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Barbara Jhuboo : «C’est OK qu’une part de nous ressente un sentiment de joie malgré le contexte ambiant»

«Nous pouvons être partagés entre divers sentiments qui co-existent en nous : l’excitation de préparer les fêtes, le soulagement d’être en bonne santé, le plaisir de profiter de la période estivale mais aussi la peur du virus pour nous et nos proches», dit Barbara Jhuboo.

En ces temps difficiles où les mauvaises nouvelles liées à la crise sanitaire affluent, de nombreux Mauriciens se retrouvent à faire face à un tourbillon de sentiments. Comment gérer ce qu’on ressent à l’approche des fêtes ? Barbara Jhuboo, coordinatrice et formatrice au sein d’Action for Integral Human Development (AIHD), nous donne des pistes...

Les sentiments et le contexte sanitaire actuel : «À quelques jours de Noël, notre quotidien reste bouleversé par la pandémie de coronavirus : écoles fermées, annonces de contaminations et de décès, renforcement des consignes sanitaires, voyages incertains ou compromis, situation économique morose ; les fêtes de fin d’année 2021 s’annoncent particulières. Nous pouvons être partagés entre divers sentiments qui coexistent en nous : l’excitation de préparer les fêtes, l’impatience d’être en vacances et de se retrouver avec nos proches, le soulagement d’être en bonne santé, le plaisir de profiter de la période estivale pour marcher sur la plage et nager mais aussi la peur du virus pour nous et nos proches, l’agacement par rapport au port du masque, la grande souffrance de la perte d’un être cher, le sentiment d’impuissance face à la situation, la culpabilité de ne pouvoir offrir un cadeau de Noël à nos proches, l’inquiétude pour l’avenir ou même le découragement de ne pas pouvoir fêter la fin de l’année avec ceux et celles que nous aimons.»

 

Comment faire face à ces différents sentiments : «Accueillir, identifier, exprimer et gérer nos sentiments sont des forces essentielles et des compétences que nous pouvons travailler.»

 

Reconnaître :  «Qu’est-ce qui se passe dans mon corps ? Je reconnais en moi la présence d’un sentiment : un courant, une énergie. Il s’agit d’être à l’écoute de soi et de nos signaux corporels qui annoncent ou indiquent la présence de nos sentiments. Par exemple : la colère n’engendre pas les mêmes sensations physiques que la tristesse ou l’anxiété.»

 

Accueillir et Identifier : «Est-ce la colère, la peur, la tristesse, la joie ? De quelles manières se manifeste-t-il/elle en moi : par des réactions physiques/physiologiques ? Par des comportements ? Il faut être à l’écoute de nos sentiments car ils nous renseignent sur nos besoins, nos valeurs et nos perceptions. Nos sentiments nous permettent de prendre des décisions, de mieux nous connaître et savoir ce que nous souhaitons et ce dont nous avons besoin. Par exemple : j’accueille le sentiment de tristesse de ne pas être en mesure d’offrir à mon fils le jeu qu’il a demandé pour Noël.»

 

Accepter : «Il n’y a pas de bons ou de mauvais sentiments ! Pas de sentiments négatifs ni positifs. C’est plus ou moins agréable mais c’est ce qui est présent en moi en ce moment et c’est donc ma vérité et je me donne le droit de le ressentir. C’est ok qu’il soit là ! Accepter est différent d’approuver ou d’apprécier, c’est plutôt tenir compte de ce sentiment, de sa présence et l’assumer. Mon sentiment m’appartient, j’en suis responsable. Des faits sont le déclencheur mais personne/rien d’autre que moi n’en est responsable. Par exemple, plutôt que d’ignorer mon anxiété à l’idée d’être confronté à beaucoup de monde et au virus lors de mes courses de Noël, je peux le reconnaître, ce qui me permet ainsi d’agir en conséquence : ne pas aller dans des lieux fermés, regarder les offres à proximité de chez moi pour éviter les transports ou fabriquer des cadeaux maison.»

Exprimer : «Nous pensons habituellement à tort que nos proches, nos amis, notre famille, nos conjoints devinent ou devraient savoir/comprendre ce que l’on ressent, ce dont on a besoin. Or, c’est notre responsabilité d’exprimer nos sentiments et ce dont on a besoin. Les bénéfices à exprimer nos sentiments sont nombreux. L’expression verbale d’un sentiment de manière à améliorer la communication est souvent suffisante pour en diminuer l’intensité. Le docteur Dan Siegel est l’auteur de l’expression “nommer pour apprivoiser”. “Au bout de 90 secondes, une émotion que vous ne réfrénez pas commence à se transformer toute seule. S’accrocher à une émotion par peur ou, au contraire, essayer de l’éviter contribue seulement à prolonger son intensité et génère la souffrance.” (Siegel, 2018, pp 230) Mettre son vécu en mots pour le raconter à un autre allume l’aire cingulaire du cerveau – la zone des émotions –, stimulant la partie postérieure de cette aire, provoquant un soulagement (Cyrulnik, 2006). Et selon le psychologue David Rock, “lorsque vous ressentez une tension interne et une anxiété importante, vous pouvez réduire le stress jusqu’à 50 % en remarquant simplement votre état et en le nommant”.»

 

De la bienveillance envers nos sentiments : «C’est OK qu’une part de nous ressente un sentiment de joie malgré le contexte ambiant et il est d’ailleurs aussi possible de travailler sur nos petites joies (ex : le plaisir d’un café le matin, marcher dans l’eau, sentir le vent sur notre visage, regarder le soleil se coucher…), ce qui va nous permettre par la suite de faire un pas vers l’autre et d’avoir des ressources pour être plus tolérant et empathique. Écouter, accueillir et verbaliser ce que nous ressentons, nous permet de mieux vivre avec nous-même et avec les autres… Tout un programme à mettre en pratique pour la période des fêtes.»

 

Une campagne pour soulager, soutenir, sensibiliser et outiller la population

 

La pandémie de Covid-19 a des impacts sur la santé mentale de tous.tes. Stress, dépression, anxiété, pensées/comportements suicidaires, épuisement moral, problèmes de sommeil sont ainsi accrus depuis 2020. Comme le bien-être émotionnel, social et psychologique de tous.tes nous est précieux, Action for Integral Human Development (AIHD), compagnie privée du Diocèse de Port-Louis, a lancé une campagne sur la santé mentale, pour soulager, soutenir, sensibiliser et outiller la population. Pour prendre rendez-vous avec un.e professionnel.le en psychologie/de l’écoute :  5450 8888. Plus d’informations sur le site Web : aihd.mu.

 


Bio express : Barbara Jhuboo est coordinatrice et formatrice au sein d’Action for Integral Human Development (AIHD) et des programmes Skills for life. Elle est aussi facilitatrice en Discipline Positive Class et formatrice de la Gordon P.E.T. (Parent Effectiveness Training). Elle a une formation en ACP (Approche centrée sur la personne) cycle 1.