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Journée mondiale de la prévention du suicide : MTI Funeral Scheme Manager Ltd s'engage

Un symposium s’est tenu le samedi 10 septembre au Gymkhana Club avec, pour objectif, de sensibiliser les jeunes au suicide. Pour l’occasion, de nombreux intervenants travaillant directement avec les enfants, collégiens et étudiants ont pris la parole…

«L’objectif d’un directeur d’agence de pompes funèbres est d’enterrer les morts, certes, mais chez Moura Funeral, nous voulons enterrer ceux qui décèdent de cause naturelle. C’est la raison pour laquelle nous continuerons de nous associer à des campagnes de prévention sur le suicide.» Ce sont là les propos de Janik Rousseau, Funerarium Manager de Moura, à l’issue d’un atelier de travail en collaboration avec le Rotary Club de Highlands, conduit le samedi 10 septembre au Gymkhana Club. Ce symposium, organisé avec l’aide d’un panel de professionnels, s’est tenu symboliquement lors de la Journée mondiale de la prévention du suicide et avait pour but de sensibiliser les jeunes à ce fléau et à sa racine.

 

En tant que proche collaborateur de Moura, Aatish Seesaha, Sales Manager de MTI, souligne l’importance de lancer cette campagne de sensibilisation. «Nous avons été tenus au courant du nombre alarmant de vies perdues par suicide. Étant une compagnie consciencieuse, MTI ne peut pas rester les bras croisés», a-t-il déclaré. C’est la raison pour laquelle, à l’aube de son 10e anniversaire, le groupe vient avec de nombreux projets communautaires. Le tout premier étant la prévention du suicide. En partenariat avec plusieurs personnes, groupes, organisations et autres, MTI a identifié et mis en œuvre des stratégies efficaces de prévention au suicide, favorisant des communautés saines et résilientes à Maurice.

 

À l’issue de ce premier atelier de travail, MTI vise essentiellement les jeunes. «Bien que ce ne soit pas recommandé d’aborder le sujet directement avec un public de cette tranche d’âge, le groupe a introduit un concept visant à encourager la connexion. Nous espérons, à partir de là, l’étendre à un plus grand public.» Lors de ce symposium, plusieurs aspects ont été abordés. Si le suicide reste un sujet tabou et difficile à aborder, comme l’a expliqué Emilie Rivet-Duval, docteure en psychologie clinique, durant de son intervention, il est important de noter que «sur 10 personnes qui se donnent la mort par suicide, 8 donnent des signes sur leurs intentions. Ces signes peuvent être verbaux, comportementaux et/ou psychologiques. Toutes les tentatives de suicide doivent être prises au sérieux, aussi minimes soient-elles».

 

Actuellement, précise-t-elle, un des facteurs de risque augmentant la probabilité du passage à l’acte suicidaire est la présence antérieure d’une tentative de suicide : «C’est au cours de la première année après la tentative de suicide que ce risque de récidive menant à la mort est le plus élevé, sachant qu’une personne sur trois récidive.» Contrairement aux idées reçues, souligne Emilie Rivet-Duval, «le suicide n’est pas tant le fait de vouloir mourir que le fait de lutter pour vivre. Une personne qui pense à se donner la mort ne veut pas mourir mais arrêter de souffrir. Une personne ne se suicide pas par choix mais par manque de choix. L’idée de mourir est souvent perçue comme l’unique solution pour mettre fin à sa souffrance».

 

L’atelier de travail a aussi vu la collaboration de l’ONG Befrienders qui œuvre depuis 2015 pour la prévention du suicide à Maurice, à travers son service d’écoute par téléphone. José Emilien, le vice-président, a aussi pris la parole lors de l’événement. Il a fait le point sur la situation actuelle dans l’île et a souligné l’importance de «différencier l’avant et l’après-Covid» : «Avant la pandémie, le taux de suicide et de tentative de suicide tendait à régresser avec les actions de prévention entreprises mais la Covid a aggravé l’état mental de beaucoup et le taux de suicide et de tentative de suicide a grimpé. Ceci s’explique par la peur de la maladie, l’incertitude face à l’avenir, les pertes d’emploi et l’atmosphère anxiogène qui règne.» Il conçoit néanmoins que «la résilience de beaucoup a été mise à rude épreuve et le désespoir a pris le dessus. L’humain est un être social et le mental a pris un coup avec l’isolation chez soi. Les jeunes ont vu leur programme d’études être déstabilisé et les adultes se sont retrouvés sans emploi. Donc, la tranche d’âge affectée par le suicide s’étend du très jeune au terme de la vie active».

 

Étant donné que cet atelier de travail visait essentiellement les jeunes, de nombreux intervenants travaillant directement avec les enfants, collégiens et étudiants ont donc aussi pris la parole. À l’instar de Jacques Daniel Sungaren, manager des collèges Lorette de Quatre-Bornes et Saint-Pierre. Pour ce dernier, «les étudiants doivent vivre leur vie à travers des valeurs telles que la joie, l’intégrité, l’excellence, la justice et la vérité (…) Échouer ne fait pas de vous un échec en tant que tel (...) Les jeunes doivent oser faire les choses différemment pour qu’il y ait un changement pour le bien de la société. Les élèves doivent toujours faire des choses qui nourrissent leur caractère et l’école peut aider en fournissant les outils nécessaires aux éducateurs».

 

Ashvinta Mulloo, éducatrice à la Hampstead Junior School, a, pour sa part, salué l’initiative de MTI : «Discuter d’un sujet tabou comme le suicide est en soi un bon début. La sensibilisation aux facteurs menant au suicide est une nécessité dans la société.» Sa collègue, Sheana Jhani, abonde dans son sens : «Venir avec l’idée de la prévention du suicide est très réfléchi car je pense que ce problème peut être abordé différemment à un stade précoce. Étant éducatrice au primaire, je suis exposée à différents changements de comportement et nous sommes très concernés.»

 

Ce consortium a connu un franc succès avec la présence d’environ 275 participants. Dans l’assistance, Hemavathi Peruman, étudiante au Droopnath Ramphul State College. «En tant que jeune, cette convention m’a aidée à mieux me situer dans cette société où le suicide est un sujet tabou. Pouvoir en entendre parler librement, surtout des spécialistes qui sont experts dans ce domaine, m’a aidée à en apprendre beaucoup plus sur la santé mentale. Ce symposium m’a aidée à voir les choses d’une manière différente et m’a fait réaliser que nous avons besoin de communiquer davantage avec notre famille car nous avons souvent tendance à rester seuls et à ne pas exprimer nos sentiments», retient-elle.

 

Pour Vanadia Permall Husraj, Project Director au Rotary Club de Highlands, les pierres ont été posées lors de ce symposium : «En tant que membre du Rotary Club de Highlands, je sais que toutes les parties participantes veilleront à ce qu’il y ait un effort continu dans les semaines et les mois à venir pour atteindre le maximum de personnes. Différentes stratégies seront également utilisées pour promouvoir la connectivité parmi le public ciblé.»

 

Alors que la prévalence des décès par suicide est alarmante, «ensemble, nous pouvons apporter des changements positifs», estime Kantee Gayan, présidente du Rotaract Club de Saint-Pierre. «La collaboration entre des organisations comme MTI et le Rotary aidera à établir un réseau de soutien vital qui finance et facilite le soutien continu à une personne dans le besoin et à sa famille.»

 

Au terme de cet atelier de travail, Aatish Seesaha, Sales Manager de MTI, a assuré que le groupe MTI et ses partenaires «rassembleront tous les éléments-clés qui sont apparus et prépareront un plan d’action vers des projets communautaires» : «Comme nous le croyons, l’engagement communautaire est un processus ascendant actif et participatif par lequel les communautés peuvent influencer et suivre l’exemple en lançant des activités importantes et appropriées. Lorsqu’ils sont mis en œuvre de manière adéquate, les projets d’engagement communautaire peuvent être très efficaces pour résoudre les problèmes de santé mentale en général et prévenir le suicide en particulier.»

 


 

Il a fait une tentative de suicide

 

Nicolas*, 32 ans : «L’entourage doit être à l’écoute des moindres signes de détresse»

 

Plusieurs années se sont écoulées mais ses plaies sont encore béantes. Si aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, Nicolas donne l’image d’un jeune homme populaire, extraverti et à qui tout réussit – il s’est installé à l’étranger, a des amis, un travail, une vie sociale –, tout cela n’est qu’une façade, avoue-t-il. En réalité, «je suis quelqu’un de très solitaire, même si je suis très à l’écoute des autres. Lorsque ça ne va pas, je ne suis pas pris au sérieux car les gens se fient souvent à leur première impression, celle que tout va bien, que ce n’est qu’une étape à traverser», confie le jeune homme de 32 ans.

 

Il y a environ 10 ans, alors qu’il était encore à Maurice, il confie avoir fait une tentative de suicide. Un moment de sa vie dont il ne s’est jamais vraiment remis. «C’est l’impression d’être seul contre tous, de ne pas trouver de solutions à ses problèmes. Lorsque j’essayais d’en parler autour de moi, je me suis retrouvé face à des gens qui étaient souvent trop occupés pour m’écouter. Je me suis dit que chacun avait ses propres problèmes, je me suis renfermé sur moi-même et je n’arrivais plus à en parler. J’avais l’impression d’être un boulet pour les autres.»

 

Tout devenait insoutenable, confie le jeune homme. «On appelle au secours, en vain, et on continue de broyer du noir, d’être pessimiste, de penser trop. On a l’impression que pour en finir avec cette souffrance, c’est la seule solution possible. Ce n’était pas seulement pour cesser de souffrir mais aussi pour cesser de faire souffrir ceux qui m’entouraient en leur infligeant mes problèmes. J’étais rongé par la culpabilité.» Comment éviter les drames ? «L’entourage doit être à l’écoute des moindres signes de détresse», insiste-t-il. «Dans mon cas, on me répétait : ''Pa kas tet, arive sa'', ''Nou tou pas par-la'' ou encore ''Tou dan to latet''. Moi, je voulais qu’on m’écoute, qu’on entende mon appel à l’aide.»

 

Aujourd’hui, loin de ses proches, il souffre toujours – Nicolas s’est installé à l’étranger depuis six ans. «Je voulais prendre un nouveau départ, tout recommencer à zéro, mais je n’ai jamais été à la source du problème», constate-t-il. «Comment d’autres arrivent-ils à surmonter leurs problèmes et pas moi ? Le problème vient-il de moi ?»
Ce sont autant de questions que se pose encore le jeune homme. «C’est vraiment dur ; au lieu d’en parler avec des gens, je me suis beaucoup renfermé sur moi-même. Le problème, c’est que je bois en pensant que cela m’aidera à oublier mes problèmes mais c’est l’inverse qui se produit. Lorsque je suis sous l’influence de l’alcool, mes démons prennent le dessus et je réagis impulsivement, je fais beaucoup de bêtises. Toutes mes mauvaises pensées prennent le contrôle sur moi ; je dis des choses que je n’aurais jamais voulu dire, je dis des choses blessantes.»

 

À bout, Nicolas a fini par passer à l’acte. Un choc pour ses proches. «Ils ont essayé d’être à l’écoute, ont voulu comprendre mon geste.» Mais le suicide étant un sujet encore très tabou, observe notre interlocuteur, «je n’ai pas voulu me faire soigner ou consulter un professionnel jusqu’ici. Je ne voulais pas qu’on me traite de malade mental, de fou. J’avais peur d’être jugé et cette peur ne m’a jamais quitté». Conscient qu’il peut sombrer à tout moment et se sentant toujours incompris par son entourage, il est déterminé à prendre son courage à deux mains pour se faire soigner, dans l’espoir que ça finira par aller mieux…

 

*Prénom modifié