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Krish Goorye : le tatoueur qui a du… «peau» !

Il invite qui le veut à découvrir son petit monde sur son compte Instagram : krish_tattooartist.

Il devait devenir Lecturer après ses études mais a choisi d’explorer une autre voie. Se rêvant en tatoueur, il se donne à fond dans ce qu’il appelle le tatouage réaliste. Zoom sur un jeune talent à suivre.

Il a de la chance, dit-il, de pouvoir vivre de sa passion. De mettre son talent au service de l’art et de tous ceux qui viennent frapper à sa porte pour réaliser leur rêve de… tatouage. Car c’est le nouvel accessoire par excellence. Un peu comme un bijou, un symbole, pour marquer la peau d’une personne qui, à travers cette représentation, vient mettre en avant un bout de  vie.

 

«Quand je tatoue quelqu’un, j’essaie d’abord de raconter une histoire : un parcours, une personnalité», confie Krish Goorye que nous rencontrons sur son lieu de travail chez Patrick Tattoo Studio à Grand-Baie. L’homme est concentré. Avec attention, il écoute son client, l’analyse, l’observe. C’est dans ce temps d’échange qu’il arrive à cerner celui ou celle qui fait appel à lui. Car la démarche derrière l’envie de se faire tatouer va au-delà du simple fait de suivre la tendance ou d’être à la mode. «Il s’agit d’une démarche personnelle qui ne doit absolument pas être prise à la légère. Il faut que ce moment et cet acte soient vraiment réfléchis et surtout que ça symbolise et marque quelque chose.»

 

Classé en 2015

 

Ce jour-là, Krish Goorye a affaire à Fabrice, jeune coiffeur dont la vie tourne autour de son métier. «Il m’a expliqué son parcours. Il est venu avec une idée de tatouage mais après l’avoir écouté, je lui ai proposé de tenter autre chose. Pourquoi ne pas aller au bout de son désir de se faire tatouer en rendant ce geste unique et en faisant de son tatouage une œuvre unique ? Je lui ai ainsi proposé un tatouage par rapport à sa personnalité et qui représentera ce qu’il est et ce qu’il fait. Il a accepté», poursuit le jeune homme de 23 ans, habitant Pointe-aux-Canonniers.

 

Cet étudiant en troisième année à l’École des Beaux-Arts (MGI), pour un Bachelor en Fine Arts, pensait dans un premier temps devenir enseignant dans son domaine de prédilection. Mais il y a deux ans, il a finalement choisi de se tourner vers cet univers où l’art s’exprime sur la peau : «J’ai toujours aimé m’exprimer à travers des dessins. D’ailleurs, j’étais classé dans la filière Art en HSC pour la cuvée 2015.» Puis, sa rencontre avec Patrick Ricco de Patrick Tattoo Studio a tout chamboulé. Depuis, pas un jour ne passe sans que le jeune homme mette à contribution sa sensibilité et les techniques diverses qu’il a appris à développer au fil des années. Cela, bien sûr, après une étape d’apprentissage, de formation et de mise à niveau.

 

En cet après-midi, il propose «le tatouage réaliste» à son jeune client Fabrice. «Au fil de nos échanges, on s’est dit, pourquoi ne pas travailler à partir d’objets le représentant et pourquoi ne pas travailler sur un set-up qu’on aura nous-même mis sur pied. J’ai alors regroupé une tondeuse, des ciseaux, un blaireau de rasage avec de la mousse à raser, entre autres objets de son quotidien. Je me suis dit que c’était une façon d’être original», explique Krish.

 

Rigueur

 

Le jeune homme a plusieurs cordes à son arc : Graphic Designer, artiste peintre, illustrateur digital works ou encore «pyrograveur» : «Pour travailler, j’utilise davantage des photographies que des dessins. C’est pour cela que je collabore souvent avec des photographes à qui j’achète des photos.»

 

Mais pour le tatouage de Fabrice, c’est Krish lui-même qui a fait sa photo. «J’ai installé les équipements de Fabrice et j’ai fait des photos avec différentes prises de vue. Par la suite, j’ai visionné les photos, fait une sélection en les plaçant sur un programme utilisé particulièrement par les photographes pour avoir le plus de détails possible afin d’avoir un tatouage réaliste», explique Krish, très rigoureux et minutieux dans sa façon de faire. «J’ai réalisé par la suite un crop and paste. Je prends l’image et je la pose sur la partie du corps qui sera tatouée à ce stade en format virtuel pour avoir un avant-goût de comment sera le tatouage une fois terminé. C’est aussi une façon de rassurer la personne qui sera tatouée. Elle peut alors, à cette étape, dire si elle aime ou pas et quoi améliorer ou changer ou encore ce qu’il manque ou pas.»

 

La suite, on la découvre après huit ou dix heures de travail lorsque Krish a fini son… tableau : «C’est exactement un peu comme travailler sur un canvas, sauf que, dans mon cas, il s’agit de peau.» À l’aise dans tous les styles de tatouage – polynésien, géométrique, portrait, old school ou new school, pour ne citer que quelques possibilités de tatouage parmi tant d’autres –, Krish, dont le cœur bat plus pour ce qu’il appelle le conceptional tattoo, est toujours armé de sa tablette et de son ordinateur. Ceux-ci l’accompagnent lorsqu’il tatoue ceux qui font appel à lui, qui rythment aujourd’hui les jours de sa vie professionnelle et qui lui font dire qu’il a du pot… de vivre de sa passion !