Des tenues aériennes et qui invitent à l’évasion. Cette styliste, qui a eu un coup de foudre pour notre île, parle de sa vision fashion…
Des créations qui fleurent bon l’originalité, l’audace et l’innovation. Et derrière : un visage… Celui d’Anna Tereshkova Lagaillard. D’abord, une petite présentation s’impose. «I am a Russian woman with the Mauritian spirit. Je suis créatrice de mode, conceptrice et directrice de mon propre défilé de mode cosplay, et je suis également productrice de clips vidéos.» Et, sa passion oblige, la mode vient très vite au-devant de la conversation. «Depuis l’adolescence, j’ai toujours aimé les vêtements à la mode», explique-t-elle. «Mais comme ma famille n’était pas riche, j’ai d’abord appris à coudre avec ma mère, puis toute seule. Quand je suis arrivée à Maurice, j’étais déjà une couturière expérimentée et j’ai très vite pu ouvrir mon atelier. En faisant des vêtements pour les clients, je me suis rendu compte que je pouvais faire mes propres créations. Finalement, je suis arrivée à ma première collection : les robes de soirée confectionnées en jute… Oui ! J’aime faire dans l’extravagance ! Beaucoup de gens me demandent comment je trouve l’inspiration pour mes créations. Mais c’est tellement facile ! La nature tropicale de Maurice, ce mélange de nations, de religions et de cultures, ces parfums d’épices orientales et la musique des ravann sont de vraies sources d’inspiration.»
D’expérience en expérience, Anna se voit offrir des opportunités qui lui permettent alors d’exploiter son talent : «C’est à travers un ami de Moscou que j’ai entendu parler du festival international de la culture africaine, Mama Africa. Avec l’aide de l’ambassadeur de Russie à Maurice, je me suis proposée, auprès de l’ambassade de Maurice à Moscou, de représenter le pays avec ma collection africaine. Et ce fut un réel succès ! La présentation s’est tellement bien passée que l’ambassade de Maurice a reçu une invitation à participer à différents événements culturels comme le Day of Mauritian Culture à la Moscow Library of Foreign Literature et à l’African Club of Moscow Institute of Foreign Affairs.»
Sa dernière collection a une signification très particulière pour elle. «J’ai eu l’idée de créer des tenues de style africain après avoir visionné le célèbre film Black Panther», avoue-t-elle. «Je suis tombée amoureuse des imprimés africains colorés. Mais comme je l’ai déjà dit, Maurice est dans mon cœur pour toujours ! C’est pourquoi, j’essaie de refléter le mélange culturel mauricien dans cette collection d’inspiration africaine. Le tissu vient du Ghana et la touche orientale rappelle l’influence indienne.»
Tout plein de projets
Des projets, elle en a tout plein : «Je pense que ce n’est un secret pour personne que l’industrie textile est sur le point de mourir à Maurice. Nous avons encore ici le Fashion & Design Institute et des facultés de stylisme dans quelques universités, ce qui nous fournit des dizaines et des dizaines de spécialistes chaque année. Mais où travaillent tous ces gens ? Que font-ils ? Avec tout mon respect pour mes collègues, il n’y a pas d’industrie de la mode à Maurice et c’est très triste. Je pense que nous avons des créateurs de mode talentueux dans l’île mais la plupart d’entre eux ne sont pas à la hauteur de la demande et n’ont pas la possibilité d’exprimer leurs talents. Et cela se passe dans le pays le plus développé de la région africaine et qui est doté d’une immense zone offshore, avec de bonnes infrastructures et un bon système bancaire.» Son avis est que Maurice a toutes les facilités pour devenir un centre de l’industrie africaine de la mode !
C’est suite à l’aventure qu’elle a vécue à Moscou que des suggestions lui ont été faites : «Après ma représentation à Moscou, des marques espagnoles et russes ont proposé de créer une plateforme culturelle pour la promotion des designers mauriciens à l’étranger. Le WorldVision Fashion Show est une excellente occasion pour les talents mauriciens de se faire connaître sur le marché européen. Le premier événement de ce concept international sera le World Guinness Record Fashion Show, le 8 février, à Madrid, et c’est censé représenter le plus grand nombre de pays avec plus de 450 modèles sur le podium. Je pense que le gouvernement mauricien, de par le ministère des Arts et du patrimoine culturel, devrait soutenir nos talentueux designers mauriciens et les aider à progresser sur la scène internationale. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons réanimer notre industrie textile.»
En attendant, Anna Tereshkova Lagaillard présente sa collection et invite qui le veut à découvrir sa conception de la mode.