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Portrait - Doushka Gopaloodoo : L’haltérophilie n’est pas qu’une affaire d’hommes

La jeune sportive a remporté des médailles à chacune de ses sorties internationales.

La Mauricienne a décroché une médaille d’or et une d’argent au début du mois, à l’occasion des Championnats d’Afrique de la Zone 3 à Madagascar. Elle fait partie de la jeune génération d’haltérophiles qui symbolise la relève de la discipline.

Les apparences sont trompeuses. C’est le cas de le dire pour Doushka Gopaloodoo. Derrière son physique un peu mince, on ne dira pas que la jeune femme de 19 ans pratique un sport qui exige force et puissance.

 

Doushka Gopaloodoo est, pourtant, une leveuse de fonte pure et dure qui fait partie de l’équipe nationale de Maurice. La Mauricienne figure parmi ces jeunes athlètes qui constituent la relève et qui montrent le bout du nez.

 

Quand nous lui avons demandé comment elle arrive à soulever des poids aussi lourds malgré son gabarit, la réponse nous a surpris. D’une voix claire et posée elle nous répond en toute franchise.

 

«L’haltérophilie n’est pas uniquement un sport physique comme beaucoup le pensent. Le mental joue aussi un très grand rôle, et il y a aussi de la maîtrise de la technique. Quand je dis que je suis une haltérophile, les gens pensent que je plaisante. Cependant, ils sont étonnés quand je leur montre ce que je fais. Beaucoup trouvent qu’avec mon physique on ne peut pas faire ce sport. Et pourtant ce n’est pas le cas. La force mentale a un rôle important. Si nous ne sommes pas forts mentalement alors nous n’y arrivons pas. Prenez Ketty Lent par exemple, elle n’a pas une forte corpulence, et, pourtant, elle fait des performances incroyables», souligne Doushka Gopaloodoo. 

 

Un moment très intense

 

Etudiante en Higher School Certificate (elle attend actuellement les résultats des dernièrs examens), cette habitante de Phoenix se fait remarquer à chacune de ses sorties internationales. Dernièrement, elle a participé aux Championnats d’Afrique de la zone 3 qui se sont déroulés à Madagascar, du 6 au 10 novembre. Elle a décroché une médaille d’or en junior, et une d’argent en senior. Elle est créditée d’une performance de 50 kg à l’arraché, 60 kg à l’épaulé-jeté et 110 kg au total olympique dans la catégorie des 59 kg.

 

Un résultat honorable pour la jeune fille, surtout après une année 2019 chargée en événements. Doushka Gopaloodoo était dans la sélection mauricienne qui a pris part aux Jeux des îles de l’océan Indien à Maurice, en juillet dernier. Elle a récolté trois médailles de bronze en 64kg avec une prestation de 51kg à l’arraché, 68kg à l’épaulé-jeté et 119kg au total olympique. Sa meilleure performance de la saison. En même temps, elle devait pendre part aux examens du HSC qui allaient suivre juste après. La Mauricienne reconnaît que le timing des deux événements n’a certainement pas rendu les choses faciles, mais, avec une bonne organisation elle a réussi à se consacrer à fond dans ses deux objectifs. 

 

«C’était un moment très intense à vivre, car il y a la préparation où nous devons être à fond dans les entraînements puis les Jeux et parallèlement il y a les études. Il fallait pouvoir gérer toutes ces choses en même temps. A un moment, j’ai dû me focaliser, entièrement, sur les JIOI, mais, après, j’ai dû travailler très fort afin de me rattraper au niveau des études», commente la jeune femme. 

 

Pour la compétition à Madagascar, Doushka Gopaloodoo se dit satisfaite du résultat, même si elle voulait faire encore mieux. Elle concède qu’elle n’a pas été en mesure de tout donner, vu  qu’elle s’est évanouie durant la compétition, mais ajoutera que cette sortie lui aura permis d’apprendre un peu plus sur elle-même.

 

«Nous apprenons de nos erreurs, et ce déplacement, qui est la troisième compétition de haut niveau de ma carrière, m’a permis de me découvrir un peu plus. Il faisait très chaud à Madagascar, et, en voulant bien faire, j’ai eu une poussée d’adrénaline. J’avais déjà épaulé la barre à 69kg, et il me restait un dernier effort à faire mais j’ai exigé un peu trop de moi-même et je suis tombée. En revenant à moi, j’ai compris ce qui n’a pas marché. Ce faux pas va me servir pour mes prochaines compétition», souligne la jeune femme.

 

Passionnée de sport depuis toute petite, Doushka Gopaloodoo a vu sa carrière en l’haltérophilie prendre de l’essor un peu tard. Elle s’est tout d’abord essayée au badminton, au karaté et à la natation. Puis elle découvre l’haltérophilie par l’entremise de son mentor Ravi Bhollah, lors des National Youth Games en 2016. Après deux semaines de formation sous la férule de l’ex-athlète, elle décroche l’or et le titre de meilleur espoir féminin. «Les débuts étaient assez ‘challenging’ et j’ai été surprise par mes résultats. Mon objectif était de participer sans pour autant viser le podium. Mais ma prestation m’a donné envie de continuer», révèle la leveuse. 

 

Les études obligent, l’étudiante doit pendant un certain temps mettre de côté sa passion pour ce sport et se focaliser sur les examens de la Form V. Elle y revient peu après, afin de poursuivre son apprentissage sous la supervision de Ravi Bhollah.

 

Soutien

 

Sans pour autant savoir ce que lui réserve ce sport pour l’avenir, Doushka Gopaloodoo aura un déclic en 2018. Elle remporte trois médailles de bronze aux Championnats d’Afrique qui se déroulent à Maurice. Ce podium va inciter l’athlète à se donner à fond dans sa carrière.

 

«Au début, j’avais peur des blessures mais les Championnats d’Afrique m’ont permis de prendre confiance en moi et me motiver à aller encore plus loin. A partir de là je me suis donnée à fond dans les entraînements», avoue Doushka Gopaloodoo.

 

Fille unique, elle avance que sa famille l’a toujours soutenue dans ce choix. «Ma mère ne n’est pas trop inquiétée contrairement à mon père. Il est très protecteur et craignait que je change physiquement, mais aujourd’hui, ça va mieux et je sais que je peux toujours compter sur eux», souligne l’haltérophile.

 

La pratique de ce sport a apporté quelques changements dans la vie de cette jeune athlète. Doushka Gopaloodoo affirme qu’elle elle est beaucoup plus disciplinée dans son quotidien.

 

«Il y a un temps pour se reposer, s’entraîner et étudier. Tout est mieux organisé autour de moi et je suis plus concentrée dans ce que je fais. J’encourage les jeunes, notamment les filles, à essayer ce sport. Ne craignez pas que votre physique change. Bien au contraire, il y a beaucoup à gagner. Même si vous ne souhaitez pas faire du sport de haut niveau, faites – le pour le plaisir, l’haltérophilie va vous apprendre beaucoup de choses sur vous-même et en même temps montrer que les femmes sont tout aussi capables de réaliser les mêmes prouesses que les hommes», souligne-t-elle.

 

La saison 2019 pratiquement terminée, la jeune femme de 19 ans à de grandes ambitions pour le futur. Comme tout sportif, elle souhaite participer aux Jeux olympiques. Elle espère d’abord faire ses preuves sur le continent. Les championnats d’Afrique de 2020 qui reviennent une nouvelle fois à Maurice figurent en tête de ses priorités. Doushka Gopaloodoo espère également être présente aux Jeux du Commonwealth de 2022 à Birmingham, en Angleterre, et par la suite participer aux championnats du monde. Le rêve olympique sera la cerise sur le gâteau.