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Après son arrestation par la Special Striking Team - Rama Valayden : «Mo la sante pa bon, mo ti kapav mor»

L'homme de loi et son épouse estiment que cette arrestation est une tentative d'intimidation.

Des propos tenus par Me Rama Valayden lors d'une émission, le 5 mai dernier, ont conduit à son arrestation, ce vendredi 12 mai, pour conspiracy to pervert the course of justice.  Arrestation qui, pour beaucoup, est jugée arbitraire. Se sentant persécuté, l'homme de loi, qui a obtenu la liberté conditionnelle le même jour, s'exprime.

Est-il en proie à une répression ? Cherche-t-on à le persécuter, à lui faire peur ? Veut-on installer un climat de frayeur chez les opposants du gouvernement ? C’est, du moins, l’impression qu’a l’entourage de Me Rama Valayden après que ce dernier a été appréhendé par les limiers de la Special Striking Team (SST) à son domicile, à Sorèze, dans la matinée du vendredi 12 mai. Ce qui lui est reproché : certains propos tenus lors de sa participation à l’émission Au coeur de l’info, diffusée sur le site de Defimedia.info, le 5 mai. Après sa comparution devant le tribunal de Port-Louis sous une accusation provisoire de conspiration pour pervertir le cours de la justice, l’avocat a été relâché sans avoir à fournir une caution mais a dû signer une reconnaissance de dette de Rs 20 000 pour sa remise en liberté conditionnelle. 

 

Taslima Valayden, elle, venait de déposer son fils à l’école lorsque sa fille l’a contactée pour l’informer de la présence des hommes de l’assistant surintendant de police (ASP) Ashik Jagai à leur domicile, venus appréhender son époux. C’est ce qu’elle a expliqué, l’air paniquée, dans un live sur Facebook dans la matinée du vendredi 12 mai. En arrivant à son domicile, à en croire les images qu’elle a partagées sur les réseaux, une quinzaine de policiers étaient présents, ce qu’elle ne comprend pas. «Lekip SST ti kapav telefonn Rama trankil. Pou ki rezon 12 a 15 polisie vinn divan nou laport pou pran li ? Li pena okenn rezon pou sove. Sak fwa inn telefonn li avan, linn ale trankil», insiste-t-elle.

 

Après avoir informé l’homme de loi de ce qui lui était reproché, les officiers de la SST ont insisté pour qu’il les accompagne, bien que son état de santé ne le permette pas. En effet, explique Me Rama Valayden, «mo ti admet enn zourne dan ICU so la vey pou fer plizir test. Monn sorti mem zour. Gramatin-la (Ndlr : le vendredi 12 mai), monn montre bann polisie-la enn sertifika medikal kot dokter dir ki mo bizin repo. Tousala monn dir zot me zot insiste pou pran mwa pou al donn enn statement. Mo ti kapav mor ek zot. Si apre ki monn warn zot ti ariv mwa kitsoz, ki ti pou arive ?»

 

Liberté conditionnelle

 

Conduit aux Casernes centrales, Me Rama Valayden a été interrogé sur les propos qu’il a tenus dans une émission récemment, où il a notamment évoqué des cas de «planting». Ainsi, une accusation provisoire de «conspiracy to pervert the course of justice» a été retenue contre lui devant le tribunal de Port-Louis. Si la cour n’a pas imposé de caution à l’homme de loi, il a néanmoins dû fournir une reconnaissance de dette de Rs 20 000 pour pouvoir retrouver la liberté conditionnelle. «Mo anvi kone kifer zot rod zis mwa sak fwa ?» s’interroge-t-il. «Dernye fwa, ti akoz enn zistwar otour enn deklarasion Bruneau Laurette ki ti fos. Ti apel mwa kazern pou sa. Dan la semenn, monn gagn linformasyon ki pe plann enn konplo kont mwa dan case Vimen Sabapati. Mo panse zot sagrin mo la sante inn korek impe. Mo krwar zot inn koumans panike ankor apre mo soutien sa lekip ki pe lager pou sa zafer terin sosiete tamoul-la.» D’après lui, «ena ousi sa gro mobilizasion ki LPM inn resi fer san donn briyani dan Réduit le 1er Mai. Zot konsian ki ena enn vag ki pe leve.»

 

Son épouse Taslima aussi s’interroge. S’agit-il d’une machination politique ? «Li kler zordi ki Rama viktim enn persekision a repetision. Li ousi kler ki Premie minis inn donn tro boukou pouvwar SST [...] Aster, esey mazinn enn kout si zot inn oz fer sa ek Rama, ki ariv sa bann ti dimounn-la ?» D’après elle, notre île serait en train de devenir une dictature. «Tou bann institision bafwe. Li sagrinan inn azir koumsa alor ki Rama so la sante frazil pou le moman.» Elle allègue également que les limiers de la SST auraient menacé de l’appréhender parce qu’elle a publié des photos de ceux présents à son domicile lors de l’interpellation de son époux. «Zot dir mwa tir enn post lor mo paz Facebook. Enn polisie inn permet li tir mo foto, monn tir so foto mwa ousi parski li ti on duty sa ler-la.» S’exprimant sur les récentes allégations de planting, elle lâche : «Mo zis anvi kone kifer bann polisie pa servi body cam kan fer search pou evit bann alegasion planting.»

 

À sa sortie du tribunal, le vendredi 12 mai, Me Rama Valayden a été acclamé par une foule de sympathisants. S’adressant à la presse, il est revenu sur les propos tenus dans l’émission Au coeur de l’info, le 5 mai, ayant conduit à son arrestation. «Se pa premye fwa ki mo koz planting. A sak fwa monn koz planting, monn fer lanket ek monn demontre a sak fwa ki vre», a-t-il déclaré, en évoquant les affaires impliquant Akil Bissessur, Wayne Attock et Ashik Fulena. Il a fait ressortir : «Tou kamarad ki zot nom ti fini site pou ferme, li pe arive. Donk, seki pou arive, si lepep pa leve, si lepep pa montre so determinasion, nou pou soufer plis divan.» Néanmoins, il assure : «Ena problem, ena boukou problem, me sa pa pou anpes mwa kontinie dan mo komba ek dir seki bizin dir. Monn revini pou kapav fer de sort ki nou tir sa gouvernman pouri ek mafie-la au pouvwar. Si dimounn pa konpran sa, zame zot pou konpran. Zordi li mwa, dime li kapav twa. Nou pe viv dan diktatir. Le pir devan nou. Si lepep pa azir, si lepep pa bouze, enn apre lot pou ferme dan sa pei-la.»

 

S’adressant également à la presse, Me Jacques Panglose, dont les services ont été retenus par Me Rama Valayden, a expliqué que la charge ayant été logée contre son client n’existe que depuis 2016. «Se enn la lwa ki dir, ki rod anpes dimounn koze atansion sa fer enn interferans ek la zistis. Mo panse ki finn ler pou nou al la Kour siprem pou nou konteste konstitisionalite sa la lwa-la. Cette loi vous empêche carrément de faire un commentaire, de donner votre opinion. Si vous le faites, vous risquez d’être arrêté pour pervertir le cours de la justice ; c’est trop vague.» Me Jacques Panglose ayant logé une motion pour la radiation des charges qui pèsent sur son client, celle-ci sera débattue le mardi 16 mai.

 

Elodie Dalloo et Jean Marie gangaram

 


 

RÉACTIONS

 

MSM : «Nous demandons à Rama Valayden de ne pas mettre le pays en danger»

 

L’arrestation de Rama Valayden et aussi celle d’Harish Chundunsing étaient à l’agenda de la conférence de presse du MSM en ce samedi 13 mai. La députée Subhasnee Luchmun Roy a été la première à se lancer sur le sujet : «Ils utilisent la liberté d’expression pour faire des allégations graves pour manipuler l’opinion publique pendant qu’il y a une enquête en cour. Ce ne sont pas des novices, mais des professionnels. Nous savons tous que le combat contre la drogue, c’est un combat que le Premier ministre mène sans relâche. Cependant, la tendance en ce moment, que ce soit au niveau de l’opposition ou celui de l’opposition extra-parlementaire, c’est de dire qu’il y a eu planting, mais nous devons être capables de respecter les institutions et de les laisser faire leur travail.» Si la parlementaire du MSM a souligné que nous sommes dans une démocratie où tout le monde a le droit de partager son opinion, elle estime qu’il y a des paramètres à respecter.

 

Le député Vikash Nukcheddy a également commenté l’arrestation de Rama Valayden : «Avec son arrestation, il a essayé une fois de plus de pousser la population à faire preuve de violence. Notre appel à Rama Valayden : ne mettez pas notre pays en danger. Ne faites pas ce que vous avez fait en 1999 parce que la population aujourd’hui sait ce qui est bon ou pas pour elle.»

 

Arvind Boolell : «Une arrestation pour des raisons farfelues»

 

«On a arrêté Rama Valayden pour des raisons farfelues (…) Nous avons le droit à la liberté d’expression (…) qu’on ne contourne pas la loi pour faire des arrestations arbitraires. De 2015 à ce jour, le nombre de personnes arrêtées a beaucoup augmenté. Là, on menace des journalistes quand ils mentionnent l’affaire Gobin.»

 

Roshi Bhadain : «C’est une dictature !» 

 

«Valayden est malade, et a même eu un certificat du docteur disant qu’il a fait un bypass et qu’il a besoin de repos. Or la SST vient frapper à sa porte et l’arrête. Imaginez s’il avait perdu la vie, qu’est-ce qui allait se passer dans le pays ? Imaginez ce que sa famille allait ressentir… C’est une dictature. Imaginez maintenant le commun des mortels face à une telle situation…»

 

Amy Kamanah-Murday

 

Nando Bodha : «On ne peut pas vivre dans un pays comme ça»

 

«J’étais dans cette émission, on parlait de la drogue, et Rama Valayden a donné certaines infos pour aider à résoudre le problème. Je me pose des questions : quel est le rôle de la Striking Team ? Qui donne les ordres ? Va-t-on arrêter les journalistes qui ont posé les questions à Rama Valayden ? Ou moi ? On ne peut pas vivre dans un pays comme ça… La Striking Team, au lieu de régler les problèmes de drogue, devient un problème lui-même, un instrument politique.»

 

Stephane Chinnapen

 

Xavier-Luc Duval : «Ce sont des tentatives d’intimidation»

 

«Nous sommes solidaires avec Rama Valayden et heureux que ce soit Jacques Panglose, membre du PMSD et aussi son ami, qui le défende. Nous voyons clairement que ce sont des tentatives d’intimidation qui s’accumulent. Rama Valayden a stipulé que la SST a mis un tracking device sous sa voiture sans l’autorisation de la cour et c’est sur ce point qu’ils iront se défendre. Je me demande si le gouvernement ne réfléchit pas sur le fait que ces tentatives d’intimidation ne servent à rien ? Ces actes suscitent plutôt de la colère chez les gens mais c’est aussi l’occasion pour nous de réclamer l’abolition de la provisional charge.»

 

Valérie Dorasawmy