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Laferm Coco ; c’est trop «dilo koko»

Stéphane Rouillard a dans le cœur une nature qui vit à son rythme.

Ce qui veut dire que c'est bon et beau. Et que c'est un endroit à découvrir et une philosophie à aimer passionnément.

Un secret de verdure. Et de bien-être. Au milieu, coule une rivière. Là où font trempette des canards. Une symphonie d'eau qui apporte fraîcheur et musicalité au lieu si particulier que nous découvrons en cette fin de matinée. Pour arriver à Laferm Coco, où on pratique l'agro-écologie (en opposition thématique avec l'agriculture industrialisée), il faut avoir de la patience et un véhicule qui n’a pas peur des sentiers accidentés. Dépasser le village de Bambous-Virieux, tourner à gauche avec un petit pont et suivre les flèches qui mènent vers cet endroit pas comme les autres. Se perdre dans les champs de canne, s'enliser un peu (surtout après un jour de pluie), regarder avec émerveillement la montagne qui se dresse, imposante. Et, finalement, rencontrer Stéphane Rouillard, l'homme derrière cet univers, où la nature est au cœur de tout. Prenez un grand bol d'air frais, vous allez vous éloigner, si vous l'acceptez, des turpitudes du quotidien en lisant les prochaines lignes…

 

Du vert à perte de vue, du rustique partout. Une nature à peine bousculée, rien que pour les plantations et les constructions de base. Du soleil qui pique. Et une conversation intéressante à l'ombre d'une grande varangue créole, où le regard peut s'échapper vers tous les recoins de Laferm Coco. Passionné, l'homme derrière ce projet s'anime quand il parle de cette ferme. Avec lui, le temps file au rythme des activités de son petit monde… qui a vu le jour en janvier 2016. Avec d'abord la plantation de cocotiers (activité qui perdure), puis petit à petit, l'envie de faire mieux, de continuer à respecter la nature et la biodiversité. Le besoin de faire différemment, d'oser autre chose que ce que propose la société, affamée, toujours en demande de plus.

 

Laferm Coco est, pour Stéphane Rouillard, un vieux rêve. Un besoin qui a fleuri de sa découverte de l’œuvre de Pierre Rabhi, une des figures emblématiques de l'agro-écologie : «C'est aussi, et surtout, un mode de vie en dehors du système.» Un retour aux sources, à l'essence même de la vie. Celle qui n'a pas besoin d'hormones, d'engrais et de pesticides. Celle qui se respecte et qui respecte.

 

Chez Stéphane, tous les clichés de la ferme d'avant sont à déguster avec l'âme. Ceux qui se sont insinués dans nos souvenirs à travers des expériences de vie mais aussi des images de tikomik et de longs-métrages. Des volailles en liberté, des canards qui font trempette, des poules qui pondent et se baladent, des chèvres et moutons qui sont dans les pâturages. Le chant des oiseaux. L'atmosphère paisible. Le besoin de se poser et d'écouter la nature respirer, tout simplement. En chœur avec notre cœur : «Nous nous sommes établis de façon naturelle. L'humain fait partie de l'univers.» Ici, on vit en autarcie… ou presque. Car on est quand même tournés vers la région, vers l'autre, vers l'univers. Mais il y a cette autonomie énergétique – de l'eau de la rivière et de l'électricité venant des panneaux solaires – qui permet une liberté d'être. Le compost est fait maison, les semences aussi. Et dans le potager, ça pousse tranquillement. D'ailleurs, les légumes récoltés sont mis dans des caissettes afin d'être livrés aux clients de la région, en fin de matinée, ce mercredi.

 

De la région uniquement : «C'est de la vente directe. Dans le voisinage. C’est local. Les liens sociaux font partie de l’agro-écologie.» Laferm Coco est aussi présente au bazar de Mahébourg. Mais comme le dit Stephane Rouillard, «on vend ce qu'il y a» : «Quand des habitants d'autres régions me demandent de les livrer, je dis : faites quelque chose chez vous. Il faut cette culture régionale. Ce n'est pas normale qu'un légume du Sud aille à Port-Louis pour la vente à l'encan pour revenir dans le Sud et être beaucoup plus cher.» L’objectif de cette ferme n’est pas de faire du profit : «On ne force pas. Ce n'est pas un business. On ne recherche pas la surproduction.» D’ailleurs, les prix sont fixes. Et les arbres du potager vivent leur vie avec le moins d’intervention humaine possible.

 

Pas de pesticide, de disel chimique. Ici, on nourrit la terre, «l'enrichissement naturel du sol est essentiel», et elle le rend bien : «Le système naturel est une chaîne très complexe et fragile. En général, les éléments s'autocontrôlent. Et au final, nous avons très peu de maladies et très peu de problèmes.» Avec l’agroforestry, la vie des plantes qui s’entraident (pour dire les choses simplement) apporte un supplément de magie à l'ensemble. Séduit/e ? Ce monde est à découvrir !

 

Pour vivre ce sanctuaire, vous pouvez profiter des visites guidées et gratuites, qui commencent tôt, mais aussi de la possibilité de réserver pour un repas avec des produits disponibles à la ferme (connectez-vous à la page Facebook pour en savoir plus). Ce secret de verdure vous attend…

 


 

L’agro-écologie en quelques points

 

Le terme est un néologisme et il apparaît pour la première fois en 1928 : quand même ! Aujourd'hui, il est utilisé pour désigner une filière scientifique mais aussi des pratiques agricoles qui respectent et s'inspirent de la nature. C’est de l'agriculture biologique ? Oui mais ça va plus loin. Pas d'OGM, pas de fertilisant, pas d'engrais, pas de pesticides, d'accord. Mais aussi une prise en compte du milieu naturel ; le reboisement, la gestion de l'eau, entre autres. Une solution à long terme. Eh oui ! L'agro-écologie serait une réponse au réchauffement climatique et à la détérioration des sols, entre autres. Le retour aux sources s'inscrit également dans le besoin de repenser la société.