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Maria Séga : une vie en souvenirs

L’ambassadrice de la culture mauricienne en France a tiré sa révérence depuis longtemps. Loin de la scène et de la gloire, elle vit au passé.

La musique résonne en elle. Les notes s’enchaînent, le tempo et le rythme s’emballent. Dans sa tête, elle entend les applaudissements… Maria Séga – née Maria Rochecouste – est sur scène. L’émotion la submerge, les yeux mi-clos, les mains tendues vers son public, elle entonne les premières notes d’Il est mort le soleil, de la chanteuse Nicoletta. Sa voix caresse les paroles, joue avec les syllabes en les retenant et, puis, en les poussant haut, très haut. Autour d’elle, plus rien n’existe.

 

Le salon de sa maison à Curepipe a laissé place à une des belles salles françaises où l’interprète du tube La pointe aux piments avait l’habitude de pousser la chansonnette. Le Stork Club, l’Empress Club ou encore le Robinson Moulin-Rouge ? Difficile de savoir où la musique l’emmène en ce mercredi après-midi du 25 août. Maria Séga le dit elle-même : «Je ne suis à Maurice que physiquement. Sinon, je voyage parmi mes souvenirs. Il y en a tellement.»

 

Elle se retrouve vite face au Moulin-Rouge à Pigalle, non loin de la rue des Abbesses, là où elle avait son pied-à-terre dans les années 50 et partageait la vie de Maurice Mullot, un jockey. «J’étais la femme à Mullot», précise-t-elle. Dans ce «petit coin de paradis», elle se préparait pour aller chanter dans les cabarets et les boîtes de nuit avec la troupe d’Eddy Barclay, célèbre producteur français de l’époque. «J’interprétais des tubes français mais aussi du séga. J’ai fait connaître cette musique en France. C’est comme ça que l’on m’a surnommée Maria Séga.»

 

Un nom qui lui est resté. Aujourd’hui, à plus de 80 ans – elle ne souhaite pas préciser son âge – cette grand-mère de deux petits-enfants se présente toujours ainsi : «Bonjour ! Je suis Maria Séga.»

 

Une épreuve

 

Elle y tient, à ce nom. Comme à sa gloire passée. Dont il ne reste, avec le temps, que des souvenirs, quelques photos et des affiches, qu’elle conserve précieusement. Remonter sur scène et sortir un nouvel album (le dernier, intitulé Un regard sur mon passé, date de 2002) ?

 

L’ancienne ambassadrice de la culture mauricienne n’y pense même pas : «Je ne voudrais qu’on me tienne par la main pour que je monte sur scène.» Elle préfère garder d’elle l’image d’une jeune femme impétueuse, exubérante, séductrice et affamée de vie et de liberté : «Mes parents m’ont mariée à 18 ans. J’ai eu trois filles. Mais j’ai préféré m’en aller, les laisser derrière moi car je ne supportais pas cette vie rangée.»

 

Un regret. Oui, répond-elle, les larmes aux yeux : «Être loin d’elles n’a pas été facile.» Des larmes, elle en a versé dans sa vie. Sa plus dure épreuve ? La perte de sa fille Stéfania, à 18 ans, d’une maladie. La jeune fille était née de son deuxième mariage avec un certain Varlez, lui aussi décédé après une longue maladie. Elle avait vécu avec lui à Madagascar où elle était propriétaire de restaurant. Cette épreuve, la chanteuse en a parlé dans un livre sorti en 1999 : Si grand est mon pardon.

 

Néanmoins, aujourd’hui, Maria préfère se concentrer sur les événements heureux de son passé. Dans ce monde, où elle se sent si bien, où elle voit les premiers pas de Johnny Hallyday sur scène, par exemple : «C’est moi qui lui ai donné un coup de pouce à ses débuts. Il avait 15 ans.» En elle, la musique résonne encore : «Elle est avec moi tout le temps.» Une compagne qu’elle aime avec passion. Comme au premier jour.