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Hippisme – entraînement des chevaux : entre appréhensions et contradictions

Dans le giron hippique, ils sont nombreux à estimer que le maintien de l’entraînement est nécessaire afin de prévenir les ennuis de santé chez les coursiers.

Une crise sanitaire sans précédent. Alors que le COVID-19 étend chaque jour un peu plus ses tentacules à travers le monde, semant la mort sur son passage, tous les secteurs d’activité essaient tant bien que mal d’assurer une certaine continuité. Au MTC, il semblerait toutefois qu’ils ne sont pas tous sur la même longueur d’onde.

Le caractère hautement contagieux du nouveau coronavirus demeure une source d’inquiétude de tous les instants pour ceux évoluant dans le microcosme qu’est le turf mauricien. Et encore plus depuis la confirmation des premiers cas positifs à Maurice le 19 mars dernier, qui a entraîné dans son sillage un confinement national, qui s’est muté en un couvre-feu.

 

Ainsi, les palefreniers, jockeys/track riders et employés du Mauritius Turf Club (MTC) s’interrogent sur tout l’aspect sécuritaire de leur travail dans le contexte bien particulier notamment de la Rue Shakespeare, où la promiscuité demeure inévitable avec les différentes écuries placées pratiquement côte à côte. Si personne n’est venu se plaindre officiellement de la situation auprès du MTC, il n’en demeure pas moins que la grogne est bien réelle au sein de ces professionnels de l’industrie hippique, et, ce, malgré les dispositions prises par le Club pour assurer la sécurité de tout un chacun (voir encadré).

 

Il faut dire que la raison principale derrière le maintien de l’entraînement des chevaux demeure le bien-être des coursiers selon les entraîneurs. Car avant que le gouvernement ne décrète le couvre-feu sanitaire, ces derniers étaient pour la plupart déjà au four et au moulin pour parfaire la condition physique de leurs protégés en vue du début de la saison hippique, qui était prévu pour le 28 mars. Ils ont ainsi dû changer leur fusil d’épaule du jour au lendemain, ce qui ne semble pas être une mince affaire.

 

Deux écoles de pensée

 

«Les chevaux de course sont nourris avec des aliments à haute énergie. ’If not properly exercised, they will develop chronic diseases which may lead to a painful death.’ La fièvre, les coliques, les inflammations, la fourbure et autres blessures pour ne citer que quelques ennuis de santé. Il faut savoir que nous devions courir le 28 mars, la plupart des chevaux étaient à l’entraînement complet et à haute intensité», expliquait récemment l’entraîneur Shirish Narang dans un entretien à notre confrère L’Express Turf.

 

Or, il semblerait qu’il existe deux écoles de pensée à ce sujet. Car, si beaucoup d’entraîneurs partagent la philosophie du maintien des séances d’entraînement, ils ne sont toutefois pas unanimes, Ramapatee Gujadhur ayant, lui, adopté une attitude diamétralement opposée à ses confrères. En effet, l’homme fort de la plus vieille écurie du turf a, semble-t-il, décidé de privilégier la santé de ses employés en suspendant l’entraînement de ses chevaux depuis la semaine dernière.

 

A ce titre, il serait bon de signaler qu’Olivier Plaçais, le jockey français titulaire de l’écurie, a reçu l’approbation de son employeur pour rejoindre sa famille dans son pays natal depuis mardi. Cette décision mérite encore plus d’être soulignée dans la mesure où l’écurie Gujadhur avait consenti à un investissement massif durant l’intersaison avec en ligne de mire le championnat cette année. Il ne fait aucun doute que cette décision de Ramapatee Gujadhur a été mûrement réfléchie dans la mesure où il est sans doute celui qui a le plus à perdre en ce faisant.

 

En attendant que la situation s’améliore, c’est business as usual pour les autres écuries, même si nous apprenons que les différentes formations doivent composer avec un personnel restreint, les entraîneurs et assistant-entraîneurs devant même dans certains cas mettre la main à la pâte pour que le travail soit abattu. Dans une telle conjoncture, bien malin celui qui pourra prédire la date du coup d’envoi de la saison.

 


 

Shan Ip Ting Wah (Responsable de la Communication et de l’Evènementiel au MTC) : «Le MTC, un des tous premiers à réagir face au COVID-19»

 

 

Au niveau du MTC, on soutient la démarche des entraîneurs. On dit d’ailleurs prendre la situation actuelle très au sérieux, comme nous l’explique Shan Ip Ting Wah. «Je tiens d’abord à rappeler que le MTC a été un des tous premiers à libérer ses employés considérés comme “non-essentiels” dès la confirmation des trois premiers cas positifs au COVID-19 à Maurice, ce qui démontre à quel point nous avons traité cette situation avec sérieux».

 

«Dès le départ, nous avons réuni les principaux acteurs de l’industrie, à savoir les entraîneurs, les palefreniers et les track riders/jockeys pour discuter de la situation. Le MTC a pris des dispositions pour l’achat de masques, de hand sanitizers ainsi que 2 000 paires de gants. D’ailleurs, nous sommes actuellement en train de multiplier les démarches pour renouveler notre stock», poursuit-il.

 

«Dans notre industrie, nous ne pouvons malheureusement pas tout arrêter car les chevaux étaient déjà arrivés à un stade très avancé au niveau du training en marge du coup d’envoi de la saison. De plus, notre vétérinaire en chef, le Dr Marie Claire Domaingue, nous avait mis en garde par rapport aux problèmes qui pourraient surgir chez les chevaux en raison de l’inactivité. Nous passons par des moments très difficiles et je tiens à remercier de tout coeur tous les palefreniers pour le travail formidable qu’ils sont en train d’abattre».

 

Et les finances du MTC dans tout ça? «Nous sommes bien évidemment touchés de plein fouet. Il serait bon de rappeler que nous n’avons perçu aucun revenu depuis le mois de décembre. Le couvre-feu sanitaire devrait courir jusqu’à la mi-avril, peut-être même au-delà. Et pendant ce temps, il nous faut malgré tout assurer le salaire de nos employés. Certes, le soutien financier du gouvernement nous sera d’un bon apport mais il nous faudra débuter la saison au plus vite. Nous avons sondé quelques entraîneurs et il semblerait qu’il nous faudra patienter encore au moins cinq voire six semaines après la levée de la période de confinement pour espérer démarrer la saison 2020».