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Ameera Bhugeloo : à la poursuite de mon rêve

La jeune femme raconte ses aventures culinaires et nous présente son petit monde gourmand et plein de saveurs.

«La connaissance n’est rien si elle n’est pas partagée, d’où l’ambition d’intégrer l’enseignement afin de ramener un bout de la gastronomie française dans mon pays», confie la jeune femme pleine de promesses. La fraîcheur de Maurice chevillée au corps et du soleil dans le sourire, cette fille de médecin a choisi de faire de la cuisine sa profession. C’est en France qu’elle se construit au fil des découvertes et des aventures. Elle nous raconte son parcours...

En quelques mots : «Je suis Ameera Bhugeloo, j’ai 26 ans et j’ai eu la chance de grandir à Rose-Hill. Aujourd’hui, je vis en France ! Après avoir vécu pendant deux ans à Lyon, je suis arrivée à Paris à la poursuite de mon plus grand rêve : travailler pour les plus grands chefs de la gastronomie française afin de partager tout le savoir acquis dans mon pays, mo tizil Moris !»

 

La cuisine, une évidence : «La cuisine est importante pour moi depuis l’enfance. Pour cela, je remercie énormément mon papa, le Dr Ameeruddin Nooruddin Bhugeloo, qui a fait naître cette passion en moi. Très souvent, durant mes belles années d’enfance, mon père et moi faisions de la pâtisserie à la maison... Les années bonheur. Par la suite, j’ai eu la chance de connaître l’hôtel Berjaya car mon père était le médecin de l’établissement. Pendant que lui travaillait, ma mère et moi profitions de l’hôtel. Depuis, je suis tombée amoureuse de cet univers mais surtout de la cuisine. Je me suis alors dit que la cuisine allait être ma profession. C’est assez magique de travailler dans un univers où notre mission est d’apporter du bonheur aux autres.»

 

Une histoire de cœur : «J’aime absolument tout dans cet univers. Les rencontres sont incroyables. Le monde de la restauration réunit des profils différents, des gens venant d’univers et de pays divers mais animés par une seule passion : créer des émotions. Il y a aussi la pression du service, véritable adrénaline qui nous aide à aller au-delà de nos capacités, à toujours repousser nos limites. J’ai des souvenirs de mes services à Lyon où je réalisais 300 couverts par service, tout en respectant les exigences requises. La cuisine évolue et est présente au coeur de chaque événement de la vie. Aujourd’hui, nous n’allons pas au restaurant parce que nous avons faim, nous y allons pour vivre une émotion et nous avons la possibilité de créer cela. Il y a aussi le voyage ! Bien évidemment, l’universalité de notre métier nous permet de travailler à l’étranger. En plus de la découverte des nouvelles techniques et des nouvelles saveurs associées à notre richesse gastronomique. Cet univers est sans aucune limite.»

 

De Maurice à… «Mon parcours en cuisine a commencé depuis que je suis au collège. J’ai étudié la matière Food Studies de la Form IV au Higher School Certificate au sein de l’école Belle Rose SSS dans le but absolu d’intégrer une cuisine professionnelle après le secondaire. Pour réaliser cet objectif, j’ai décidé d’intégrer l’Institut Vatel pour la qualité et la structure des cours disposés. Notre métier se passe beaucoup plus sur le terrain que dans une salle de classe et Vatel respecte tout ce qui est requis pour développer au maximum les compétences pratiques des étudiants. J’ai encore les souvenirs de mes débuts dans les cuisines du Radisson Blu, à Roches-Noires. Après seulement deux semaines d’école.»

 

D’aventure en aventure : «L’institut nous permet d’axer nos choix vers d’autres établissements de prestige à Maurice ; j’ai donc choisi l’hôtel Paradis Beachcomber où j’ai fait l’acquisition de plus de rigueur et de techniques avant de prendre mon envol pour une première expérience internationale aux Émirats Arabes Unis. À 21 ans, j’intégrais les cuisines du World’s Best Desert Resort, le Bab Al Shams, dirigé par le chef Pascal Jansen. Cette ouverture favorise un élargissement des connaissances et des compétences afin de ne jamais cesser d’évoluer. À mon retour, les valises pleines de nouvelles idées, j’ai intégré le Groupe Constance, au Belle Mare Plage, définitivement la meilleure institution culinaire de Maurice. Mes alternances aux côtés des chefs Frédéric Goisset, Rajesh Payandee et Harrish Mungur m’ont permis de participer au Festival Culinaire Bernard Loiseau à deux reprises. J’ai ensuite décroché mon premier contrat dans la cuisine gastronomique de l’hôtel le Blue Penny Cellar. Vivant cette passion à fond, je sentais qu’il me fallait voir de nouveaux horizons ; Dubaï m’avait beaucoup apporté et je voulais explorer de nouvelles saveurs. La France, connue comme le paradis de la gastronomie, m’a tout de suite séduite.»

 

Paris, mon amour : «En 2017, le groupe Paul Bocuse était à la recherche de compétences venues des îles afin d’apporter cette culture gastronomique à la carte d’un des restaurants du groupe, le Fond Rose, fleuron du groupe à Lyon, dirigé par le chef Luc Abadie. En 2018, mes démarches ont abouti et j’ai décroché le poste de demi-chef de partie ; ma mission était de gérer le poste froid du restaurant, tout en apportant mes connaissances acquises au chef de cuisine et à l’ensemble de l’équipe. C’était le début de mon aventure culinaire en France. Après avoir travaillé quelques années pour le pape de la gastronomie française qui détient trois étoiles au guide Michelin, j’ai décidé de viser encore plus haut en me rapprochant de Paris et du chef multi-étoilé Yannick Alleno où j’ai le privilège d’être au poste du garde manger.»

 

Des étoiles plein les yeux : «C’est une aventure incroyable d’évoluer auprès des grands chefs. Une remise en question quotidienne est nécessaire mais, surtout, il faut toujours repousser ses limites. La pression est constamment présente dans ma vie et cela m’aide à prendre des décisions plus rapidement, tant sur le plan professionnel que personnel. J’ai fait le choix d’être ici et je l’assume pleinement, malgré les difficultés, notamment la distance, les horaires et toutes les contraintes associées à l’univers de la haute gastronomie. Après tout, quand on est passionnés, tout va tout seul, glise kouma dilo lor bred sonz.»

 

Autour de projets : «Les opportunités en France sont multiples et je compte les exploiter au maximum, ne jamais cesser d’apprendre auprès des plus grands afin de rentrer à Maurice et de démontrer que la femme peut bien avoir sa place dans ce monde très souvent connu pour être masculin. Je veux partager mon parcours avec les filles qui choisissent la même voie que moi par défaut ou par passion et leur dire que ce métier est merveilleux et qu’il ne faut jamais abandonner. Je ne vous cache pas qu’après avoir travaillé pour les chefs étoilés, l’envie de créer ma propre structure à Maurice devient de plus en plus une obsession. Puis, la connaissance n’est rien si elle n’est pas partagée, d’où l’ambition d’intégrer l’enseignement afin de ramener un bout de la gastronomie française dans
mon pays.»