• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Manda Boolell : Ma nouvelle mission

Elle pose aux côtés de son époux Vinod lors de la cérémonie où elle a été faite présidente du Rotary Club de Curepipe, à l’hôtel Hilton, le 29 juin.

Cette ex-professionnelle du monde de l’audiovisuel, que les Mauriciens ont connue à travers la MBC, évolue aujourd’hui sous d’autres sphères. Et elle a fait du social son cheval de bataille…
 

«Je suis souvent en retard (rires). Et hélas, je ne travaille pas beaucoup pour améliorer cela.» C’est ainsi que Manda Boolell nous évoque son petit défaut, du moins celui qu’on lui reproche le plus souvent, lorsque nous la rencontrons ce mercredi après-midi chez elle, à Curepipe. Une heure après le rendez-vous initial, son agenda chargé oblige. «J’ai beaucoup de réunions en ce moment», lâche celle qui vient d’être nommée première femme présidente du Rotary Club de Curepipe. C’est avec deux de ses chiens, Bono et Gucci, et aux côtés de son époux Vinod, qu’elle nous accueille. Dans un décor fait «de ses souvenirs africains», elle nous parle de ce qu’elle appelle sa nouvelle mission. Une nouvelle corde qu’elle ajoute à son arc déjà bien garni.

 

Difficile pour cette grande figure de l’audiovisuel à Maurice, qu’on ne présente plus de par sa longue carrière, de ne pas parler de l’événement du moment, les Jeux des îles, qui ont monopolisé l’attention de tout le monde ces dix derniers jours. «J’ai particulièrement suivi le foot et l’athlétisme, précise notre interlocutrice. Nous avons de jeunes athlètes à Maurice qui forcent notre admiration. Ces jeux interpellent. Pour moi, ça a été un moment où toute l’île Maurice s’est retrouvée et a vibré ensemble. On s’est tous retrouvés avec beaucoup de fierté autour de notre drapeau.» 

 

Cet événement lui rappelle forcément la partie de sa vie où elle évoluait au cœur de l’actualité, alors qu’elle travaillait à la MBC. Une période de son existence qui a une «énorme place» dans son cœur. «Si je devais jeter un regard sur mon parcours, je dirais qu'il y a eu beaucoup de travail mais aussi une partie de chance», se remémore-t-elle. Durant cette «très belle période» de sa vie, elle s'est construite à force d'audace et de détermination. Si un coup de téléphone la ramène à ses nouvelles fonctions, c'est sans grande difficulté qu'elle remonte le fil de sa mémoire pour se replonger dans ses jeunes années. «Après mes études, j'ai exercé comme enseignante. Puis, j'ai appris qu'on cherchait une productrice à la MBC. Je suis bien tombée. Il a fallu passer par une application. Puis, il y a eu l'étape de l'interview devant un board. Et j'ai fait des tests où ma voix  et ma personnalité étaient évaluées. Je suis passée par plusieurs étapes et il y avait d'autres postulants, notamment Marie-Josée Baudot. J'ai eu la chance de tomber sur cette offre d'emploi. Cela m'avait vraiment interpellée. Je me souviens m'être dit : pourquoi pas ? Le journalisme était une voie intéressante et travailler à la télévision et à la radio était quelque chose de nouveau pour l'époque.»

 

Il y a eu de la volonté, de l'effort mais surtout de l'amour : celui de vouloir explorer de nouveaux horizons. «J'ai fait un peu de freelance en 1967 mais je suis rentrée officiellement à la MBC en 1968. C'était un peu les débuts de la radio et de la télévision. C'est à l'intérieur de cette instance que je me suis forgée. Il y avait énormément de formations.» Impossible pour elle de ne pas se souvenir de ceux qui ont été, pour elle, comme des modèles : «J'avais des mentors comme Luc Legris qui était toujours là pour nous conseiller et nous dire ce qu'on faisait de bien et de moins bien.»

 

Touchant à tout ou presque, Manda Boolell a mené tout un parcours au sein de la station nationale de télévision. Un pan de sa vie qu'elle chérit et qui la rend fière, tant elle s'est nourrie, au fil des années, de découvertes et d'apprentissage. «J'ai fait plus de 20 ans à la MBC, confie-t-elle. Ce que j'ai le plus aimé au fil des années, ce sont les directs. C'était galvanisant dans le sens où, malgré la préparation, il fallait toujours faire face à un imprévu. Il fallait être prêt à parer à toute éventualité. Puis, il y avait la passion. On ne peut rien faire sans passion, sans être heureux, sans avoir de la patience et aimer les gens. Quand on travaille à la radio et à la télévision, on s'invite chez les gens. Il faut toujours avoir en tête qu'il y a quelqu'un derrière qui vous écoute, qui vous regarde. Et moi, je carburais à l'amour que j'avais pour mon métier.»

 

D'expérience en expérience

 

Une parenthèse professionnelle chargée de nostalgie et d'émotions, et qui, en 1992, a pris une nouvelle dimension. «J'ai quitté la MBC en 1992 avec le sens du devoir accompli et j'ai atterri au British Council. J'y ai retrouvé un autre monde. J'ai découvert la culture britannique dans son intégralité. Je faisais le lien avec les médias et je m'occupais de tout ce qui touchait à la culture.»

 

D'expérience en expérience, elle poursuit aujourd'hui son chemin et sa mission sociale au sein du Rotary Club de Curepipe. «Il y a cinq ans, j’étais la première femme à rejoindre le Rotary Club de Curepipe. Mon mari Vinod avait été président en 1999. Si j'ai rejoint le club, ce n'est nullement pour suivre les pas de mon époux parce que je suis trop féministe pour cela. J'ai embarqué dans cette aventure parce que je le voulais. Je suis dans le social depuis que je suis à l’école.» 

 

Ce goût qu'elle a pour les autres, Manda Boolell dit l'avoir eu grâce aux enseignements qu'elle a eus dans son enfance. «Ce sont des valeurs que j'ai acquises de ma famille et qui m'ont permis de développer cette passion pour le social. Puis, il y a eu les enseignants du collège Lorette de Port-Louis, où j'étais étudiante, qui m'ont inculqué cette fibre sociale. C'est resté ancré dans mon ADN. Depuis, je continue. Il y a eu les études, tout un parcours après, mais il y a toujours eu ce petit quelque chose qui m'a toujours rappelée et poussée à me mettre au service de l'autre.»

 

Celle qui a été la première femme présidente du MACOSS a aujourd'hui des projets plein la tête. «Parmi mes missions, j'ai à cœur le jardin botanique de Curepipe. C'est un lieu magnifique que les gens, selon moi, connaissent peu. Souvent, quand quelqu'un visite un jardin botanique, il a envie de savoir comment s'appelle tel ou tel arbre, depuis quand il est là, pourquoi il est là, si c'est une plante endémique ou pas.… On voudrait donc mettre un nom sur tous les arbres qui s'y trouvent mais il faudrait d'abord qu'on discute avec les autorités. On veut aussi s'assurer que l'action va durer dans le temps.»

 

Elle compte aussi faire de l'éducation son cheval de bataille : «Je crois que c'est par l'éducation que l'on peut aller au-delà de soi-même. L'éducation, ce n'est pas simplement apprendre et avoir des résultats brillants. C'est aussi se développer, apprendre à se connaître, à voir ce qu'il y a autour de soi.» Et c'est avec des enfants qu'elle voudrait commencer : «Nous sommes encore au stade des discussions et nous envisageons d'aller à la rencontre du ministère de l'Éducation, entre autres. Nous voulons identifier des enfants qui vont à l'école, dans la région de Curepipe, sans manger. On souhaiterait ainsi offrir des petits déjeuners qui permettraient à ces enfants d'apprendre avec le ventre un peu plein. C'est un de nos projets-phares. On va commencer dans une école. Dans tout ce que je fais et que je compte faire, je n'oublie jamais que la devise du Rotary, c'est servir d'abord.»

 

Voilà pour les activités qui occupent ses journées. Pour le reste, Manda Boolell, maman de Vikash et Shakira, «deux très bons enfants», peut compter sur quelques petits plaisirs simples de la vie. «Je peux compter sur mes amis, ma famille ou encore mes sœurs. Je lis aussi beaucoup, je regarde la télé, j’écoute beaucoup la radio, je sors. En ce moment, je lis l’ouvrage de Leclézio sur ses causeries en Chine parce que j’aime beaucoup cet auteur. Je trouve qu’il fait partie de toute l’anthologie de Maurice et comme je peux lire deux livres en même temps, je suis aussi en train de lire celui de Nicolas Sarkozy, Passions. Je voulais savoir ce qui se cachait derrière l’homme politique.»

 

Si elle est aujourd'hui heureuse, c'est parce qu'elle a fait tout ce qu'elle a toujours voulu faire, sans s'attarder sur les regrets : «Je suis une personne très positive. Quand il se passe quelque chose, j’oublie, je passe dessus et je me dis que je vais m’améliorer et avancer.» C’est comme ça qu’elle a toujours fait et c’est comme ça qu’elle va continuer à faire…