• La jalousie amoureuse : quand ça va trop loin…
  • Disparition du vol Malaysia Airlines MH 370 : c’était il y a 10 ans...
  • 13es Jeux d’Afrique : «Moris casse paquet» avec 25 médailles
  • Laura Mooneesamy : quand Gold Models va d’aventure en aventure
  • Accidents fatals : quatre familles pleurent leurs proches partis trop tôt
  • «Ratsitatann» : un pièce mauricienne/malgache pour «enlever le flou»
  • The Two : explosion de blues créole bientôt
  • Un jeune couple crie à la négligence médicale après le décès de son nourrisson - Kimy et Julien : «Deziem tibaba nou perdi par fot lopital»
  • Maurice vs Tchad : le Club M compte sur le soutien de son public
  • Agression mortelle à Cité Mangalkhan - Læticia Laviolette : «Lion Vibe ti deza menas mo konpanion Damien»

Dasaraden Mauree : Dessine-moi un four solaire

«Tout a commencé quand un de mes collègues a ramené un gâteau au chocolat cuit avec un four solaire», nous confie Dasaraden Mauree.

«Après avoir breveté un modèle de four solaire au vitrage et au design performants, des chercheurs de l’EPFL ont calculé qu’il pourrait fonctionner en moyenne 155 jours par année en Suisse, et même jusqu’à 240 jours dans les régions les plus ensoleillées.» C’est en ces termes que le site de l’École polytechnique fédérale de Lausanne parle de la réalisation d’un groupe de chercheurs qui compte dans ses rangs un Mauricien. Ce dernier nous en dit plus sur ce fameux projet…

Qui suis-je ? «Je m’appelle Dasaraden Mauree et je suis collaborateur scientifique senior et chargé de cours à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), en Suisse. J’ai fait mon Bachelor en Sciences de la terre et de l’univers à l’Université de Strasbourg, en France, avec une année d’échange aux États-Unis, à la Purdue University. J’ai ensuite fait un Master spécialisé en climatologie, avec la première année à l’École normale supérieure – Ulm Paris et la deuxième année à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires et l’Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines. J’ai finalement terminé mon cursus universitaire par un doctorat en Sciences de la terre et de l’environnement à l’Université de Strasbourg.»

 

Mon métier : «Je suis collaborateur scientifique et chargé de cours. En d’autres mots, je suis chercheur et enseignant. Mes recherches se centrent autour de l’adaptation des villes aux changements climatiques. Je développe et j'utilise des modèles de simulation numérique qui permettent d’estimer les futurs impacts du changement climatique en milieu urbain. L’objectif est de trouver quels types d’aménagement du territoire seraient les plus adaptés pour que nous puissions faire face, par exemple, aux événements extrêmes comme les canicules ou les flash floods, qui seront plus fréquentes dans le futur, comme on peut le constater à Maurice et ailleurs ces dernières années. Pour faire ce genre d’étude, nous faisons aussi des mesures météorologiques en milieu urbain pour mieux comprendre le fonctionnement de ces endroits fortement peuplés. De plus, avec d’autres chercheurs(euses), nous travaillons aussi sur l’intégration d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Ce travail se fait en deux étapes. Nous estimons d’abord le potentiel existant et ensuite, effectuons des calculs pour comprendre comment on peut subvenir à la demande avec ce potentiel. Par ailleurs, j’enseigne au niveau Bachelor et au niveau Master pour des étudiants en Architecture, Génie civil ou encore Sciences et ingénierie de l’environnement. J’encadre et co-encadre aussi les travaux des étudiants en Master et en Doctorat.»

 

Ma vie en Suisse : «Cela fait cinq ans que nous sommes installés en Suisse. C’est un pays avec une qualité de vie que d’autres pays envient et je ne peux que le confirmer. C’est un pays magnifique avec des paysages pittoresques. Entre les randonnées en montagne, les balades au bord du lac et le ski en hiver, on ne peut pas vraiment s’ennuyer. Ce pays est aussi un formidable exemple de démocratie avec une forte participation du peuple dans les décisions qui le concernent. Tout le pays et les institutions de la Suisse fonctionnent avec un esprit de compromis et de consensus.»

 

Il était une fois… un projet de four solaire : «Le projet de four solaire est venu après une discussion avec des collègues. Tout a commencé quand un de mes collègues a ramené un gâteau au chocolat cuit avec un four solaire. Il existe plusieurs types de fours solaires. Les plus communs sont soit des fours à concentration ou des fours de type boîte. Notre étude s’est plutôt porté sur les fours solaires de type boîte. Ce four agit en gros comme un volume qui absorbe l’énergie solaire et la restitue à un récipient via un phénomène de conduction thermique (un peu comme quand on met une casserole sur une plaque chauffante). Il s’agit donc de cuisiner avec une source d’énergie renouvelable et qui, par ailleurs, permet une cuisson lente (slow cooking) qui préserve les propriétés des aliments.»

 

Comment l’idée s’est concrétisée : «Notre laboratoire s’appelle le Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment. Comme son nom l’indique, nous travaillons sur ces deux aspects (le soleil et le bâtiment). L’idée était donc de dire que le four solaire a un comportement similaire à un bâtiment. Elle capte l’énergie solaire et celle-ci peut être utilisée pour réchauffer l’intérieur des bâtiments. Par ailleurs, dans les pays froids, l’objectif est souvent de limiter les pertes d’énergie vers l’extérieur afin d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. On avait donc au sein de notre laboratoire les compétences pour comprendre le fonctionnement du four solaire et pour comprendre comment on pouvait l’améliorer. D’un côté, il y a un groupe qui travaille sur la caractérisation des matériaux et qui développe de nouveaux matériaux (comme des vitrages haute performance), et de l’autre, mon groupe de recherche qui travaille plutôt sur la modélisation des phénomènes physiques. Nous avons donc développé une nouvelle méthode pour modéliser de façon précise le fonctionnement d’un four au cours d’une journée et pour évaluer le potentiel à l’échelle d’un pays du nombre de jours dans une année où il pourrait être utilisé.»

 

Sur la vague écologique : «À l’échelle de la planète, il est évident que ce type d’initiative pourrait permettre de diminuer notre consommation d’énergie fossile, en particulier celle liée à la cuisson, même si cela ne représente pas la source principale des gaz à effet de serre. Par ailleurs, dans de nombreux pays, les gens utilisent une partie très importante de leur temps pour chercher le combustible (souvent du bois) pour la cuisine. Ceci peut générer localement de gros problèmes de déforestation mais aussi la pollution de l’air et, bien évidemment, les populations locales sont les premières à souffrir de ces impacts. Ce type de four basé sur des énergies renouvelables et non polluantes pourrait donc faire partie des solutions pouvant être mises en œuvre rapidement.»

 

Et Maurice dans tout ça ?  «Notre étude s’est portée sur le potentiel en Suisse et nous avons montré, avec notre étude, qu’il était même possible d’avoir 240 jours de cuisson dans un pays froid comme la Suisse. Il est donc clair que pour les pays chauds, avec un nombre d’heure d’ensoleillement élevé comme Maurice, il n’est pas nécessaire d’avoir un four ultra performant. Mais évidemment, il faut que cela soit cohérent avec le mode de cuisson.»