L’heure est grave pour le club de la rue Eugène Laurent. D’où la convocation à une Assemblée générale extraordinaire pour tous les membres du Mauritius Turf Club (MTC) le vendredi 3 mars.
A l’agenda de cette rencontre, ni plus ni moins que le sort de la MTC Sports & Leisure Ltd (MTCSL), dont la participation à la saison 2023 se fait de plus en plus incertaine.
«Mais la conclusion la plus évidente aujourd’hui est celle que nous redoutions tous : la mise à mort de la MTCSL.» Le ton de Gavin Glover, président du MTC, se veut des plus alarmistes dans sa dernière correspondance aux membres du club bicentenaire. Car, après plusieurs échanges avec la Côte d’Or International Racecourse & Entertainment Complex (COIREC), la MTCSL est loin d’être satisfaite dans l’attribution de son bail pour l’utilisation du Champ-de-Mars, condition incontournable pour l’obtention de sa licence d’opération délivrée par la Gambling Regulatory Authority (GRA).
En cause, les conditions jugées inacceptables par beaucoup et imposées par la COIREC, dont un cost-sharing agreement avec la People’s Turf PLC (PTP), à qui la COIREC a confié l’entière responsabilité de l’entretien et le maintien de la piste cette année. Les premières prises de contact, tendues, entre les deux organisateurs n’augurent rien de bon, chacun se rejetant la pierre quant à l’aboutissement d’un accord.
Pour le président Glover, il est clair que la MTCSL aura tout le temps été suspendue à la décision de la COIREC, et ce, même si la fameuse demande de renouvellement de son bail avait été effectuée dans les délais impartis, comme requis par cette dernière. Il prend pour preuve la clause 2.5 du nouvel accord, qui stipule, entre autres, que «…the Lessor (NdlR : la COIREC) shall be free to agree or not to such renewal…» Suite à une chronologie des derniers évènements, Gavin Glover est d’avis que le MTC-MTCSL a été livré «pieds et mains liés au bon vouloir de la PTP et de son patron, Jean-Michel Lee Shim, notre concurrent direct.»
Du coup, très peu d’options s’offrent au club bicentenaire, dont les membres seront appelés le 3 mars prochain à «décider compte tenu des circonstances financières, contractuelles et réglementaires de la MTC Sports & Leisure Limited et de la situation actuelle du Mauritius Turf Club, si le Mauritius Turf Club doit continuer de soutenir le MTC Sports & Leisure Limited financièrement pour que le MTC Sports & Leisure Limited organise les courses en 2023», avant de donner l’autorisation aux personnes désignées à mettre en oeuvre la résolution votée.
Valeur du jour, force est de reconnaître que le choix de faire l’impasse sur la saison 2023 s’impose pratiquement de lui-même, car avec des pertes dépassant actuellement la barre des Rs 100 millions, et seulement 18 journées de compétition à organiser, il est quasi-impossible que la MTCSL se refasse une santé d’un point de vue comptable cette année. Le MTC peut-il encore se permettre de soutenir sa filiale, lui qui a déjà consenti à la vente de ses actifs à Floréal pour éponger ses dettes ?
La colère gronde en tout cas auprès des employés du MTC, qui souhaitent que la MTSCL et la PTP puissent trouver un terrain d’entente pour que la MTCSL organise les courses cette année.
Le cas échéant, le MTC n’aura d’autres choix que de se séparer d’une bonne partie de son staff, avec tout le drame humain qui s’ensuivra, avant d’espérer revenir éventuellement plus fort en 2024. Mais un retour est-il pour autant possible si la MTCSL se retire cette année ? Les membres du MTC auront la lourde tâche de trancher le 3 mars prochain.