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Doris David : Ma belle histoire d’amour racontée au saint-père

Invitée au Château du Réduit, elle a pu faire remettre au souverain pontife un livret où elle raconte son histoire et son combat pour les divorcés-remariés.

Elle voulait absolument le rencontrer. C’était la chance de sa vie. Mais si Doris David n’a pu avoir de face-à-face avec le pape le lundi 9 septembre, elle a pu l’approcher de très près et lui faire remettre un livret sur sa magnifique histoire d’amour avec son époux Maurice, dans le cadre de son combat pour les divorcés-remariés. Elle nous raconte tout cela avec passion. 

La rencontre avec l’amour de sa vie à 13 ans (lui 16), leur séparation suite aux pressions du père de l’adolescent qui les jugeait trop jeunes, leurs mariages respectifs (elle trois, lui un), leurs retrouvailles plus de 30 ans plus tard, en 2000, et leur mariage pour le meilleur et pour la vie cette fois. Enfin, ils s’étaient retrouvés, deux âmes sœurs faites pour être ensemble dès le départ. Et qui ont décidé, au nom de cet amour retrouvé, au nom de l’immense grâce reçue, de vouer leur vie à Dieu, et de combattre pour que les divorcés-remariés aient une place à part entière au sein de l’Église.

 

Voilà ce que Doris David a raconté au pape François dans un livret intitulé L’histoire d'un amour, qu’elle a terminé en quelques jours quand elle a su qu’elle allait pouvoir le rencontrer, du moins l’approcher de très près. «Quand j’ai su que le pape allait venir à Maurice pour une visite éclair, mon cœur a bondi dans ma poitrine, je tenais enfin l’occasion de le rencontrer en personne et de lui parler de notre histoire à Maurice et moi, et de notre combat pour les divorcés-remariés. Mais je ne voyais pas comment cela allait se matérialiser», confie Doris avec fougue. Il faut dire qu’elle est passionnée par ce combat qu’elle mène depuis son premier divorce il y a 30 ans.

 

Puis, par un concours de circonstances «extraordinaire», elle a été invitée au Château du Réduit où le pape devait rencontrer diverses personnalités. «C’est un immense cadeau qui m’a été fait et je me suis dit que j’allais enfin pouvoir faire connaître au pape notre belle histoire d’amour. Je me suis mise à l’écrire, avec l’aide de Maurice. J’ai cette histoire, ce testament, à laisser. Pour l’Église, je suis une femme adultère, d’autant que j’ai divorcé trois fois après des mariages malheureux, dont le premier avec le père de mes deux enfants. Mais moi, je ne considère pas avoir été infidèle en amour car j’ai aimé profondément ce que Dieu m’a envoyé. Je n’ai rien fait sans amour. J’ai même divorcé par amour. Vivre dans l’amour est ce qui m’importait le plus.» Ensuite est arrivé Maurice. «Cela a été pour moi le témoignage de la miséricorde de Dieu. Il a toujours été avec moi, dans tous mes combats et au moment voulu, Il m’a libérée. L’amour qui m’était destiné, qu’Il m’avait réservé depuis toujours, est revenu vers moi et je lui ai dit OUI.»

 

Le lundi 9 septembre, c’est donc toute heureuse que Doris s’est rendue au Réduit. Mais là-bas, elle a appris qu’elle ne pourrait pas rencontrer le pape en personne, juste le voir de près dans la salle de bal, lors de la cérémonie protocolaire, comme les autres invités. Bien que déçue, elle a attendu tranquillement que les choses se passent, sans se douter un instant que tout un mécanisme se mettait en place dans son dos pour que son précieux livret puisse être remis au saint-père. C’est finalement par le biais du chef de protocole mauricien que cela s’est fait. «Je peux juste dire merci à Dieu. La façon dont les choses se sont mises en place est le fruit de la providence divine. J’espère que le livret a bien été remis au pape et qu’il le lira», s’exclame Doris.

 

Espoir et déception

 

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle écrit au souverain pontife dans le cadre de son combat pour les divorcés-remariés. En octobre 2014, elle lui avait fait parvenir une lettre dans le cadre du Synode sur la famille. «Quand François est arrivé, en 2013, avec sa croix simple, son humilité, et a demandé de prier pour lui, je me suis dit que c’est un pape différent qui va faire bouger les choses, y compris pour redonner aux divorcés-remariés leur place dans l’Église. Donc, en octobre 2014, je lui ai écrit dans le cadre du Synode pour lui demander de considérer cela, d’accorder aux divorcés-remariés le droit de recevoir les sacrements comme tout le monde. En plus, il venait de décréter l’année 2015, année de la miséricorde. J’avais de l’espoir. Le 22 mars 2015, jour de mon anniversaire, j’ai reçu une réponse écrite de lui. Il a accusé réception de ma lettre, m’a remercié pour ma contribution, dit qu’il avait lu ma missive avec attention, m’a donné sa bénédiction et confiée à la Vierge Marie. C’était mon plus beau cadeau d’anniversaire.»

 

Hélas, quelque temps après, c’est la déception. «Presque rien n’a changé au final. Le pape avait le pouvoir de faire un grand coup mais il a raté le coche. Jésus, quand il nourrissait des milliers de gens, ne demandaient pas qui avait divorcé ou pas avant de le faire, mais l’Église si. Elle se pose en juge, allant ainsi contre la miséricorde divine. J’ai envoyé une deuxième lettre au pape pour lui demander de m’expliquer cette décision mais il n’a pas répondu cette fois.» Doris précise qu’elle se bat pour que les divorcés-remariés puissent communier et recevoir les sacrements «sans jugement, sans procédures légales», et non pour la nullité du mariage possible dans certains cas. «Pour l’Église catholique, le divorce religieux n’existe pas. Le sacrement du mariage est indissoluble. Si c’est le cas, pourquoi ne pas s’arrêter là ? Chercher toutes sortes de motifs pour prouver que le mariage était nul dès le départ, que l’indissoluble est finalement dissoluble, porte à grande confusion, en tout cas dans mon petit esprit.»

 

Quand Doris est lancée sur le sujet, rien ne peut l’arrêter. «Indissoluble veut dire indissoluble, point barre ! Si l’Église peut trouver et mettre des motifs pour dissoudre, alors les principaux concernés, notamment les conjoints qui désirent se séparer, peuvent en faire autant. Après tout, ce sont eux qui se marient et s’échangent les vœux. Le prêtre n’est là qu’en tant qu’officier et en qualité de témoin vis-à-vis de l’Église, elle-même institution religieuse.» Et que dire aux enfants concernés : «Doit-on leur dire que le mariage de leurs parents était nul dès le départ ? Et eux, ils sont nuls aussi ?» Pour Doris, il n’y a pas de doute : «Le nom de Dieu est Amour car lui-même est amour. Quand il y a de l’amour entre deux personnes, divorcées-remariées ou pas, Il est présent au milieu d’eux. Ça va de soi non ?» Donc, elle ne voit pas pourquoi l’Église, elle, se pose en juge.

 

Doris estime tout de même avoir accompli une belle mission en remettant son histoire d’amour au pape. Elle compte maintenant poursuivre son combat. «Je ne sais pas ce qui va arriver plus loin, ni ce que je vais faire, mais je continuerai à militer pour ce en quoi je crois.» Elle continue aussi, avec son cher Maurice, à assurer un service d’écoute et d’accompagnement spirituel pour les couples et personnes en difficulté. Et à prier pour tous ceux qui en ont besoin, que ce soit son Église qu’elle aime même si elle n’est pas toujours d’accord avec elle et les rejetés en tout genre. Elle anime aussi un blog – lepuidamour.com –, où elle publie ses réflexions et méditations, notamment sur l'évangile.