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Agressé sauvagement par un chauffeur de van scolaire | Le champion de natation Bradley Vincent : «Je regrette d’être descendu de ma voiture»

Le nageur aux multiples records s’est retrouvé avec sept points de suture en haut du crâne après avoir été agressé à la tête par un chauffeur de van scolaire. Il nous raconte sa mésaventure.

Un épais bandage sur la tête, il affiche un air perplexe. Toujours sous le choc de l’agression sauvage qui lui a valu sept points de suture en haut du crâne, le nageur Bradley Vincent, 26 ans, essaie de comprendre comment les choses ont pu tellement dégénérer en ce jeudi 16 août. Alors qu’il sortait de son entraînement matinal, à Médine, et rentrait chez lui à Moka au volant de sa Mazda, il a eu une altercation avec un chauffeur de car scolaire, sur la link road à Phoenix, et celui-ci lui a assené plusieurs coups à la tête avec un câble électrique.

 

Le jeune homme, qui vise une médaille d’or aux Championnats d’Afrique en Algérie, du 10 au 16 septembre, raconte : «Ce matin-là, j’avais emprunté la link road de Beaux-Songes pour rejoindre Phoenix et ensuite prendre l’autoroute pour rentrer chez moi à Moka. Je me suis retrouvé bloqué dans les embouteillages sur la route menant vers le centre commercial de Jumbo, vers 7h30», raconte le recordman national. Un van scolaire était derrière lui. Quelques minutes plus tard, c’est le drame.

 

«Le chauffeur du van a commencé par klaxonner. Puis, il s’est mis à faire des gestes avec les mains. Il voulait que je me rapproche de la voiture qui me précédait alors que j’avais gardé une distance de sécurité d’au moins deux mètres entre nous, afin qu’il puisse me doubler. Je lui ai fait comprendre avec la main que la route était bloquée mais il n’arrêtait pas de vociférer. Je le suivais du regard de mon rétroviseur. À un moment, il est descendu avec quelque chose de long à la main», précise Bradley Vincent qui est, à son tour, descendu de sa voiture.

 

Une chose qu’il n’aurait pas dû faire, dit-il : «En descendant de son van avec un câble à la main, c’est clair que le conducteur avait l’intention de me faire du mal. Je regrette d’être descendu à mon tour de ma voiture. J’ai d’abord cru qu’il allait donner un coup à ma voiture mais tel n’a pas été le cas. Il m’a assené un violent coup à la tête. Sur le coup, je n’ai pas remarqué que j’avais une profonde entaille au crâne. Je me suis dirigé vers lui pour l’agripper. Il en a profité pour me taper une deuxième fois à la tempe et une troisième fois sur le nez. Nous sommes tombés et il a lâché le câble. Je l’ai ramassé et l’ai jeté dans les buissons. Peu après, je me suis senti dans un état bizarre. Du sang a commencé à dégouliner sur mon visage. Il y en avait également sur mon t-shirt, sur ma voiture et sur le van scolaire.»

 

C’est justement en regardant à travers une des vitres du van qu’il a constaté, avec stupeur, qu’il y a des écoliers en bas âge à l’intérieur. Le chauffeur en a alors profité pour prendre la fuite. «J’ai eu le temps de maculer une partie de son van avec du sang en pensant qu’un policier allait l’arrêter au prochain rond-point. Après son départ, j’ai pris une serviette pour l’appliquer sur ma plaie. Puis, j’ai appelé mon coach pour lui dire que je m’étais fait agresser et que je n’allais pas pouvoir assister à la séance d’entraînement de l’après-midi. Il m’a conseillé de téléphoner à la famille et j’ai appelé ma sœur et ma copine qui est interne dans une clinique.»

 

Enfants «traumatisés»

 

Les deux sont arrivées sur les lieux presque ensemble, dit-il, et sa copine l’a emmené à la clinique où il a reçu des soins. Par la suite, il s’est rendu au poste de police de Sodnac pour porter plainte. «Je tiens à remercier les policiers pour l’accueil et la rapidité dont ils ont fait preuve. Ils n’ont pas tardé à mettre la main sur le chauffeur du van grâce aux images des caméras de surveillance des bâtiments de la région. J’ai également identifié le chauffeur en question avant de rentrer chez moi. Je trouve dommage qu’il ne m’ait pas présenté d’excuses. Pour ma part, je souhaite présenter des excuses aux enfants qui ont assisté à la bagarre. Ils sont sûrement traumatisés.»

 

La police a procédé à l’interpellation de son agresseur, Yannick Donice, peu après. Après son interrogatoire, il a été autorisé à rentrer chez lui. Son sort dépend désormais du Directeur des poursuites publiques. L’homme ne nie pas les faits mais sa version diffère de celle du recordman national du 100 mètres nage libre. Selon lui, Bradley Vincent roulait lentement car il était au téléphone.

 

«Sink fwa monn bizin pez frin pou pa tap ek li. Li ti pe roul mari lant alor ki sime ti lib divan li. Se apre sa ki sime inn blok net», allègue cet habitant du Morne. Il ajoute : «Je lui ai d’abord fait signe de se garer avec mes phares. Puis, j’ai fait d’autres signes avec mes mains avant de klaxonner. Il a alors arrêté sa voiture, est descendu et s’est dirigé directement vers moi. Il est très grand. Je pensais qu’il allait me faire du mal. Je l’ai frappé avec le câble pour me défendre.»

 

Une version que nie catégoriquement Bradley Vincent : «Ce qu’il raconte est totalement faux.» Quoi qu’il en soit, il veut aller de l’avant et laisser cette histoire derrière lui. «Je ne comprends pas pourquoi ce monsieur a agi de la sorte. Mais je suis disposé à lui pardonner. Je suis sûr qu’il n’est pas méchant. Il a tout simplement fait un mauvais choix ce jour-là en se laissant emporter par sa colère alors qu’il devait faire preuve de patience.»

 

Le champion de natation, lui, compte recommencer ses entraînements au plus vite, pas dans l’eau, certes, mais au sol jusqu’à ce que la plaie se cicatrise. Car son objectif ne change pas : il vise l’or lors des prochains Championnats d’Afrique.