• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Après le décès de Deborah Bibi

La famille réunie avant la maladie des deux sœurs.

Elle a livré une dure bataille contre une cirrhose du foie, mais celle-ci a finalement eu raison d’elle. Deborah, 27 ans, est décédée le 27 décembre, laissant toute sa famille dans une profonde détresse. Surtout sa soeur Ornella, atteinte du même mal, qui lance un appel à l’aide désespéré aux Mauriciens.

Elle veut se battre, plus que jamais. Ornella Bibi est au désespoir d’avoir perdu sa soeur Deborah, il y a quelques jours, des suites d’une cirrhose du foie. Mais la jeune femme, atteinte de la même maladie, ne compte pas baisser les bras et continuera à lutter de toutes ses forces contre ce mal qui la ronge depuis plusieurs mois. Et pour cela, elle a encore besoin de vous. «Je veux vivre. Je ne veux pas mourir. Aidez-moi», lance-t-elle aux Mauriciens.

 

Des Mauriciens à qui elle dit aussi un grand merci de l’avoir soutenue ainsi que sa grande soeur jusqu’ici. «Il y a énormément de gens qui nous viennent en aide. Ils viennent nous voir, nous appellent, nous contactent via Facebook. Cet élan de solidarité me fait chaud au cœur et me rend triste en même temps, car ma sœur n’a pu être sauvée. Mais je veux dire merci aux Mauriciens du fond du cœur pour leur aide. Je voudrais aussi leur dire de ne pas m’abandonner», confie Ornella, 23 ans.

 

Aujourd’hui, elle veut se battre pour elle-même, pour ses parents dont elle est maintenant l’unique enfant, mais aussi en hommage à sa soeur qui n’a pu être sauvée à temps. Deborah, 27 ans, est partie le 27 décembre après une lutte acharnée contre cette maladie qui s’est déclarée il y a quelques mois chez elle et un peu plus tard chez sa soeur Ornella.

 

Au cours des derniers mois, Rosy et Lewis Bibi, les parents de Deborah et d’Ornella, qui avaient toutes deux besoin d’une transplantation urgente, ont remué ciel et terre pour les sauver. Hélas, Deborah n’a pas survécu. L’état de santé de cette ancienne enseignante du primaire s’était sérieusement détérioré au cours de ces dernières semaines. Après avoir fait plusieurs allers-retours entre sa maison et l’hôpital, la jeune femme était entrée une dernière fois en clinique le jour de Noël, car elle était au plus mal. «Deborah souffrait de douleurs atroces qu’elle ne pouvait supporter. Ornella aussi avait été admise le jour de Noël, car elle se sentait mal. Malheureusement, la première n’est pas revenue vivante», confie Rosy Bibi, la voix cassée par le chagrin.

 

Quelques heures après son admission, Deborah a sombré dans le coma et est décédée deux jours plus tard. Mais avant de sombrer dans une inconscience dont elle ne se réveillera pas, elle a adressé quelques derniers mots à sa famille. Des paroles qui les ont marqués à jamais. «Elle m’a dit : “Maman, ne m’abandonne pas. Je ne veux pas mourir.” Elle savait que c’était la fin. Elle m’a dit qu’elle ne pourrait pas faire cette opération, qu’elle n’avait plus ni la force, ni le temps. Deborah a tellement attendu cette opération, mais celle-ci n’est jamais arrivée. J’étais là avec elle quand elle est partie», raconte Rosy, avant de fondre en larmes. Cette maman courage a tout donné pour ses deux filles malades, veillant sur elles 24 heures sur 24, enchaînant les nuits blanches, remuant ciel et terre pour trouver une solution afin d’apaiser leurs maux.

 

L’espoir

 

Malgré tous les obstacles qui se sont dressés devant eux, Rosy et Lewis n’ont jamais baissé les bras, jamais perdu l’espoir de voir leurs enfants guérir : «À aucun moment, nous n’avons baissé les bras. Malgré la gravité de l’état de Deborah, nous n’imaginions pas la perdre. Nous étions persuadés qu’elle allait rentrer à la maison.»

 

Outre la profonde douleur qui anime Rosy et son époux, il y a ce sentiment de colère et cette impression que les choses n’ont pas été faites à temps. «Ma fille aurait pu être sauvée si on avait eu l’argent nécessaire et les donneurs à temps, si on avait reçu l’aide des autorités il y a six mois, lorsqu’on a appris qu’elle avait besoin d’une transplantation», déclare la mère de Deborah et d’Ornella.

 

Avant leur maladie, ses filles étaient, témoigne-t-elle, des jeunes femmes pétillantes, croquant la vie à pleines dents. Deborah avait des projets plein la tête. «Elle voulait voyager et s’acheter une voiture, entre autres», se souvient Rosy. Des rêves qui sont morts avec elle.

 

Le départ de Deborah affecte particulièrement Ornella qui, tout comme ses parents, s’attendait à voir sa sœur revenir à la maison et continuer à se battre pour s’en sortir. «C’est quand je me suis réveillée le lendemain matin que ma mère et ma tante m’ont appris la nouvelle. C’est extrêmement dur. Nous étions tout le temps ensemble, surtout depuis que nous sommes tombées malades», soutient la jeune femme qui a du mal à mettre des mots sur ses sentiments.

 

Les fêtes de fin d’année qui viennent de passer ont été particulièrement éprouvantes pour la famille. Depuis le décès de sa sœur, Ornella se sent «angoissée, stressée». C’est difficile pour elle d’accepter cette dure réalité. Cette impression que sa sœur est toujours vivante qui ne la quitte pas : «Pour moi, elle n’est pas encore partie. C’est difficile.» Au cours de ces derniers mois, le lien fusionnel qui existait entre les deux soeurs s’était encore plus raffermi et c’est ensemble qu’elles trouvaient la force de combattre la maladie.

 

Maintenant, Ornella se retrouve à se battre seule, sans le soutien et l’amour de sa grande sœur. «Elle est démoralisée et affaiblie. Le décès de sa sœur est un choc terrible pour elle», souligne la maman. Il y a aussi la peur de mourir qui est là, présente en elle, puisqu’elle souffre de la même maladie et a besoin d’une transplantation du foie. Mais les Bibi ne perdent pas espoir.

 

Au cours de ces derniers mois, les Mauriciens ont été touchés par leur histoire et nombre d’entre eux leur sont venus en aide. Une forte mobilisation qui a beaucoup touché la famille. «La gentillesse des Mauriciens est incroyable. L’histoire de Deborah et d’Ornella a touché de nombreux cœurs. Il n’y avait qu’à voir comment l’église était pleine à craquer le jour des funérailles. Je voudrais les remercier du fond du cœur pour leur aide et leur demander, à nouveau, de m’aider à sauver l’unique enfant qu’il me reste.» D’ailleurs, depuis la mort de Deborah, toute une chaîne de solidarité s’est, à nouveau, mise en place, sur Facebook notamment, pour sauver sa soeur.

 

Bientôt en Inde

 

En tout cas, Lewis et Rosy ne comptent pas baisser les bras. Ils feront tout, disent-ils, pour sauver Ornella. Avec l’argent récolté grâce à la mobilisation des Mauriciens, ils comptent envoyer leur fille, qui a trouvé un donneur, le plus vite possible à l’étranger pour subir son opération : «Nous n’allons pas attendre une minute de plus. Nous avons déjà enclenché les démarches. Que nous ayons la somme nécessaire ou pas, nous allons aller de l’avant. Ensuite, on verra. La priorité, c’est qu’elle guérisse. Nous avons perdu Deborah, nous ne voulons pas qu’Ornella meure.»

 

La famille a récemment trouvé un donneur parmi ses proches, mais celui-ci doit passer des examens pour savoir s’il est compatible ou pas. Suite à une rencontre avec le médecin traitant d’Ornella à l’hôpital et son père, Lewis, qui a eu lieu la semaine dernière, il a été conclu qu’elle sera admise ce mardi pour son traitement et des examens. «Le docteur nous a dit qu’il allait faire un nouveau dossier qui sera présenté au ministère afin d’avoir l’aide financière du gouvernement et la permission de la police pour faire une quête. Nous avons la somme nécessaire pour l’opération, mais pas pour les soins, le voyage et autres», explique Lewis.

 

Quoi qu’il arrive, Ornella ne baisse pas les bras. Elle compte bien gagner ce combat contre la maladie, au nom de sa sœur.