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Mélissa Wong Chor : Ma nouvelle vie au Canada

De Maurice, elle a mis le cap sur le Canada où elle a carrément changé de vie… et de carrière. Si elle évoluait dans l’univers du textile, c’est dans la cuisine que cette Mauricienne s’épanouit aujourd’hui, tout en explorant un nouveau domaine.

Entre l’univers du textile et celui de la cuisine, il y a un océan de différences.  Rien ne semble relier les deux. Pourtant, des surprises peuvent emmener une personne à se remettre en question et à s’aventurer en terre inconnue pour expérimenter de nouvelles choses.

 

Mélissa Wong Chor fait partie de ces personnes qui, du jour au lendemain, ont choisi, à un moment de leur vie, d’entamer un virage à 180 degrés pour explorer de nouveaux horizons. C’est ainsi que cette Mauricienne d'origine chinoise de 33 ans a tout quitté pour se construire une autre carrière au Canada. «La plupart de mes proches sont venus sur l’île en tant qu’immigrés. Ma grand-mère paternelle est d’ailleurs née à Maurice. J’ai d’abord grandi dans la ville de Port-Louis. Ma famille a ensuite déménagé à Morcellement Raffray, Terre-Rouge, où j’ai passé beaucoup d’années, de l’adolescence à l’âge adulte», confie Mélissa.

 

Entre le décalage horaire et ses obligations professionnelles, la jeune femme, qui porte en elle ses racines, raconte comment elle a d’abord été tentée de suivre la filière artistique. «Je suis allée à l’école primaire Notre Dame de Bon Secours R.C.A. et j’ai fait mes études secondaires au collège Lorette de Port-Louis. Pendant ma scolarité, je voulais être styliste. En dernière année, j’étais plutôt portée sur le côté artistique», confie-t-elle. «Je voulais aussi aller à Singapour afin de poursuivre mes études en stylisme mais il y a eu une épidémie de SRAS (Ndlr : syndrome respiratoire aigu sévère) à ce moment-là. J’ai donc dû modifier mes plans en conséquence. J’ai postulé à l’Université de Maurice pour un BSc en textile et design mais après quelques années d’études, j’ai perdu tout intérêt et abandonné pour certaines raisons que je ne voudrais pas mentionner. Pourtant, j’ai continué à faire carrière dans la mode en travaillant dans trois usines de textile où j’ai encore eu la chance d’échanger mes compétences dans différents départements et d’entrer en contact avec des marques à travers le monde.»

 

«La méritocratie n'existe pas»

 

À un certain moment, Mélissa ne cache pas avoir été animée par un sentiment de découragement. «Je voulais refaire des études afin d’avoir plus d’opportunités dans ma vie professionnelle car, à Maurice, le terme méritocratie n’existe pas dans le secteur public. Aujourd’hui, dans le secteur privé aussi, la méritocratie commence à être gangrenée. Et c’est en visitant le Canada pour la cérémonie de remise de diplôme de mon petit frère que j’ai vu la gentillesse des Canadiens. La majorité d’entre eux sont eux-mêmes de parents ou d’ancêtres immigrés et j’ai eu un coup de foudre pour le Canada.» Elle ajoute : «De ce fait, mes parents, Tat Hong Chor et Marie Millie Ghislaine Kim Sive Wong Cho, m’ont donné l’occasion de recommencer de nouvelles études et c’est ainsi que ma deuxième carrière dans le secteur de l’alimentation et des services a commencé.» 

 

Débute alors pour elle une nouvelle aventure, riche en découvertes et en apprentissage. «Je suis venue au Canada pour étudier. Mais je travaillais en même temps dans un restaurant. Je suis ensuite passée à l’étape suivante en travaillant chez Ag Inspired Cuisine où je suis chef de partie. Juste après mes études, j’ai aussi fait partie de l’équipe culinaire du Canada qui a officié au Festival de Cannes en 2015. Ça a été une expérience très enrichissante.» Sur cette nouvelle voie, la jeune Mauricienne évolue comme un poisson dans l’eau : «Mon objectif est maintenant de réussir mon examen du Sceau Rouge (Red Seal) qui est une certification permettant à un artisan professionnel d’être reconnu comme tel dans toutes les provinces du Canada. Dans cette industrie, les idées viennent à vous tous les jours et il y a toujours de nouvelles portes qui s’ouvrent !»

 

En construisant son futur, la jeune femme ne peut pas ne pas penser à ses origines : «Je n’ai pas toujours été passionnée par la cuisine à un jeune âge, même si mon grand-père paternel était cuisinier dans un vieux restaurant de l’île et que mes autres grands-parents faisaient toujours la cuisine pour les grands repas de famille. Je ne peux compter combien de casseroles et de poêles j’ai brûlées quand j’étais adolescente. La cuisine était un must en grandissant car mes parents étaient au travail. Certains jours, je devais préparer le dîner. Mais autant que je m’en souvienne, j’étais toujours dans la cuisine quand mes grands-parents cuisinaient.»

 

Recommencer

 

Aujourd’hui, elle se nourrit de tous ses souvenirs : «Lors des repas de famille spéciaux, mes grands-parents, parents, oncles et tantes aidaient à faire la mise en place de chaque plat avant qu’il ne soit réalisé. Ils étaient toujours heureux. On nous a appris à faire de même. Nous avions la télévision satellitaire et je passais du temps à regarder un canal culinaire spécifique, en me demandant comment tous ces plats merveilleux avaient été réalisés et présentés. Je cuisinais avec désinvolture. Puis, j’ai eu l’opportunité de recommencer dans l’industrie culinaire au Canada.»

 

Sa récompense aujourd’hui, c’est le sourire qui illumine le visage de tous ceux qui s’invitent à sa table : «Voir comment une bouchée peut rendre les gens heureux ou entendre les clients vous dire à quel point ils ont aimé un plat… À la fin d’un long quart de travail, ça complète et illumine votre journée entière. Quand vous avez passé tant d’heures debout, c’est tout ce qui compte.»

 

Aujourd’hui, elle ne regrette pas le choix qu’elle a fait par rapport à son nouveau métier : «Un jour au travail ressemble plus à une voiture qui roule à pleine vitesse. Vous entrez et vous êtes prêt à vous mettre au pas pour aujourd’hui et le lendemain. Vous commencez par vérifier combien de réservations vous avez dans le livre du restaurant et vous commencez par faire votre mise en place des articles nécessaires pour chaque plat sur le menu», explique-t-elle. «La meilleure façon de commencer votre journée est de toujours faire plusieurs tâches dans une cuisine. Vous aidez également votre collègue avec sa mise en place si vous êtes en avance sur votre liste de contrôle. Quand tout cela est fait, vous êtes prêt pour le service. C’est comme danser le long d’une ligne avec votre équipe pour sortir les commandes.»

 

Désormais, Mélissa regarde l’avenir droit dans les yeux et sait ce qu’elle veut et où elle va : «Être cuisinier, ce n’est pas simplement jeter des légumes et de la viande dans une poêle pour les cuisiner. Il s’agit plutôt de planifier sa journée et celle du lendemain pour rester en avance et servir de bons repas aux clients.» Même si son île – «ses plages et son climat» – lui manque souvent, elle a des mots doux pour son pays d’adoption : «Le Canada est un pays où les jeunes qui viennent des pays en voie de développement auront plus d’opportunités, dans leur vie professionnelle, personnelle et familiale. S’ils sont, bien sûr, bosseurs. Au Canada, le dur labeur est toujours récompensé car il y a la méritocratie...»