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Shaun Payen : Le pouvoir des mots

Il fait la fierté de sa famille, notamment de ses parents Alan et Maryline, et de ses grands-parents Stéphanie et Cyril.

Quand on l’a rencontré, il avait à peine 17 ans et avait remporté un concours : l’English Speaking Union Public Competition. Huit ans plus tard, il a 25 ans et est devenu avocat. Il croule sous les récompenses, toujours en rapport avec sa passion pour l’art de s’exprimer en public, et donne même des cours. Rencontre.

Pas de parole sans orateur. Mais tout le monde n’a pas la même facilité de s’exprimer en public, de façonner sa voix, de maîtriser sa diction, tout en mettant à contribution une gestuelle corporelle pour captiver, éveiller, toucher… à travers des mots. Shaun Payen, 25 ans, lui, en connaît un rayon sur le sujet. Car il a fait de l’art de s’exprimer en public, son activité préférée. Et voilà plusieurs années déjà qu’il trace son petit bonhomme de chemin.

 

En 2011, quand nous l’avons rencontré pour la première fois, il avait 17 ans. Il était étudiant au collège du Saint-Esprit et nous avait reçus chez lui à Quatre-Bornes pour nous raconter sa passion pour le public speaking qui lui avait valu de remporter l’English Speaking Union Public Competition et un voyage pour Londres où il a rencontré d’autres jeunes qui excellent dans l’art de discourir devant un auditoire.

 

Depuis, huit ans se sont écoulés… Et l’ado qu’on avait rencontré à l’époque a laissé la place à un jeune homme qui a aujourd’hui 25 ans et qui a troqué son uniforme d’école contre un beau costume. Le même regard, le même sourire et surtout la même passion : puisque Shaun continue toujours de sillonner le monde pour aller s’exprimer sur des scènes et sur des sujets divers. «À l’époque, on s’était rencontrés pour parler du premier concours que j’avais remporté», confie-t-il. «C’était une de mes premières expériences en tant que public speaker.»

 

Quand il repense à tout le chemin parcouru, il ne peut s’empêcher de se remémorer ses débuts : «Je détestais le public speaking. Ma mère en pratiquait et je ne pouvais absolument pas l’entendre répéter à la maison, à tel point qu’elle devait aller sur le balcon pour s’entraîner.» Même si ses parents, raconte-t-il, n’arrêtaient pas de l’encourager pour qu’il tente l’expérience, pour lui, ce n’était pas du tout son truc. Jusqu’au jour où sa mère décide de forcer les choses. «J’étais tranquille dans ma chambre quand mes parents y ont fait irruption. Ils m’ont carrément pris de force, m’ont mis dans la voiture, en faisant bien attention d’enclencher le child lock. Et avant que je ne m’en rendre compte, j’étais en route pour m’adresser à mon premier auditoire.»

 

Une fois sur place, impossible pour lui de faire marche arrière : «Je devais parler de moi et, bien évidemment, cela s’est très mal passé. J’étais timide, je n’étais absolument pas à l’aise à l’idée de prendre la parole en public. Bref, je n’aimais pas ça… Tout me posait problème.»  Mais à force d’être encouragé par ses proches, Shaun baisse la garde. La suite de l’histoire, on la devine : le jeune homme ne s’est plus jamais arrêté. «Pour ma première compétition au collège, j’avais fait un speech sur la technologie. Je me souviens avoir beaucoup travaillé pour préparer mon dossier. Je me définis plus comme un hard worker que comme quelqu’un d’intelligent et c’est à force de détermination que j’ai remporté ce premier concours.»

 

Prenant confiance en lui, il découvre très vite qu’il aime cette sensation de devoir se dépasser, se défier, pour convaincre : «Après Maurice, je me suis retrouvé dans une compétition internationale en Angleterre. C’était un honneur pour moi de défendre les couleurs de Maurice. C’était une grande fierté.» Ayant pris goût à cet art, Shaun s’attaque à d’autres concours : «En 2013, j’ai reçu le prix du Best Humorous Speech à la Toastmasters Convention qui avait eu lieu au Domaine Les Pailles. J’ai aussi remporté 30 awards de Best Speaker, 18 awards de Best  Evaluator, 12 awards de Best Impromptu Speeches et, en 2018, j’ai été nommé Best Evaluator de Maurice. Récemment, je suis devenu un Distinguished toastmaster, c’est-à-dire the highest level achievable in public speaking. Et il n’y a que deux personnes à Maurice qui ont ce titre et je suis peut-être l’un des plus jeunes de l’océan Indien à atteindre ce niveau, voire même un des plus jeunes au monde.»

 

Voulant toujours aller plus loin, Shaun a ainsi ajouté depuis peu une nouvelle corde à son arc. «Arrivé à ce niveau, je me suis senti assez crédible pour créer un cours, une master class, sur la prise de parole en public, sur comment s’adresser à une audience, quelles sont les techniques que moi j’ai utilisées au fil des années… Bref, j’ai décidé de mettre sur pied un cours pour transmettre tout ce que j’ai appris à d’autres personnes, de tous âges. Il s’agit de communication skills and it should be available to everyone», assure-t-il. «On peut avoir de super diplômes mais si on ne sait pas parler à une audience, si on ne sait pas communiquer, cela ne sert à rien. C’est pour cela que j’ai choisi de partager mon savoir-faire afin d’aider tous ceux qui le veulent à se sentir mieux, en confiance, pour pouvoir s’exprimer en public, s’adresser à une audience et communiquer.»

 

Message

 

Depuis janvier, Shaun s’est donc lancé dans une nouvelle aventure : «J’ai commencé en janvier et c’est une session de cinq semaines où je délivre, dans un premier temps, toutes les techniques pour le public speaking. Ensuite, les participants sont appelés à passer à l’action et je les évalue par la suite. Avec mon titre de Best Evaluator, je me sens crédible pour pouvoir donner un feed-back aux gens.» De cours en cours, il ne cesse de découvrir des talents : «Ce qui fait plaisir, c’est de voir le progrès des différents participants. À la fin des sessions, certains trainees deviennent même des personnes transformées, à l’aise et confiantes. Cela me rassure sur le fait qu’elles ont reçu mon message.»

 

Lorsqu’il assiste à ces transformations, Shaun sait qu’il est passé par les mêmes phases : «Pour moi, l’art du public speaking s’accompagne de plusieurs aspects positifs. Je trouve que ça nous aide à maîtriser les techniques de recherche, à avoir un esprit critique, à pouvoir gérer notre temps, à développer nos listening skills et personnellement, je trouve aussi que ça aide à se sentir plus en phase avec soi-même. Il y a beaucoup de personnes qui me demandent en quoi ce cours peut aider une personne qui travaille dans un département où on ne parle pas beaucoup ? Ça m’a fait réfléchir. Je me suis demandé si le public speaking doit seulement être appliqué aux politiciens, aux chefs d’entreprises, etc. Eh bien non car les techniques du public speaker en développent d’autres, ce qui permet de devenir une meilleure version de nous-mêmes, à être plus knowledgeable et à retenir des choses. Au début, il m’arrivait  de répéter plus de 70 fois mes textes. On élargit nos connaissances sur certains sujets.»

 

Avocat de profession – il a été appelé au barreau en janvier –, Shaun Payen, qui a étudié en Angleterre, a fait ce choix de carrière afin de mettre à profit sa passion pour le public speaking : «J’utilise ma voix qui, pour moi, est ma force aujourd’hui, afin d’aider ceux qui sont dans le besoin légal. Je dois maintenant me faire un nom, une réputation. C’est aussi une responsabilité car on est appelés à être les garants de la justice et être au service de personnes qui ont besoin d’une aide légale.»

 

Pour son futur, le jeune homme voit grand et loin : «Sur le plan du public speaking, j’ai déjà commencé à me bâtir une carrière internationale où je vais donner des cours dans plusieurs pays. J’ai commencé en Turquie devant des étudiants des écoles hôtelières, puis j’ai été en Belgique devant les doctorants. Je me vois continuer dans cette voie, donner plus de cours et, d’ailleurs, des propositions sont en cours…» Sa famille, souligne-t-il, c’est sa bulle d’oxygène : «C’est très important pour moi. J’ai la chance de pouvoir compter sur mon père Alan, chef de profession, ma mère Maryline, et tout mon entourage.»

 

Fils unique, il s’est toujours efforcé de rendre fière sa famille et cela, grâce à sa gourmandise pour les mots…