Au Canada, en Colombie-Britannique plus précisément, elle n’arrête pas de militer pour la langue française, entre plusieurs autres activités. Rencontre avec une fille du sol passionnée.
Ici, elle faisait tout à fait autre chose. Padminee Chundunsing a travaillé 20 ans dans le textile, avant son grand départ pour le Canada en 2004 où elle s’évertue depuis à rendre toute une ville meilleure. Avec le français en bandoulière. Quelques années plus tard, en 2015, la voilà nommée présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), puis réélue en 2017 jusqu’à maintenant. Une aventure qu’elle vit à un rythme fou, militant inlassablement pour la langue de Molière dans un coin où on parle beaucoup l’anglais.
Le boulot de cette mère de famille à la FFCB est de promouvoir et représenter les droits et les intérêts des Francophones dans cette province : voyager, parler, mettre en avant et valoriser leur culture dans le coin. «C’est comme défendre la dualité linguistique et faire part au gouvernement des défis auxquels font face les communautés de langues officielles en situation minoritaire», souligne la dame. Sinon, elle milite aussi pour l’élaboration et la mise en place d’une politique de services en français en Colombie-Britannique.
En visite sur sa terre natale durant deux semaines, notamment à Terre-Rouge, elle nous raconte ce parcours pas comme les autres, ponctué d’initiatives et de belles rencontres. Récemment, elle a fondé l’Association Canado-Mauricienne de la Colombie-Britannique. Une association qui l’a aussi poussée un peu plus près de sa terre natale car lors de son séjour à Maurice, Padminee a rencontré plusieurs stakeholders dans le but de créer une nouvelle axe Maurice-Canada, surtout concernant l’éducation tertiaire, avec des jeunes Mauriciens qui iront étudier au Canada et vice-versa. Un gros projet qui, selon elle, avance bien. «Il faut maintenant voir ce qui peut aussi se faire du côté des ambassades.»
En tout cas, Padminee a fait bien du chemin depuis qu’elle a posé sa valise à Surrey, en Colombie-Britannique, avec sa famille. «L’adaptation n’a pas été facile, on ne connaissait personne et on ne savait pas quelles étaient les démarches à entamer pour pouvoir rester. C’est dans ce genre de situation qu’on s’interroge sur le bien-fondé d’aller s’installer dans un grand pays où nos diplômes universitaires ne sont pas toujours reconnus.»
Fonceuse, la Mauricienne réussit à trouver un emploi. Mais elle est davantage attirée par les activités bénévoles. Avec des petites ONG, elle s’occupe notamment des dispositifs permettant aux immigrants (comme elle dans le passé) d’accéder aux documents nécessaires, par exemple pour se faire embaucher dans une entreprise. Entre-temps, elle commence à connaître la région, fait des rencontres, noue des contacts. Bientôt, sa carrière prend son envol. En plus du FCCB, elle relève d’autres défis : en septembre 2018, elle est nommée Femme leader de la francophonie du Canada aux côtés de trois autres lauréates.
Le mois suivant, après bien des discussions et tables rondes, elle est élue représentante des organisations porte-parole de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada. Elle reçoit, à cette occasion, la médaille du 150e anniversaire du Sénat, décernée aux Canadiens et résidents permanents du pays qui, grâce à leur dévouement, font du Canada un meilleur endroit où vivre. Elle sera même dans un livre, un ouvrage commémoratif de CBC/Radio Canada, intitulé Canada 2017 – Raconte ton histoire et sorti en novembre 2017. Comme quoi, ses interventions, au Canada et un peu partout dans le monde, convainquent.
Il y a aussi eu des rencontres spéciales, notamment avec l’actuel Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qu’elle qualifie de «sympa». «Ça a été une grande chance de pouvoir le rencontrer en février. Nous avons notamment discuté de l’immigration, sujet qui l’interpelle beaucoup. Je lui ai parlé de façon positive des politiques d’immigration à mettre en place, surtout pour aider ceux qui foulent le sol canadien. Il a été très attentif.» La politique pure n’intéresse pas pour autant Padminee : «Je préfère rester apolitique et me concentrer sur le bien et l’épanouissement de ceux que je suis appelée à servir dans toute la province.»
En attendant que son nouveau projet d’éducation voit le jour, la voilà qui repart vers sa province, toujours énergique et prête pour de nouvelles aventures et de nouveaux défis en faveur de la francophonie mais aussi, très probablement dans le futur, des jeunes Mauriciens.