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Une opération policière fatale et cinq suspects derrière les barreaux

L’enquête policière sur l’opération de «controlled delivery» ayant coûté la vie à la WPC Dimple Raghoo a débouché jusqu’ici sur l’arrestation de cinq suspects âgés entre 19 et 29 ans pour meurtre et trafic de drogue. Ainsi, Dylan Bryan Josué Carman, Hashimkhan Hyderkhan, Jordan Cliff Dylan Ah-Kang, Wazim Ally Meerkhan et Jordan Venpin se sont constitués prisonniers dans le cadre de cette affaire. Récit.

C’est dans des circonstances tragiques que la Woman Police Constable (WPC) Dimple Raghoo a trouvé la mort ce mardi 24 novembre. Ce jour-là, la trentenaire a répondu à l’appel de ses supérieurs dans le cadre d’une opération de livraison contrôlée, bien qu’elle était en congé. Ainsi, ses collègues de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Mahébourg et elle – venue remplacer un collègue – se sont rendus sur le parking du Bo’Vallon Shopping Mall sous couverture, après avoir appris qu’un dénommé Dylan Bryan Josué Carman y effectuerait une livraison de drogue synthétique et de cannabis.

 

Pour le bon déroulement de l’opération, les limiers de la brigade anti-drogue de Rose-Belle étaient venus leur prêter main forte. Deux véhicules dans lesquels se trouvaient des officiers de l’ADSU étaient garés sur l’aire de stationnement en attendant que débarquent les suspects, tandis que les limiers de Rose-Belle s’étaient placés devant l’entrée du Food Court. Les constables Gilbert Benoit Arlanda et Dimple Ragoo avaient, eux, reçu l’ordre de se positionner à l’entrée d’Espace Maison en attendant les directives.

 

Après avoir patienté pendant environ une heure, c’est finalement aux alentours de 17h30 que les officiers sous couverture ont noté l’arrivée d’une Honda blanche immatriculée HH 45, soupçonnée de transporter de la drogue. Les enquêteurs ont attendu que l’acheteur réceptionne le colis avant d’agir. Dès que ça a été fait, les constables Arlanda et Raghoo ont reçu l’ordre de fermer le portail se trouvant près d’Espace Maison pour que les suspects ne puissent pas prendre la fuite. En effet, après s’être rendu compte qu’ils étaient encerclés par des officiers de l’ADSU, les occupants du véhicule ont démarré en trombe et face au portail fermé, ils ont accéléré, l’enfonçant et heurtant par la même occasion de plein fouet les deux policiers qui s’y étaient positionnés.

 

Alors que le constable Arlanda a été projeté plus loin, la constable Raghoo s’est retrouvée coincée sous les roues du véhicule et a été traînée sur plusieurs centaines de mètres, alors que les suspects fuyaient en direction de Plaine-Magnien. D’autres policiers ont alors pris en chasse la voiture et ont vu le conducteur balancer des colis dans les buissons. La policière a été retrouvée un peu plus loin, gisant inconsciente sur l’asphalte et saignant abondamment. Une ambulance a été sollicitée et les blessés ont été conduits à l’hôpital Jawaharlal Nehru où le décès de la WPC Raghoo a été constaté. Une autopsie a attribué sa mort au choc de ses multiples blessures. Son collègue a, pour sa part, été admis en salle. D’autre part, une battue a permis aux enquêteurs de mettre la main sur la drogue balancée – 500 g de drogue synthétique et 600 g de cannabis.

 

Un peu plus tard, le même jour, les enquêteurs ont retrouvé le véhicule à bord duquel circulaient les suspects, abandonnée près d’un supermarché à Valentina. Entre-temps, les Casernes centrales ont donné l’alerte à toutes les unités pour monter une opération afin de retrouver les occupants de la voiture. Durant la même soirée, Dylan Carman et Hashimkhan Hyderkhan se sont livrés à la police de Phoenix. Le premier a fait la déclaration suivante : «Wazil était au volant de la voiture. Nous nous étions rendus à Beau-Vallon pour livrer de la drogue. Lorsque nous nous sommes rendu compte que nous étions encerclés par la police, nous avons pris la fuite, enfoncé le portail et renversé la policière. J’ai ensuite balancé les colis de drogue que nous transportions.»

 

Durant son interrogatoire, Dylan Carman a aussi indiqué qu’après qu’ils se sont débarrassés du véhicule, ils ont pris l’autobus pour regagner la capitale. Il est ensuite allé retrouver le propriétaire de la voiture, Hashimkhan Hyderkhan, pour lui expliquer ce qui s’était passé. Il ignorait, assure-t-il, où s’était rendu le conducteur pendant ce temps. Questionné à son tour, Hashimkhan Hyderkhan a expliqué avoir uniquement loué le véhicule au dénommé Wazil et qu’il n’était pas présent à Beau-Vallon. Il a déclaré qu’il ne savait pas que ce dernier était impliqué dans le trafic de drogue. Les enquêteurs ne sont, toutefois, pas convaincus par sa version. Pour cause, une fouille de son domicile a conduit à la découverte d’une certaine quantité de cannabis et de la somme de Rs 27 000 soupçonnée de provenir de la vente de la drogue. Le même soir, le domicile de Jordan Ah-Kang, un ami proche de Dylan Carman, a également été perquisitionné. Des graines de cannabis et des substances servant à la fabrication de drogue de synthèse ont été découvertes chez lui. Il a aussi été arrêté.

 

Après avoir passé la nuit en cellule, les trois suspects ont comparu en cour le mercredi 25 novembre. Une accusation provisoire de meurtre et de trafic de drogue a été logée contre Dylan Carman, tandis qu’Hashimkhan Hyderkhan et Jordan Ah-Kang répondent, eux, de quatre accusations provisoires de trafic de drogue. Hashimkhan Hyderkhan a retenu les services des Mes Sanjeev Teeluckdharry, Anoop Goodharry et Arshad Inder.

 

Par ailleurs, après 24 heures de cavale, c’est accompagné de son homme de loi, Me Assad Peeroo, que Wazil Ally Meerkhan s’est finalement livré aux limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) le mercredi 25 novembre. Lors de sa première séance d’interrogatoire, il a reconnu qu’il était bel et bien au volant de la voiture, même s’il ne détient pas le permis de conduire. Il a déclaré que le suspect Dylan Carman était assis à côté de lui et que Jordan Ah-Kang était sur le siège arrière. «Dylan Carman ki finn dir mwa roule, l’ADSU sa. Mo finn roul lor la polis-la me se par aksidan. Je n’avais l’intention de tuer personne ; je voulais uniquement prendre la fuite. Mo pa ti kone li ti anba loto.» Des accusations provisoires de meurtre et de trafic de drogue ont été logées contre lui.

 

Enfin, le cinquième individu appréhendé dans le cadre de cette affaire est Jordan Venpin, dont le nom a été balancé par les suspects. Il serait celui qui fabriquerait la drogue synthétique et alimenterait leur réseau. Alors qu’il était activement recherché, il a été identifié par un policier au moment où il tentait de prendre une chambre dans un hôtel à la rue St-Georges, à Port-Louis. Il a tenté de s’enfuir mais a vite été rattrapé et remis à la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis. Une fouille de son domicile a révélé qu’il opérait un laboratoire clandestin. Il a comparu en cour le jeudi 26 novembre sous une accusation provisoire de trafic de drogue.

 

À ce stade, les cinq suspects ont été placés en détention policière, la police ayant objecté à leur remise en liberté. L’enquête est toujours en cours. 

 


 

Qui sont-ils ?

 

Dylan Bryan Josué Carman

 

Cet habitant de la rue Madame, à Port-Louis, est l’un des premiers suspects à avoir été appréhendés dans le cadre de cette affaire. Âgé de 26 ans, cet ancien étudiant du collège La Confiance travaillait comme livreur de pizzas depuis un bon moment et avait un casier judiciaire vierge avant son implication dans cette affaire. Ceux qui l’ont côtoyé le décrivent comme «enn piti korek avek tou dimounn». Ils avancent qu’il a toujours été un jeune homme «motivé, toujours sérieux dans son travail et qui s’absentait rarement. Zame pa ti pou krwar pou ariv li sa, tou dimounn finn soke».

 

Hashimkhan Hyderkhan

 

Domicilié à la rue d’Artois, dans la capitale, il s’est livré à la police de Phoenix après avoir appris que sa voiture – une Honda blanche immatriculée HH 45 –, louée à l’un des suspects, était impliquée dans la mort de la policière. Âgé de 29 ans, il est dans le business de location de voitures depuis plusieurs années et gèrerait également l’entreprise familiale, responsable d’achat et de vente de véhicules. Avant cette affaire, il avait également un casier judiciaire vierge. Dans son entourage, il est décrit comme quelqu’un de «calme, poli et travailleur ; un jeune homme sans histoires».

 

Jordan Cliff Dylan Ah-Kang

 

Cet habitant de Tranquebar est le troisième individu à avoir été appréhendé dans le cadre de cette affaire. Il serait un ami de longue date du suspect Dylan Carman. Certains avancent même que «zot ti koumadir kannson-simiz». D’après l’une de ses connaissances, il travaillait récemment comme assistant opérateur dans une imprimerie à Pailles. Ils sont nombreux dans son entourage à le décrire comme «enn bon garson ki pa ti ena move frekantasion. Li ti toultan korek». Mais il semblerait que ses habitudes aient changé récemment.

 

Wazil Ally Meerkhan

 

Il était activement recherché et c’est finalement accompagné de son homme de loi, Me Assad Peeroo, que Wazil Ally Meerkhan s’est livré aux Casernes centrales. Le suspect de 26 ans, domicilié à la rue La Paix, à Port-Louis, venait d’obtenir un emploi dans la même pizzeria que Dylan Carman, il y a à peine quelques semaines. La police estime que c’est en ces lieux qu’ils auraient fait connaissance. Le jeune homme, qui est marié, n’est pas inconnu des services de police. Il a déjà été arrêté, par le passé, en possession de drogue synthétique. Alors que son entourage le décrit comme quelqu’un de «calme et qui se laisse facilement influencer», les enquêteurs n’écartent pas la possibilité qu’il ait pu prendre la relève de son oncle Oomar Karrimbaccus (alias Tirania), arrêté en 2018 pour son implication dans la saisie de 110 kilos d’héroïne au large du Coin-de-Mire.

 

William Jordan Venpin

 

Il est le plus jeune des suspects appréhendés dans le cadre de cette affaire. Le nom de cet habitant de Ward IV, âgé de 19 ans, a été balancé par les autres suspects. Jordan Venpin, qui est issu d’une famille très aisée, est présenté comme celui qui aurait fabriqué la drogue. Les enquêteurs ont d’ailleurs retrouvé, à son domicile, ce qui ressemblerait à un laboratoire clandestin.