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Manon Sockalingum : Une histoire de chiffres

Le chef d’entreprise compte 26 ans de carrière dans le domaine de la comptabilité.

Cet expert-comptable qui compte 26 ans d’expérience dans la finance, l’audit et le BPO, est le seul Mauricien élu comme associé de Grant Thornton France. Rencontre avec le directeur de GPO Limited.

Il a deux amours : sa famille et son travail. Pas la peine d’insister pour savoir lequel il préfère. D’entrée de jeu, Manon Sockalingum confie que ce sont les deux axes de sa vie. À 45 ans, l’expert-comptable, qui compte 26 ans d’expérience dans la finance, l’audit et le BPO, vient d’être promu comme associé de Grant Thornton France. «C’est une grande satisfaction», lâche-t-il. Cette place, dit-il, il ne l’a pas volée : «Je sais d’où je viens et je sais que je me suis beaucoup donné pour arriver là où je suis aujourd’hui.» Son CV parle de lui-même.

 

Détenteur du Fellowship Chartered and Certified Accountant, il a entamé sa carrière au sein d’un cabinet d’expertise comptable et a ensuite rejoint EY Mauritius en tant qu’Auditor et superviseur. Il a aussi eu trois expériences successives au poste de contrôleur financier de l’hôtel Beau Rivage, du groupe Harel Mallac  (Monoprix) et du groupe Beachcomber où il a réalisé des missions de gestion financière, de suivi de budget, de mise en place des processus comptables et de contrôle interne. Manon Sockalingum est ensuite nommé Manager au sein des activités BPO d’Accenture Mauritius Ltd en 2005. Aujourd’hui, il contribue à accélérer la croissance de la plateforme GPO Limited (Global Process Outsourcing), ouverte en 2010 et filiale de Grant Thornton France basée à Maurice.

 

Évoluer dans ce monde, dans l’univers des chiffres, cela a toujours été son rêve : «Depuis l’école, je suis fasciné par tout ce qui touche aux chiffres et à la comptabilité. C’est quelque chose qui a toujours été en moi. C’était donc une évidence de poursuivre mes études dans cette filière. J’ai fait un ACCA et j’ai terminé mes études en 98.» 

 

«Un challenge»

 

C’est avec fierté que Manon Sockalingum, un habitant de Coromandel, regarde aujourd’hui ses 200 employés qui font la compagnie GPO Limited au troisième étage de la Cybertour. Mais avant d’aller plus loin dans l’entretien, une petite explication s’impose au sujet de son actualité avec Grant Thornton France.

 

Il est issu d’une famille de 12 enfants dont il est le benjamin.

 

«Grant Thornton est un réseau international qui existe en Amérique, en France ou encore en Angleterre. Tous les bureaux de Grant Thornton, dans chaque pays, sont affiliés à Grant Thornton International dont le siège se trouve en Angleterre. ‘‘Capitalistiquement’’ parlant, tous les bureaux sont des entités différentes», précise-t-il. «Par exemple, Grant Thornton Maurice, les bureaux qui se trouvent en France ou en Angleterre, sont des sociétés indépendantes. La société GPO Limited est une filiale de Grant Thornton France qui est un cabinet d’expert-comptable, de conseils et qui fait aussi tout ce qui est juridique et qui agit aussi comme commissaire aux comptes avec un pôle d’externalisation. Le siège se trouve à Paris et il y a des bureaux à Lille, à Rennes ou encore à Lyon. Pour être compétitifs, les responsables ont décidé, en 2010, d’ouvrir un bureau à Maurice et c’est là qu’est né GPO Limited.» Aujourd’hui, notre interlocuteur est directeur et a été promu directeur associé en 2015. Tout récemment, il est passé Equity Partner de Grant Thornton France.

 

Voilà qui est clair ! Pour le reste, c’est avec beaucoup de tendresse et d’émotion qu’il parle de l’histoire de cette compagnie pour laquelle il n’a pas hésité, il y a quelques années, à mettre sa vie entre parenthèses. «On a démarré avec 10 personnes en 2010 et aujourd’hui, on a dépassé la barre des 200 employés. L’objectif pour les deux prochaines années, c’est d’atteindre 500 employés.»

 

Il peut compter sur le soutien de son épouse Hemma et de ses trois filles.

 

Jetant un coup d’œil en arrière, le professionnel des chiffres ne regrette absolument pas de s’être lancé dans cette aventure. «C’était un challenge pour moi de quitter Accenture où je travaillais à l’époque. J’occupais un bon poste, j’étais Manager, je travaillais sur les nouveaux projets et j’allais être responsable d’un plus gros projet. Je travaillais avec environ 150 personnes et on m’avait même choisi pour aller diriger ce nouveau projet mais j’ai voulu faire un virage à 180 degrés.»

 

Il poursuit : «Quand on a commencé, j’étais le directeur du bureau, le responsable des opérations, l’informaticien ou encore les ressources humaines. J’ai foncé. C’était aussi fascinant. C’était comme la construction de sa maison, avec la base puis la construction des murs, du toit, etc. GPO est, pour moi, comme un bébé qu’on voit aujourd’hui grandir.» 

 

Au départ, l’objectif n’était pas de devenir une super grande boîte mais de gérer une bonne équipe, avoir une bonne culture d’entreprise et faire les choses différemment. «Ici, on prône la proximité. Mes employés sont importants pour moi et ils sont au cœur de toutes mes préoccupations. Je suis pour que tout le monde ait sa chance, pour que tous puissent évoluer. Je suis contre la politique des petits copains. C’est la méritocratie qui doit primer pour moi et cela, en toutes circonstances.» 

 

«Le travail bien fait»

 

Et dans son rôle de patron, il est toujours au four et au moulin : «Je ne suis pas un bureaucrate. J’aime bien avoir la main à la pâte. Depuis le matin, je suis connecté avant même d’arriver au bureau. C’est un métier où il faut être constamment connecté. J’ai des clients en Amérique ou encore en Europe. Je commence ma journée entre 9 et 10 heures, et je ne termine pas avant 19 heures. Le BPO, c’est beaucoup d’échanges par mail.»

 

Pour lui, le travail, c’est le travail : «Je suis quelqu’un qui aime le travail bien fait. Je n’aime pas la demi-mesure et j’attends beaucoup de mes employés qui connaissent mes attentes. J’ai aussi un franc-parler et je déteste l’hypocrisie. Je gère tout dans la transparence et n’importe qui peut pousser la porte de mon bureau. D’ailleurs, elle est toujours ouverte. Je connais tout le monde ici.»

 

Son plus grand défaut ? «On me reproche souvent d’être trop exigeant. Puis, avec l’expérience, je me rends compte aussi que j’ai été aussi trop tolérant. Comme on dit en créole, mo ti pe tro pran traka dimounn. J’ai été longtemps partisan du ‘‘donn li enn sans’’ mais je me rendais presque tout le temps compte que les gens, au final, n’en valaient pas la peine.»

 

À la base de son équilibre aujourd’hui, Manon Sockalingum évoque le rôle qu’ont joué ses parents : sa mère Yanamba, 80 ans, et son père Goindarajoo, décédé à l’âge de 77 ans. «Je suis originaire de Sainte-Croix. Je suis issu d’une famille de trois garçons et neuf filles, et je suis le benjamin. J’ai eu la chance d’avoir des parents et des proches qui ont toujours cru en moi et qui m’ont toujours épaulé.» Marié à Hema et papa de trois filles – Emmie, 15 ans, Ennia, 13 ans, et Eliana, 4 ans –, ce passionné de sport, qui adore le tabla et qui en joue, reste toujours fidèle à lui-même, c'est-à-dire pointilleux et très exigeant : «À la maison, comme au boulot, j’aime que les choses soient bien faites et avec rapidité. Mon épouse Hema me comprend. Cela fait aujourd’hui 18 ans que nous sommes mariés. Elle m’a souvent reproché de trop ramener du boulot à la maison mais avec le temps, elle a fini par comprendre. C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à couper. Même quand je voyage et que je suis en vacances.»

 

Et comme il s’agit de ses deux amours, pour lui, ce n’est que du bonheur !