• Philippe Henry : le «Perfect Warrior» nous a quittés
  • Dérèglement climatique : ces pays où le thermomètre s’affole
  • Indian Ocean Marine Life Foundation : ensemble pour protéger l'océan
  • Coussinets : attention aux petites pelotes plantaires
  • Chute mortelle à Henrietta : un jardinier tombe dans une falaise après avoir été attaqué par des «mouss zako»
  • Théâtre : Katia Ghanty fait battre des cœurs
  • Single «L’amour Vivant» : quand Kenny Conscious rencontre Caroline Jodun
  • Journée mondiale de l’asthme : éduquer pour mieux combattre
  • Yeshna Dindoyal : ma petite contribution à la lutte contre le changement climatique
  • Accidents fatals : le malheureux destin de deux jeunes partis trop tôt

Boolell ou la tragédie de l’éternel second !

Posons la question sans détour : est-ce que l’heure d’Arvin Boolell a sonné ? Est-ce que sa nomination comme leader de l’opposition est un pas vers le leadership du PTr ? À cette interrogation lancée par notre confrère Le Mauricien, l’intéressé répond de manière philosophique : «Chaque étape sera franchie par la force des circonstances et la volonté de l’électorat.» En usant de la diplomatie, Boolell ménage d’un côté «la chèvre» Ramgoolam, déjà blessé dans son orgueil, après s’être fait rejeter pour la deuxième fois, et «le chou» du clan Ramgoolamiste qui ne connaît qu’un seul chef incontesté.

 

Mais si Boolell met (pour l’heure) de l’eau dans son vin (rouge), c’est aussi parce qu’il a appris que la confrontation avec son leader ne le mènera pas sur la plus haute marche du square Guy Rozemont. Les enseignements post-législatives 2014 l’attestent ! Ce décembre-là, après la lourde défaite des Travaillistes, doublée de l’échec personnel de Ramgoolam, décapité politiquement par trois néophytes dans la circonscription n° 5, Boolell avait énoncé clairement son intérêt pour le leadership du parti. Il alla même jusqu’à s’autoriser une autre transgression, en demandant à Ramgoolam, après l’affaire des coffres-forts, de step down.

 

Petite victoire : le leader des Rouges décide de se mettre en congé, lui concédant alors le rôle de porte-parole des Travaillistes. Mais le rêve ne dépassa pas trois mois. Faut-il rappeler l’humiliation subie à ce moment-là par l’éternel second, quand les Ramgoolamistes le poignardèrent dans le dos, en orchestrant secrètement le grand retour de leur chef, heureux de reprendre sa place entouré de ses suiveurs qui, matin et soir, lui récitent le mantra (dixit Jhuboo) : «To mem nou lerwa, to mem nou raja.» Et c’est ainsi que Boolell, se sachant esseulé, rentre dès lors dans les rangs, avant que le succès ne vienne le croiser sur les chemins de Belle-Rose/Quatre-Bornes lors de la partielle de 2017, quand il remporte une large victoire, lui permettant de faire son retour au Parlement en tant que chef de file du PTr. On connaît la suite : lors du scrutin du 7 novembre dernier, il est élu dans la circonscription n° 18 et endosse sans résistance le costume de leader de l’opposition.

 

D’un côté donc, une déchéance de Ramgoolam, qui, en deux occasions connaît la débâcle, et pour qui un changement de circonscription n’a aucun effet ; de l’autre, un triomphe de Boolell qui prouve qu’au contraire, un changement de circonscription – il passe du n° 11 au n° 18 – peut donner un double éclat : (i) une victoire écrasante lors de la partielle de 2017, quand il remporte 7 990 voix alors que sa principale adversaire Nita Juddoo obtient elle 3 261 voix et (ii) aux dernières législatives, en prenant la tête du classement avec plus de 2 000 voix le séparant du deuxième élu, Kavi Ramano. Est-ce suffisant pour qu’Arvin Boolell ambitionne légitimement d’endosser le rôle de leader ? Est-ce que Ramgoolam, après deux défaites successives de son parti, une incapacité à se faire élire personnellement, ne serait-ce que comme député, et faisant face désormais à de nouvelles tracasseries avec l’appel du DPP pour contester le jugement qui a rayé les 23 charges contre lui, consentirait-il à se retirer de lui-même ? Il est vrai qu’à Maurice, ce genre de pratique n’existe pas, que malgré les échecs, les chefs s’accrochent désespérément à leur fauteuil ; la démocratie n’étant qu’un concept à l’intérieur des partis politiques.

 

Si Ramgoolam n’exprime jusqu’ici aucune volonté de s’en aller, en revanche, c’est à travers la plume que deux Travaillistes l’invitent à partir. Dans une tribune publiée par l’express, Yatin Varma, ancien Attorney General, résume sa pensée en ces termes : «There was a time, when Ramgoolam was bigger than the party, but today the party is bigger than him. The party should realize that it can survive and win without Ramgoolam.» Autre opinion, cette fois de Rama Valayden qui, lui aussi, est d’avis que «in the interests of Labour Party, Navin must go…» Est-ce que ces ressentis sont ceux partagés au sein du Bureau politique
rouge ? Toute la tragédie de Boolell est là : populaire dehors, esseulé dedans ! La rue l’apprécie, mais les membres du Bureau politique ont toujours fait le choix de Ramgoolam. Et maintenant ? Est-ce que l’heure d’Arvin Boolell a sonné ? Est-ce que l’éternel second, en devenant leader de l’opposition, passera finalement premier en s’asseyant à la place du chef ?