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Adi Teelock : «Dans 30 ans, nous allons perdre environ 15 % des plages»

Une initiative pour informer, pour éduquer. C’est le dernier partage de la Platform Moris Lanvironnman et il concerne notre littoral. Adi Teelock, porte-parole de cette plateforme qui regroupe des éco-conscients, explique l’importance du nouveau site Web : la Coastal Zone: A Survival Kit - Mauritius, Rising up to Challenges (à consulter ici : http://bit.ly/coastalzonemauritius).

Pouvez-vous nous expliquer la Coastal Zone: A Survival Kit - Mauritius, Rising up to Challenges ?

 

C’est un site Web dédié à la zone côtière de Maurice, avec un accent sur le changement climatique. Il rassemble des articles écrits par la Platform Moris Lanvironnman (PML) et d’autres auteurs, ainsi que du matériel audiovisuel. Il contient également des informations jugées utiles pour une compréhension de ce qu’est la zone côtière de Maurice. Un lexique donne un petit descriptif de termes couramment utilisés mais dont la signification est souvent méconnue par le public. Par exemple, le terme Pas Géométriques est expliqué, et le texte de loi qui le définit est donné en référence. Le site Web vient d’être mis en ligne et sera régulièrement alimenté.

 

Pourquoi la PML a-t-elle pris cette initiative ?

 

Le choix d’axer ce blog sur la zone côtière s’explique par les grands enjeux et défis que pose le changement climatique pour les petites îles qui composent la République de Maurice. Le but est d’informer et de susciter le débat. Nous avons aussi constaté qu’il n’existe pas de site Web qui centralise des informations et des analyses sur la zone côtière de Maurice et les grands enjeux auxquels elle a à faire face. Or, nous sommes en situation d’urgence et les Mauriciens peuvent affronter les grands défis s’ils sont conscients des enjeux et des possibilités qui existent pour y faire face.  

 

Quelle est la mission de la PML ?

 

La PML existe depuis un peu plus de huit ans. C’est un réseau informel d’ONG et d’individus qui œuvrent pour la préservation des ressources naturelles et pour le bien commun. La PML milite pour des politiques et des décisions qui vont dans ce sens. Individuellement et collectivement, ses membres sont engagés dans la sensibilisation, l’éducation et la restauration d’écosystèmes. Ce réseau contribue au débat public sur les questions environnementales en publiant des articles sur les enjeux et processus d’élaboration de politiques relatives à l’environnement et au développement durable.

 

Sur le site Web, il est question de plages «déproclamées», du littoral qui se noie sous les projets ; des problématiques très actuelles concernant notre littoral. Aujourd’hui, des combats citoyens – en cour de justice, sur le terrain à travers des manifestations – se mènent pour préserver nos plages. Est-ce que des initiatives «scolaires» de ce genre (la Coastal Zone: A Survival Kit) ont leur pertinence dans cette galaxie de batailles engagées ?

 

Informer, sensibiliser, situer les enjeux, expliquer, échanger, donner des exemples de meilleures pratiques, tout cela est essentiel si on veut que le public soit partie prenante de la réflexion et de l’action. Bien des membres de la PML sont sur le terrain tous les jours et tous participent à leur manière à protéger le littoral et l’environnement en général. C’est justement parce que les enjeux sont importants qu’il faut leur offrir la visibilité la plus large possible. Par exemple, montrer le mécanisme de l’érosion et informer sur les mesures d’adaptation côtière dans des endroits comme Rivière-des-Galets, Grand-Sable et Mont-Choisy est important.  

 

Pensez-vous que le Mauricien est sensible aux problèmes qui touchent son littoral ?

 

Il n’est pas encore suffisamment sensibilisé aux enjeux face au changement climatique. Je ne suis pas certaine qu’il sait que dans 30 ans, nous allons totalement perdre environ 15 % des plages ; que des plages et des infrastructures comme des routes, des maisons, des bâtiments divers, sont menacées de dommages importants par l’érosion et la submersion marine. Il ne sait pas encore suffisamment que ce qui se passe sur terre affecte grandement le littoral, ni même que, selon la définition légale, la zone côtière s’étend sur un kilomètre à l’intérieur des terres.

 

Une politique gouvernementale qui soit juste et équitable pour nos côtes, ça donnerait quoi…

 

Nos côtes sont à la fois un lieu de vie, une source de revenus, un espace de loisirs et un espace écologique. Donc, une politique gouvernementale qui serait judicieuse prendrait en considération tous ces aspects en appliquant un plan d’aménagement visionnaire et bien pensé. Schématiquement, cela veut dire arrêter les constructions près du rivage ; mettre un frein à la pollution et aux agressions qui endommagent nos ressources ; mener plus vastement une opération de restauration du littoral ; assurer que le public continue à avoir accès aux plages, accès qui ne cesse de rétrécir. Quant à l’aspect «juste et équitable» et pour prendre le cas des Salines, à Rivière-Noire : non seulement les autorités n’ont pas prévu d’accès à la plage entre les différents sites alloués, mais sur les quelque 150 arpents de terrain de l’État mis à disposition de promoteurs, ce ne sont que 4 arpents de terrain vaseux qui ont été identifiés comme plage publique ! Sauf si depuis la présentation du plan l’année dernière, les autorités ont décidé de déclarer la petite plage sablonneuse de la Batterie de l’Harmonie publique.

 

Vous étiez très engagée dans la protection de la Promenade Roland Armand. Quel regard jetez-vous sur ce qui se passe actuellement à Vandermeersch ?

 

Mon engagement sur la Promenade est indépendant de la PML qui avait depuis mars 2017 fait connaître sa position sur la manière dont le projet Metro Express est mené, c’est-à-dire sans EIA (Environmental Impact Assessment) et dans l’opacité, soit dans un déni de bonne gouvernance. Je suis de très près tout ce qui se passe autour du Metro Express. Je suis triste de voir que les appels à la conduite d’un EIA en bonne et due forme, à une consultation, à la transparence, ainsi que les mises en garde répétées adressées aux autorités n’ont pas été entendus. Sur Vandermeersch, à Barkly, à la gare de Rose-Hill, près du marché de Rose-Hill, à La Butte et ailleurs, nous assistons à un véritable passage en force et dans la douleur du Metro Express. Au mépris des droits humains et aux antipodes de la modernité que l’on nous promet.