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Résultats du School Certificate : entre réjouissances et tristesse

Chelsy, Jerzy et Tatiana font partie de la cuvée 2022 du SC.

78,49 % en 2022 contre 85,68 % en 2021. C’est le pourcentage d’élèves ayant réussi les examens du School Certificate. Si la baisse de performance est décriée par les autorités concernées, les cinq credits obligatoires pour passer en Lower VI le sont aussi. Des étudiants se confient, entre réjouissances et tristesse. 

Ce mercredi 18 janvier, un tourbillon d’émotions a animé les candidats ayant pris part aux examens du School Certificate (SC) en novembre 2022, après un cursus scolaire chamboulé à cause de la Covid-19. Si pour beaucoup, l’heure était aux réjouissances, d’autres, eux, font face à la dure réalité des cinq credits nécessaires pour passer en Lower VI et ainsi poursuivre leur scolarité. Jerzy Sondhoo, élève au collège James Burty David, à Bell-Village, a obtenu cinq credits après un second «sitting». «Je suis vraiment heureux de pouvoir continuer ma scolarité. J’ai pu avoir les cinq credits nécessaires pour passer en Lower VI et choisir mes sujets ; Travel & Tourism, Business et français comme main subjects, et PE et GP comme sujets subsidiaires. L’attente de ces résultats a été un vrai stress car c’est mon second sitting pour le SC», confie l’étudiant.

 

De l’annonce des résultats de la première fois, Jerzy dit garder un souvenir amer. «J’avais obtenu deux credits, donc c’était clair que je ne serai pas en Lower. Pa kone kot pou met latet dan sa moman-la. C’était un mélange de tristesse, de honte et de culpabilité. Mais j’ai eu le soutien infaillible de mon entourage et cela m’a permis d’entamer une seconde fois le SC, avec de bons résultats», explique Jerzy Sondhoo.

 

Et la Covid-19 dans tout ça ? Lui n’en tire que du positif. «Beaucoup disent que ces deux années ont été un chamboulement mais pour moi, ce fut plus que bénéfique. Cela m’a permis de mieux me préparer pour les examens. Et je me suis préparé seul, sans leçons particulières ou autre support. Les classes en ligne n’étaient pas vraiment efficaces et c’est peut-être cela aussi qui a fait que certains élèves n’ont pas pu tenir le rythme car nous sommes habitués aux classes en présentiel. Et comme il n’y avait pas de suivis stricts, je pense que cela a causé un relâchement de la part des élèves», observe notre interlocuteur.

 

C’est avec fierté et sérénité, dit-il, qu’il reprendra le chemin de l’école dès ce lundi 23 janvier. «J’ai hâte, même si j’ai des appréhensions. Mais je suis aussi triste de voir le nombre d’élèves qui devront arrêter l’école car leur âge est trop avancé à cause de ces deux ans de SC qu’ils ont été obligés de faire et du manque de credits. Les autorités concernées auraient pu être plus flexibles, tenant compte de ces deux années chamboulées à cause de la Covid-19. Quoi qu’il en soit, je souhaite à chacun la force de se battre et de ne pas baisser les bras, et surtout aux parents de soutenir leurs enfants car c’est ce qui m’a permis d’avancer et de réussir, même si un échec reste difficile pour tous», conseille Jerzy Sondhoo.

 

Manque de flexibilité

 

Tatiana Sheik Meera, étudiante au collège Lorette de Mahébourg, est, elle aussi, soulagée de poursuivre sa scolarité en Lower VI. Elle qui a eu du mal avec sa Form V étalée sur deux ans. «C’était épuisant. Je me sentais étouffée par ce train de vie, entre les leçons et les révisions qui étaient nécessaires comme nous n’avions pas école en présentiel. C’était trop long entre la Form IV et la Form V. Il y avait les classes en ligne qui, pour moi, empiétaient sur la vie privée de l’étudiant. Nos maisons ne sont pas forcément adaptées à ce mode de fonctionnement et nous ne sommes pas tous équipés pour. Il fallait, par moments, gérer le problème de connexion Internet, le portable qui surchauffe pendant les cours en ligne, les parents qui parlent quand le micro n’est pas coupé, entre autres. Aujourd’hui, je suis contente de pouvoir enfin tourner cette page», confie-t-elle.

 

En ce qui concerne les cinq credits requis pour la Lower VI, Tatiana avance : «C’est une règlementation et on s’y fait. Mais je trouve dommage que des élèves ayant obtenu des distinctions et que quatre credits dans les sujets qu’ils veulent faire en Lower doivent redoubler leurs années juste à cause d’un credit manquant dans des sujets qu’ils ne choisiront pas. Il manque une certaine flexibilité à ce niveau.»

 

Irfan*, qui fréquente le même établissement que Jerzy Sondhoo, fait partie de ceux qui devront redoubler le SC. «Dans mon cas, avec un résultat SC PASS et un aggregate de 27, il est difficile d’accepter de perdre une année de plus simplement à cause d’un credit manquant. Il est également triste de noter que certains étudiants avec un aggregate supérieur à 30 ont la possibilité de passer en Lower VI parce qu’ils ont obtenu leurs cinq credits. Finalement, je suis obligé de redoubler et de perdre encore une année entière malgré un bon résultat et un meilleur cumul uniquement à cause de la politique du système des cinq credits. Et mes chances sont maintenant limitées en HSC car à 20 ans, je serai condamné à réussir ma seule et unique tentative à ces examens.»

 

De son côté, Chelsy Chanier, 19 ans, ne reprendra pas le chemin de l’école ce lundi. Non seulement à cause du manque de credits mais aussi en raison de son âge. «J’ai déjà 19 ans et je suis en Form V car j’ai dû, dans le passé, refaire la Form II car je n’avais pas le niveau. Et là, il me manque les credits nécessaires pour pouvoir continuer l’école. Ces deux années scolaires particulières m’ont énormément déstabilisée et j’avoue que cela m’a fait plus reculer que progresser. Certes, je suis aussi responsable de mes résultats car je sais que je n’ai pas suffisamment travaillé mais ces deux ans sans guides m’ont chamboulée. Certains élèves peuvent apprendre seuls, d’autres ont besoin d’être en classe. Je suis aussi révoltée par ces lois que les autorités concernées ne cessent de mettre. Je vois cela comme une façon de pousser les élèves vers la porte de sortie», s'insurge-t-elle.

 

Manque de flexibilité et de considération à l’égard des élèves. C’est ce que Chelsy déplore. «Je connais des élèves avec des résultats irréprochables mais à cause d’un seul credit manquant, ils ne pourront poursuivre l’école à cause de leur âge. Pour certains, c’est faute de moyens car les parents ne peuvent pas payer les frais d’examens. Ce n’est pas ainsi qu’on valorisera l’éducation.» N’empêche, la jeune femme ne se laissera pas démoraliser et entamera les examens du SC en privé. Elle espère quand même que l’obligation d’avoir cinq credits pour passer en Lower VI sera revue…

 

*Prénom fictif