• Nando’s Open Water Swim : une 46e édition réussie
  • Clap de fin pour Rameshwar Gujadhur
  • Royal Raid : Simon Desvaux et Amélie Huchet prêts à défendre leur titre
  • Beau-Vallon MTB Challenge et Trail du Chemin Français : à la conquête des terres du Sud
  • Philippe Henry : le «Perfect Warrior» nous a quittés
  • Dérèglement climatique : ces pays où le thermomètre s’affole
  • Indian Ocean Marine Life Foundation : ensemble pour protéger l'océan
  • Coussinets : attention aux petites pelotes plantaires
  • Chute mortelle à Henrietta : un jardinier tombe dans une falaise après avoir été attaqué par des «mouss zako»
  • Théâtre : Katia Ghanty fait battre des cœurs

Une gloire du football mauricien s’est éteinte : Tristes adieux à Dany Imbert

Il a fait le bonheur du Racing Club de Maurice et de la sélection nationale en tant qu’attaquant, dans les années 60-70. Dany Imbert a succombé à un accident vasculaire cérébral cette semaine, laissant derrière lui des proches et d’anciens coéquipiers affligés. Ces derniers témoignent.

Des souvenirs. Beaucoup de souvenirs. C’est ce que laisse derrière lui Dany (de son vrai nom Daniel Jean Robert) Imbert. L’ancien footballeur, cavalier et sprinteur, affectueusement surnommé Ti Loto, nous a quittés le mardi 15 mars, à l’âge de 63 ans. Quelques jours plus tôt, cet habitant de Quatre-Bornes a été victime d’un accident vasculaire cérébral, avant de plonger dans le coma. Son départ plonge les siens, mais aussi ses anciens coéquipiers, dans un profond chagrin. C’est que Dany Imbert, ex-employé de la Mauritius Commercial Bank,n’est pas un inconnu de la scène sportive locale.

 

Les années 60-70. Le jeune homme qu’il est alors brille dans le domaine sportif. Il fait les beaux jours du Racing Club de Maurice, au sein duquel il évolue du début à la fin de sa carrière, et marque l’histoire de la sélection nationale de football (voir hors-texte). C’est à l’adolescence qu’il est repéré. Il est à l’époque étudiant au collège du St Esprit, à Quatre-Bornes, où il fait montre de ses talents sur le terrain de foot. Un certain Michaël Glover, entraîneur de l’équipe de football du collège, le repère.

 

«À l’époque, il faisait de l’athlétisme. Il accumulait les victoires. En tant que professeur d’éducation physique, je l’ai beaucoup côtoyé avant même qu’il intègre l’équipe de foot du collège. Par la suite, je l’ai aidé à rejoindre l’équipe du Racing Club de Maurice. C’était un garçon exceptionnel, il était très doué et avait cette capacité d’exceller dans toutes les disciplines», raconte Michaël Glover, ministre de la Jeunesse et des Sports dans les années 80 et présentement Chief Executive Officer du Trust Fund for Excellence in Sports.

 

La particularité de Dany, c’était sa petite taille par rapport aux autres joueurs.   Une différence compensée par sa technicité, ses dribbles et sa pointe de vitesse, balle aux pieds. Un diamant brut qui demandait à être travaillé. Michaël Glover regrette d’ailleurs que Dany «n’aitpas battu mon record de 17 ans et demi en sélection nationale. Je voulais tellement faire de lui le plus jeune joueur à porter le maillot de Maurice. Malheureusement, cela n’a pas eu lieu puisqu’il est arrivé six mois plus tard, à l’âge de 18 ans».

 

Le préféré de Bhye Mamade

 

Comme Michaël Glover, Jacques Malié, ancien recteur du collège St-Esprit et président de la Mauritius Football Association, a aussi été témoin de l’éclosion de Dany Imbert. «Je l’ai connu au collège comme un grand champion en athlétisme. Il brillait sur le 100 et 200 m, et cela l’a beaucoup aidé par la suite lorsqu’il s’est mis au football. Avec Ned Charles et Christian Hitilambeau, Dany Imbert faisait partie d’un trio magique au Racing Club de Maurice. C’était un excellent dribbleur. Il a fait la joie de nombreux fans du Racing Club et de la sélection de Maurice, avec lesquels il a porté le brassard de capitaine en même temps. Dany Imbert s’est également fait remarquer par son sens de leadership», fait-il ressortir.

 

Reshad Mungly, une légende vivante du défunt Muslim Scouts, est du même avis. «C’est le meilleur attaquant que le pays ait connu. Je l’ai côtoyé comme  adversaire mais c’était quelqu’un de vraiment exceptionnel. Il était toujours calme et gentil. C’était le genre de personne que rien ne semblait perturber. Il était toujours très clair dans ce qu’il faisait. Nous avons joué ensemble en sélection de Maurice et je dois dire que cela a été un plaisir d’évoluer à ses côtés», confie le virevoltant attaquant des Rouges.

 

D’ailleurs, Dany et lui ont écrit une des plus belles pages de l’histoire du football mauricien. C’était à l’occasion de l’unique participation mauricienne à une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Nous sommes en 1974. L’équipe est entraînée par une autre icône du sport roi, feu Mamade Elahee. Ce dernier, qui nous a quittés en 2010, appréciait beaucoup Dany Imbert. «Dany Imbert était un des joueurs préférés de mon père et il ne cessait de parler de lui. D’ailleurs, dans sa biographie, mon père parlait de Dany Imbert comme d’un des meilleurs footballeurs qu’il ait entraînés. C’était un footballeur discipliné au talent incroyable», fait ressortir Anwar Elahee, dirigeant de l’ASPL 2000 et ancien footballeur.

 

Passation d’armes

 

Au Racing Club, un autre joueur de calibre émerge au même moment que Dany Imbert. Il s’agit de Queland Tombé, l’actuel co-entraîneur du Baby Club M. Tous deux forment un tandem de choc. «J’ai connu Dany lorsque je suis arrivé au Racing Club en 1976 et nous avons évolué ensemble dans les années 77-78 lorsque le club a remporté le championnat. Dany avait un très grand potentiel, c’était un joueur rapide et redoutable. Il m’a bien aidé dans ma carrière, que ce soit en club ou en sélection. Maurice a perdu un grand footballeur qui a toujours été un modèle à suivre pour les autres», se souvient l’ex-élément des Jaunes et Bleus (les couleurs du maillot du Racing Club de Maurice).

 

Les adversaires de l’ancien champion gardent également de beaux souvenirs des confrontations sur le terrain. Saleem Moosa est de ceux-là. Il a notamment affronté Dany Imbert lors des duels Muslim Scouts-Racing Club. «Je l’ai côtoyé pour la première fois en sélection lors d’un match international contre le Lesotho en 1976. Je me rappelle bien de ce match car, à chaque fois que j’avais le ballon, je cherchais Dany dans les espaces libres. Il était tellement rapide que je savais qu’il serait là pour le recevoir et c’est ce qui se passait à chaque fois. Je n’avais même pas à réfléchir. En plus, c’était un très bon dribbleur et un footballeur complet», confie Saleem Moosa, connu sous le sobriquet du Petit Prince, et ancien joueur de l’ex-Sunrise FC.

 

Dany Imbert (debout à g.) à ses heures de gloire avec l’équipe du Racing Club de Maurice 82-83.

 

Alors que Dany Imbert entame le crépuscule de sa carrière, deux jeunes loups font leur entrée au sein de l’équipe junior du Racing Club de Maurice : Ashley Mocudé et Eric Desvaux. Le premier nommé, surnommé Mr But, a eu Dany Imbert comme co-équipier pendant deux saisons, avant que ce dernier raccroche en 1983. «Je l’ai connu alors que je jouais en junior, avant d’intégrer l’équipe première. C’était un modèle pour les jeunes à l’époque. Il suscitait l’admiration et le respect. C’était un gentleman, tant sur le terrain qu’en dehors, quelqu’un de généreux et qui n’hésitait pas à nous conseiller. C’était comme une passation d’armes pour moi. J’ai beaucoup appris de lui», confie l’attaquant-vedette de l’ex-Sunrise FC et du Club M.

 

Dany Imbert était aussi une source d’admiration pour Eric Desvaux. De dernier a défendu les couleurs des Jaune et Bleu pendant cinq ans, avant d’aller jouer les terreurs avec l’équipe de Fire Brigade. Comme l’ancienne gloire du foot local, Eric Desvaux était de petite taille. «Il m’a impressionné la première fois que je l’avais vu. J’accompagnais mon père au stade, c’était lors d’un match entre le Racing Club et le Dodo Club. Par la suite, je l’ai eu comme coéquipier pendant deux saisons. C’était quelqu’un de humble»,explique-t-il.

 

Autant de qualités que fait ressortir Christian Hitilambeau : «Dany n’était pas seulement un équipier, il était aussi mon collègue, mon ami. C’était un pilier du Racing Club. Notre proximité a fait de nous des complices sur le terrain. Dany fait partie de ces rares joueurs qui ne s’énervent jamais et ne disent même pas un gros mot sur le terrain.» Alain Gauthier, autre ami de Dany Imbert, ne tarit pas non plus d’éloges à son sujet : «Dany est un personnage qu’on n’oubliera jamais. Il a même gagné une course au Champ de Mars, je crois qu’il avait 15 ans à l’époque. Nous nous sommes connus très jeunes et nous avons joué ensemble pendant environ 45 ans. Nous avons joué pour les Rapaces, le collège du St-Esprit, le Racing Club et l’équipe de la MCB.» 

 

C’était un footballeur, un cavalier et un sprinteur extraordinaire. Adieu champion !

 

Funérailles : la place des grands hommes

 

C’est au son des applaudissements que sa dépouille a quitté l’église Notre Dame du Rosaire, à Quatre-Bornes, vendredi. Ils étaient nombreux, proches, amis, collègues, anciens coéquipiers, à s’être déplacés pour lui rendre un dernier hommage lors d’une cérémonie religieuse dite par le père Jean Marc Rakotoson.

 

Les anciennes gloires du football mauricien ont eu l’occasion de se remémorer de bons souvenirs de Dany Imbert.

 

L’occasion pour d’anciennes gloires du football mauricien de se retrouver et de se remémorer de bons souvenirs de Dany Imbert et des gloires du sport roi. «To pa pe rekonet mwa ?», pouvait-on entendre à l’extérieur de l’église. Le temps n’a pas brisé ces amitiés qui se sont tissées sur un terrain de foot.

 

 

 
Triste adieu à Dany Imbert

Une gloire du football s’est éteinte : Tristes adieux à Dany Imbert Considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs footballeurs mauriciens, Dany Imbert s’est éteint cette semaine à l’âge de 63 ans. Ayant fait le bonheur du #Racing Club de Maurice et de la sélection nationale, Ti Loto restera à jamais dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu. Ils étaient d’ailleurs nombreux à lui rendre un dernier hommage, vendredi dernier, lors de ses funérailles à #Quatre-Bornes. Retrouvez son parcours dans notre édition de ce dimanche.

Posted by 5 Plus Dimanche on Saturday, March 19, 2016

 

 

Jean Yves L’Enflé, Mukesh Ramrekha, Shyam Oodunt, Serge Moorjee, Eric Desvaux, Ashley Mocudé, Sarjoo Gowreesunkur… La dream team était présente. Il ne manquait plus que Dany Imbert et un ballon pour que ces grands noms du football mauricien retrouvent leurs allants d’antan.

 

La douleur des proches

 

C’est un grand monsieur du football qui nous a quittés. Dany Imbert est décédé le mardi 15 mars à l’âge de 63 ans, après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral le samedi 12 mars. Laissant un grand vide dans le cœur de tous ceux qui l’ont côtoyé. Notamment sa famille qui peine encore à se remettre de ce départ.

 

Il est difficile pour les Imbert de trouver les mots pour exprimer leur chagrin dans pareil moment. Difficile de se confier ou de se remémorer son décès ou encore les circonstances ayant conduit à son décès. Car le 12 mars, alors qu’ils sollicitent des ambulanciers et la police, personne ne se déplace, aucun véhicule n’étant disponible, raconte un proche. Après quoi la famille a, par ses propres moyens, conduit Dany à l’hôpital Victoria, Candos. Avant de le transférer dans une clinique.

 

Quelques jours plus tard, la douleur est toujours aussi forte pour sa femme Jacqueline, ses enfants – Sophie, 31 ans, et Yannick, 27 ans – et beaucoup d’autres proches. Car Dany Imbert était un homme aimé et fort apprécié par tous ceux qui l’ont connu. Pour sa gentillesse mais aussi pour son calme olympien. Des qualités qui ont contribué à sa popularité. Une popularité visible lors de ses funérailles jeudi dernier à Quatre-Bornes. Parents, amis, collègues, anciens coéquipiers : tous se sont déplacés en grand nombre pour lui rendre un dernier hommage. Un geste qui a touché la famille Imbert.

 

Footballeur de renom mais aussi cavalier et sprinteur, Dany Imbert a marqué toute une génération. Aujourd’hui encore, il continue à faire parler de lui. En tant que sportif, en tant qu’homme, tout simplement.

 

Jusqu’aux portes des Blues de Chelsea

 

Stamford Bridge. Rares sont les Mauriciens à avoir foulé cette pelouse. Dany Imbert en fait partie. C’était dans les années 70. Son père, infirmier à l’époque, se fait accompagner de Dany lors d’un déplacement outre-mer. Le jeune Dany poursuit alors ses études dans un collège à Tottenham et est, bien vite, sélectionné pour défendre les couleurs de son nouveau collège. Les opportunités s’enchaînent dès lors. Son nouvel entraîneur lui obtient un stage dans une des équipes juniors de Chelsea. Dany foule alors la pelouse de Stamford Bridge.

 

Mais les vacances de son père terminées, Dany doit rentrer à Maurice, les démarches pour qu’il reste en Angleterre n’ayant pas abouti. Mais le jeune homme ne désespère pas et se donne à fond dans sa passion : le foot. Il défend les couleurs du Racing Club et celles de Maurice pendant plus d’une décennie. Il fait partie des Elahee Boys, avec une participation à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 1974, en Égypte. Dany inscrit même deux buts pour Maurice, les deux seuls de la sélection dans cette compétition. Un contre la Guinée et l’autre contre le Zaïre.

 

En tant que capitaine du Racing Club de Maurice, il remporte le championnat de la première division en 1978.

 

Match hommage

 

Le New George V Stadium a été le théâtre de nombreux exploits de Dany Imbert. C’est pourquoi ses anciens co-équipiers veulent lui rendre hommage en organisant un match de gala le 23 avril, entre les ex-stars du Club M et celles du Racing Club de Maurice.

 

Un complexe sportif à son nom

 

Suivant le décès de Dany Imbert, le gouvernement mauricien a voulu lui rendre hommage. Ainsi, il a été décidé, lors du Conseil des ministres de vendredi, que le complexe sportif de La Source à Quatre-Bornes, ville où habitait l’ex-footballeur de légende, portera désormais le nom de Dany Imbert. Un geste fort apprécié par l’entourage de l’ancienne gloire du football mauricien.

 

Textes : Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun