higher School Certificate (HSC) 2023, dont 4 483 candidates et 3 045 candidats masculins, 6 354 ont réussi, ce qui représente un taux de réussite de 84,40 %. Le taux de réussite pour la République de Maurice s’élève à 84,40%

 

Ils se sont accrochés à leur objectif...

 

Face aux épreuves, il n’a pas lâché prise. Udhay Ramdoss, du collège Royal de Curepipe, qui a été proclamé lauréat dans la filière scientifique dédie sa réussite à son père, sa famille, ses profs, ses amis, son collège mais aussi à sa mère Vishwani Ramdoss, qui avait perdu la vie en 2022 dans un accident de la route. Le jour de l’accident, cette dernière et sa famille revenait d’une cérémonie où Udhay avait été récompensé pour sa bonne performance aux examens du School Certificate : «Le drame est arrivé quand je m'apprêtais à prendre part à mes examens de Lower VI. Évidemment, ça a été un grand choc. Petit à petit, je me suis adapté. Je ne vais pas dire guéri, mais adapté. Mon père a fait tout ce qu’il pouvait pour que nous ne ressentions pas les effets de ce bouleversement à la maison. Ça a été difficile pour lui. Mais moi, à mon niveau, et aussi mon frère, on voulait se concentrer sur nos études pour le rendre fier de nous. Ma mère, comme toutes les mamans, voulait la réussite de ses enfants, et je n’ai pas voulu que mes études souffrent de cette perte pour, en quelque sorte, honorer son désir de nous voir réussir. Être lauréat pour moi, c’est une étape. C’est comme un ladder pour avoir accès à des opportunités auxquelles, peut-être, on n’aurait jamais eu droit. Pour l’instant, j’ai opté pour un dual degree en Mathématiques et Computer science. Dans le futur, je serai, peut-être, Software Developper ou Data Scientist avant de fonder ma propre entreprise», nous confie Udhay Ramdoss.

 

Elle aussi y croyait très fort dans son cheminement scolaire. Elisha Ramsaroop, 20 ans, élève au Queen Elizabeth College et lauréate dans la filière scientifique est un exemple de persévérance et de détermination. Classée 10e l’année dernière, elle qui croyait en son potentiel de devenir lauréate a affronté les épreuves du HSC une deuxième fois et bien lui en a pris, car ses efforts ont payé. «J'ai voulu reprendre part aux examens pour ne pas avoir de regrets. J'ai voulu me donner une deuxième chance car devenir lauréate est pour moi un achievement. Je savais que j’avais le potentiel et je ne voulais pas regretter et me dire que j'étais passée à côté. Pour cette deuxième fois, je me suis donnée à fond et j’ai travaillé encore plus dur. Il y a eu un obstacle et je n’ai pas abandonné», confie la jeune femme qui souhaite évoluer dans la médecine. Forte de son expérience, elle sait aussi qu’un équilibre est important. «Être majorette, ça m'a beaucoup aidée pour faire la balance avec les études», conclut la jeune femme, dont l'avenir est plein de promesses.